J’en ai marre. Marre, marre.

Cela fait dix ans que je demande quelque chose au Bon D.ieu, et c’est le calme plat. Le silence complet. 

Pas de réponse, une lettre morte ! Que dis-je ? Pas une, mais des milliers ☹

Ce que je finis même par me dire, c’est que Son silence est peut-être en lui-même une réponse, qu’en dites-vous ?

C’est étrange, mais, avec dix ans de recul, le silence, il n’y a rien qui fasse plus réfléchir…

S’emprisonner soi-même ?

Lorsque l’on vit un moment difficile, immédiatement, on se tourne vers Hachem, que L'on imagine malheureusement à ce moment d’une façon inappropriée : Il nous veut du mal, c’est sûr !

Petite - IMMENSE - correction pour commencer : Hachem ne veut QUE le bien pour Ses créatures (Yé’hezkel 18, 32). Il n’y a pas d’exception à cette règle.

Hachem est LE bien par excellence.

Soit. 

Mais s’Il ne veut que notre bien, pourquoi l’exprimer par Son silence ? 

Eh bien, c’est une chose pas évidente à accepter, serons-nous tout de même prêts à l’entendre ? Si nous sommes des personnes matures, nous le pourrons. 

Alors voilà : bien qu’il y ait des exceptions à cette règle, c’est souvent nous qui générons des situations difficiles. Nos manquements les attirent (Rambam sur Talmud Brakhot 5a), et certains choix ou comportements aussi.

C’est en fait un peu comme si nous étions emprisonnés, et que, derrière les barreaux, Hachem n’attendait que nous, avec toutes sortes de bontés et de présents à notre intention. Mais où est la clé de cette fichue prison ?

Cette précieuse clé, nous l’avons « oubliée » par mégarde, dans notre poche…

En réalité, Hachem nous attend, Il n’attend qu’un réveil de notre part, et la meilleure position pour le provoquer en nous, eh bien, c’est Son silence.

Car Son silence nous fait bien souvent réfléchir à nos choix ou comportements, vouloir davantage sortir de notre gouffre, avoir des élans de cœur, ce qui nous incite nécessairement à prier plus, et avec beaucoup plus d’intensité.

Ainsi : Téfila du fond du cœur = on trouve subitement la clé dans notre poche.

Savez-vous pourquoi ? Car la Téfila est LE MOYEN SUPRÊME de prendre conscience que c’est notre comportement qui est à l’origine de notre situation dans ce monde.

Et qui dit prise de conscience, dit changement d’attitude, de comportement.

Or : Changement de comportement = Modification de la donne par Hachem.

La question qui s’impose immédiatement est donc : mais quel changement opérer ??? 

Un Juif se devra toujours de répondre de la même façon : s’attacher davantage à Hachem selon un processus ancestral et éternel, à savoir prier mieux dans son Siddour, et étudier plus scrupuleusement les lois des Mitsvot pour pouvoir mieux les accomplir.

C’est limpide : « En s’éloignant d’Hachem et de Sa Torah, l’homme s’éloigne du Bien. » (Rabbi Moché ‘Haïm Luzzato, Dérekh Hachem).

L’homme propose et Hachem dispose, en fait.

C’est tout le sens de cette merveilleuse Michna : « Accomplis Sa volonté comme s’il s’agissait de tes désirs, Il réalisera ta volonté comme la Sienne ! » (Avot, 2, 4)

Quelques autres pistes de nos Sages sur les prières non encore exaucées

Mentionnons ici un gros bug que nous feignons souvent de voir, au travers d’un exemple tout simple :

Mon enfant me demande, me re-demande, et me supplie même, de lui acheter un iPhone. Je sais bien, au titre d’adulte honnête et responsable, que, au-delà de mon envie immense de lui faire plaisir et de le gâter en tout temps, je vais détruire une partie de son enfance. Moins de tissage de liens durables avec ses amis, de concentration au travail, de potentiel neurologique, de mémoire, de créativité, etc. Plus de soucis oculaires, auditifs, et neurologiques. Moins d’épanouissement durable, tout simplement.

Alors, mon petit chéri, on va plutôt opter pour te gâter affectivement, toi.

C’est typiquement le même schéma entre Hachem et nous : nous Lui demandons des choses qui ne nous feront pas de bien, qui risquent même parfois de nous détruire, et nous, on insiste, insiste, et re-insiste.

Hachem, en réalité, ne nous dit pas de « non » sec, Il veut juste parfois nous signifier la chose suivante : « J’ai mieux pour toi, Mon enfant ».

Alors, certes, il est très, très compliqué de concevoir un seul instant que certaines demandes ne seront pas bonnes pour nous, à l’instant T, et pourtant… Rien n’est plus VRAI que Lui…

Encore, ajoutons que, selon nos Sages, certaines demandes qui tardent à être réalisées, le seront à un certain autre moment, mais seulement au prix des larmes, qui ouvrent grand la Porte des Cieux.

Check-list !

Enfin, voici ci-dessous une petite check-list de barrières citées par nos Sages, qui peuvent être exploitées en cas d’impasse :

  • Vérifier si les habits portés ne contiennent pas du Cha’atnez (1).
  • Vérifier si l’on ne possède pas des choses ne nous appartenant pas (2).
  • Ne pas dire de Lachone Hara’, de médisance (3).
  • Réciter les Brakhot avant et après la consommation de chaque aliment, et le Birkat Hamazone après avoir consommé du pain (4).
  • Étudier les lois du Chabbath et les appliquer à la lettre (5).
  • L’orgueil est un grand obstacle pour les prières (6).
  • Celui qui refuse d’écouter des paroles de Torah, sa prière est repoussée (7).
  • Ne pas payer ce que l'on doit à des employés empêche les prières d'être exaucées (8).
  • Le respect de toutes les lois de la Téfila est une garantie pour être exaucé.
  • On n’est pas suffisamment sensibles aux besoins des nécessiteux (9).
  • Nos prières ne sont pas récitées avec ferveur et compréhension (10).

Merci beaucoup au Rav Gabriel Dayan pour toutes ces précieuses références !

Que l’on y arrive tous ensemble, Bé’ézrat Hachem.

Kol Touv !

  1. Voir Yessod Vechorech Ha’avoda, chapitre Hakorban [Cha'ar 5], chapitre 1 et Cha'ar Hakolel, chapitre 18.
  2. Voir Midrash Rabba, chapitre 22 sur Chémot.
  3. Voir Chemirat Halachone [Rabbi Israël Meïr Hacohen], première partie [Cha’ar Hazekhira], chapitre 10.
  4. Voir Séfer Ha’hinoukh, Mitsva 430.
  5. Voir Tour - Ora’h ‘Haïm, début du chapitre 242 et Talmud Chabbath 118a-118b.
  6. Voir Or’hot Tsadikim sans Cha’ar Hatechouva et introduction au Séfer ‘Hassidim.
  7. Voir Michlé [Les Proverbes], chapitre 28, verset 9.
  8. Voir Séfer ‘Hassidim, passage 612 et ‘Hayé ‘Olam, volume 1.