Dis-moi comment tu prépares Pessa’h et je te dirai qui tu es ! Il y a les ultra-organisées qui dès le lendemain de Pourim dégainent leurs listes et courent acheter 5 litres d’eau de Javel. Les méthodiques qui avancent doucement mais sûrement sans se décourager. Les perfectionnistes qui rendront leur maison vidée de tout ‘Hamets et stérile de tout microbe. Et les “no stress” : qui économisent précieusement toute l'année pour s'offrir un repos bien mérité, all inclusive…

On ne passera pas tous les cas en revue mais ce qui m’impressionne, c’est que même les femmes peu pratiquantes font Pessa’h. Elles s’investissent dans tous les préparatifs : le grand ménage, les courses interminables, sortir la vaisselle poussiéreuse du fin fond de la cave et tutti quanti ! Non mais franchement, je ne comprends pas ! Si je n’étais pas spécialement pratiquante j’aurais opté pour d’autres Mitsvot, sympas et faciles. Nétilat Yadaïm le matin par exemple qui ne prend que 30 secondes ou répondre Amen à une bénédiction. Mais tout sauf Pessa’h !

- “Non mais il n’y a pas de logique là-dedans, me confiait ma collègue Shirel. Pour moi c’est IMPOSSIBLE de ne pas faire Pessa’h ! On a toujours fait Pessa’h !”

Je comprends donc que le reste, ce n’était pas quelque chose d’ancré dans sa maison.

- “C’est comme le lait et la viande, même pas en rêve, je mélange ! Et pourtant je ne mange pas toujours de la viande Cachère à l’extérieur.”

Ça aussi, c’est archi-contraignant quand même : les deux vaisselles, attendre 3h ou 6h pour manger un yaourt, il faut le vouloir ! Mais nos grands-mères et nos mères ont investi dans ces Mitsvot et les ont ancrées en nous. Comment ? En nous les transmettant dès le plus jeune âge, tout simplement.

Aujourd’hui c’est nous qui nous retrouvons, avec ce “super pouvoir” dans les mains. On peut s’en servir dans plusieurs domaines. Dans la transmission des valeurs aussi. Chez nous, par exemple, on met particulièrement l’accent sur le fait de ne pas mentir. Les enfants n’hésiteront donc pas à s'auto-saboter en avouant leurs bêtises car “faute avouée à moitié pardonnée”.

Et sans faire de grands discours, ils s’imprégneront aussi de l’exemple qu’on leur donne. C’est ce que j’essaie de me dire juste avant de me transformer en dragon et de leur hurler dessus pour qu’ils rangent leurs billes que leur petite sœur de 8 mois risque d’avaler !

Il y a aussi certains parents qui s’évertueront à vouloir transmettre leur amour de la médecine à leur enfant artiste ou leur goût de la danse classique à leur fille fan de basket. Ils constateront alors la limite de ce super pouvoir.

Quoiqu’il en soit, le soir du Séder, c’est LE moment de transmission de l’année. On raconte aux enfants la sortie d’Égypte en essayant de rendre ce moment le plus intéressant et attrayant possible. En leur montrant qu’il ne s’agit pas juste d’une histoire lointaine mais en leur faisant ressentir qu’à ce moment-même, nous sortons tous d’Égypte.

Et c’est ce qui nous réunit finalement, les soirs de Pessa’h : les religieux et les moins religieux. C’est qu’on a tous été marqués par ces soirées de fête avec ces souvenirs indélébiles : le plateau qu’on nous tapait sur la tête, les mini-disputes sur les coutumes des uns et des autres, notre moment de gloire pendant « Ma Nichtana » et la course effrénée pour trouver l’Afikomane.

Je méditerai là-dessus pendant mon nettoyage du frigo : comment rendre cette soirée encore plus spéciale cette année. Et comment continuer à transmettre jour après jour notre amour des Mitsvot et notre fierté d’être juifs !