Pourquoi Hachem ne nous a-t-Il pas directement créés adultes ? Plusieurs raisons l’expliquent mais l’une d’entre elles est afin que nous passions par le stade de l’enfance synonyme d'insouciance, affranchis des filtres et de nos carcans d’adultes. Un enfant est “naturel” ou bien comme cela est écrit dans le livre de Job, il est comparé à un ânon sauvage : c’est un être à l’état brut. Un des moyens de connaître sa “vraie” nature est donc de se rappeler comment nous étions lors de nos premières années. L’idée n’étant pas de retourner à cet état initial mais d’identifier nos tendances naturelles et de comprendre lesquelles se sont accentuées pour le meilleur comme pour le pire… pour trouver ensuite l’équilibre

Identifier son élément dominant 

Prenons l’exemple de Jonas. Enfant, il était toujours prêt à aider ses amis, partageant ses affaires sans hésiter ; devenu adulte, il prête parfois de l’argent sans prudence, au détriment de sa propre sécurité. Benjamin, rêveur passionné, avait toujours mille idées de projets en tête ; aujourd’hui encore, il accumule des concepts mais n’en concrétise aucun. Esther, déjà sérieuse et appliquée dans ses devoirs, est devenue une travailleuse acharnée, sécurisant sa carrière sans prendre le moindre risque. Quant à Rachel, qui adorait diriger les projets de groupe, son besoin de contrôle crée maintenant des tensions avec ses collègues, car elle a du mal à collaborer. La nature dominante de Jonas est l’eau : il donne sans discernement. Benjamin est dominé par le vent, c’est un rêveur infatigable. Esther est marquée par l’élément terre : pour elle, la sécurité passe avant tout, les risques étant à éviter. Rachel, quant à elle, est marquée par le feu, avec une nature dominante qui la pousse à diriger.

Vers l’équilibre ? 

La plupart des personnes ont un élément dominant dans leur personnalité.

Néanmoins, nous sommes tous composés par le feu, l’eau, la terre et l’eau. L’élément dominant, pour qu’il ne prenne pas trop de place dans notre personnalité, se doit d’être contrebalancé par les autres éléments. C’est ce qui nous permet d’avoir une personnalité équilibrée et que nos traits de caractère (Middot) soient justement dosés. Midda en hébreu signifie d’ailleurs mesure : nos traits de caractère sont une question de mesure. 

Par exemple, Jonas, dans son élan de générosité, ignore souvent la petite voix qui lui conseille de vérifier d’abord les besoins réels de ceux qu’il aide. Ce discernement, qu’il perçoit comme de l’égoïsme, est en réalité un cadeau d’Hachem, lui permettant de s’assurer que son aide devienne un véritable ‘Hessed. Benjamin, rêveur, n’écoute pas toujours la voix de la raison qui lui suggère de trouver un emploi stable pour le bien de sa famille. Il lui serait bénéfique d’introduire de la constance (Netsa’h) pour concrétiser ses projets. Esther, qui travaille sans relâche, fait taire la voix qui l’encourage à investir et à ralentir pour souffler un peu. De la même manière que nous devons comprendre notre élément dominant, il nous faut aussi prêter attention aux autres éléments, qui équilibrent et atténuent les excès de ce trait dominant.

Le danger de l’inhibition 

Atténuer ne veut pas dire éteindre. La société moderne, le système éducatif etc. tendent à homogénéiser les personnalités. Quand on est bon élève, on choisit telle voie. Pour réussir, il faut être carriériste.

Pour rentrer dans des “cases”, nous intégrer dans certains milieux, nous allons développer des mécanismes, intégrer des schémas, répéter certaines phrases… qui vont remplacer notre vraie personnalité.

Parfois, ce sont nos enfants qui vont nous renvoyer en pleine figure ces traits de caractère que nous avons cherché à inhiber. 

Sarah est exaspérée par le comportement de sa fille Yaël, qui laisse toujours ses affaires traîner dans le salon après l'école et peine à garder sa chambre en ordre. Yaël adore se lancer dans de nouvelles activités, passant du dessin au bricolage, mais sans jamais ranger derrière elle, laissant un petit chaos coloré dans la maison. Ce que Sarah oublie, c’est qu’elle-même était semblable dans sa jeunesse, jonglant avec passion entre mille projets sans se soucier du désordre. Avec le temps et les responsabilités familiales, elle a fini par se discipliner, s’efforçant de tenir la maison impeccable. L’attitude de Yaël pourrait être une invitation pour Sarah à se souvenir de l’importance de la créativité et de la spontanéité, à s'accorder des moments de relâche où elle laisse de côté son souci de l’ordre pour profiter d’un moment à lire, à dessiner ou à rêver elle aussi.

Il en est de même pour les personnes qui tirent un trait sur une passion (chant, danse, escalade…) lorsqu’elles prennent sur eux un certain mode de vie. Ces “passions” sont là pour nous propulser, nous épanouir. En faire le deuil, c’est faire le deuil sur une partie de notre personnalité sur laquelle Hachem compte pour que nous nous réalisions.

Apprenons donc à nous connaître et à écouter notre voix intérieure… 

Adaptation d’un extrait du livre “Mastering relationships”, The 4 elements of connecting with anyone (Mordechai Weinberger) - Chapitre 2- Four part harmony