« Boré néfachot rabot vé resronan… », « Hachem a créé de nombreux êtres vivants et leurs nécessités vitales... ». Le Créateur, dans Sa Grande Sagesse Infinie, a créé le monde avec ses besoins, et les moyens de les satisfaire. Prenons parmi eux quelques exemples : pour vivre et respirer, Il a offert l’oxygène ; pour rassasier la faim, Il a créé la nourriture ; pour maintenir la chaleur du corps, Il a créé le vêtement ; pour le besoin de propreté, Il a créé l’eau… Pour le besoin d’être aimé, D.ieu a créé l’amour…
Le besoin et sa satisfaction
Comment accorder aux besoins les moyens de les satisfaire ? Concrétiser nos désirs n’est pas toujours à notre portée. Par exemple : un mari ne dispose que de 100 shekels, et sa femme lui en réclame 200. Il peut donner tout ce qu’il a, mais combler l’attente de sa femme en l’occasion, il ne le peut pas, puisqu’il ne dispose pas de cette somme. Sa femme peut bien sûr être déçue par ce « refus », pourtant, personne n’en est vraiment responsable.
Connaître, comprendre, ressentir nos besoins, est un devoir qui nous incombe. Ensuite, forts de cette connaissance, nous devons prendre une décision : quels efforts et combien de ressources sommes-nous prêts à investir pour les satisfaire ?
Aujourd’hui, nous avons choisi d’examiner une facette spécifique de ce binôme besoin/satisfaction, celle de l’éducation des enfants dans le cadre familial, au niveau de la recherche vitale d’amour.
Aussi, est-il donné à chacun d’entre nous, la possibilité de satisfaire, chez l’autre, ce besoin, c’est-à-dire aimer.
En chaque individu, est gravé le besoin d’être aimé. C’est inné. Quand cette nécessité primordiale est satisfaite, la personne aimée est détendue. Cet amour panse les blessures, construit, stabilise, et fait avancer l’être aimé.
À l’inverse, quand le besoin n’est pas totalement ou partiellement comblé, l’individu ressent fatigue, tension, amertume, réveil des blessures, attristement, ou sentiment d’échec profond. Ce manque peut entraîner repli, perte de ses moyens, voire même faillite interne.
La possibilité d’aimer existe en chacun d’entre nous. Cependant est-elle toujours mobilisable ?
S’exerce-t-elle toujours de façon égale ? Comment agissons-nous, en tant que parents auprès de nos enfants ?
L’expérience montre qu’il est beaucoup plus facile de s’attacher à « celui » qui est mignon, intelligent, celui qui ne dérange pas, celui qui ne s’énerve pas...
Alors, conscients de ces difficultés d’éducation et des conséquences quelquefois fâcheuses de notre comportement sur nos enfants, comment faire face à ce commandement extraordinaire : « Tu aimeras ton Prochain comme toi-même ? »
Chacun de nos enfants, ressent le besoin naturel, impérieux d’être aimé par ses parents. Comment faire fi des différences et aimer ceux de nos enfants les moins brillants ? Il s’agit d’une véritable lutte.
Prenons appui et modèle sur Hachem qui aime toutes Ses créatures. Ne nous enseigne-t-Il pas qu’en fonction de l’effort, il y aura une récompense ? Il faudra des efforts personnels et mettre en place des actions qui font appel à notre conscience. Notre salaire sera plus grand si nous aimons précisément celui qui est le moins mignon, celui qui nous énerve le plus, etc…
Il faut aimer son enfant tout le temps, avec constance, même quand nous le punissons, ou même - à D.ieu ne plaise -, quand nous le frappons. Cet amour inconditionnel, profond et continu, construit l’enfant, et aide à son développement. Quoi de plus spontané, normal, allant de soi, me diriez-vous ? Jusqu’ici tout va bien et fasse le Ciel qu’il en soit toujours ainsi ! Pourvu que cela dure…
Terreurs nocturnes
Maintenant examinons une situation de plus près. Quand notre enfant souffre de terreurs nocturnes, ou ne veut pas aller seul, la nuit, aux toilettes, quelles vont être alors nos réactions ?
Souvent nous les accompagnons, nous leur parlons en espérant que cela va vite passer. Qu’en est-il, si la peur continue, et parfois même s’amplifie ? Depuis son lit, l’enfant appelle parce qu’il voit des formes d’ours, de lion dans sa chambre noire. Là encore, nous avons le courage de nous lever, nous lui allumons la lumière, et lui disons : « Tu vois Ya'acov, il n’y a rien dans ta chambre, endors-toi vite ! »
Si Ya'acov s’endort, ce sera facile de continuer à l’aimer. Mais s’il persiste à nous réveiller la nuit, et même plusieurs fois dans la nuit, ainsi que les nuits suivantes, avec chaque fois différentes bêtes sauvages comme compagnons, comment réagir ? Quelles répercussions auront sur nous ces évènements répétés et difficiles ? La possibilité d’aimer et de continuer d’aimer cet enfant va-t-elle s’altérer ?
Allons-nous lui hurler, sans trop de ménagement et d’amour, qu’il arrête avec ses bêtises ! Allons-nous le menacer de coups, s’il persévère dans cette attitude ? Ou alors, allons-nous l’enlacer avec affection, s’asseoir à côté de lui, lui caresser les cheveux, lui chanter un chant qui le calme ? Comment se dépasser !?
Certainement, nous allons préférer la deuxième solution !
En fait, notre fils est tout à fait normal, il est angoissé par l’obscurité, et il a besoin d’une plus grande dose d’affection qui va lui permettre de s'affranchir et de dépasser cette peur-là. Généralement, cette période passe sans séquelles.
Hors normes
Mais examinons à nouveau notre exemple à la lumière de paramètres différents.
L’enfant a une vraie peur des moqueries, des railleries de ses copains, et des coups des adultes. S’il en est victime, il perd complètement sa tranquillité intérieure. L’angoisse se lit sur ses yeux, sa concentration diminue, il fuit dans un monde de rêves. Là-bas, il est fort, là-bas, il domine, personne ne peut lui faire du mal, le menacer, l’agresser…
Son état s’aggravant, il pourra regarder derrière lui, pour vérifier si personne ne le poursuit. Si avant, il n’était pas « hors normes », à présent, il est « hors normes ». Si avant, il avait besoin d’amour, maintenant, il a par-dessus tout besoin d’amour, car quelque traitement qu’il pourrait recevoir, s’il n’est pas gratifié d’un amour immense, constant et prioritaire, ce traitement sera inefficace.
Sans affection, il ne pourra absolument pas recevoir d’orientation éducative ou thérapeutique, et s’affranchir convenablement de son problème. Son manque de tranquillité, de sérénité, ses peurs, feront écran au passage des différents messages de rééducation, et il lui sera impossible de les capter.
Une seule solution : l’amour, des seaux d’amour, des flots d’amour, des torrents d’amour !
L’enfant sait, ou devine qu’il est « hors normes » ; ses voisins, ses amis ne tarderont pas à le lui faire remarquer et lui renverront une image négative de lui-même. Anxieux, il demande alors pourquoi il n’est pas comme tout le monde ?
Les réponses lui manquent et sa peur s’agrandit. Quelquefois, il se libère alors en frappant frères et sœurs. Parfois, il se replie sur lui, et ne répond plus comme il faut à ses parents. D’une manière ou d’une autre, il est persécuté, il s’énerve, il devient insupportable.
Les parents, vont-ils le punir, le haïr, ou vont-ils verser sur lui les flots d’amour qui vont donner à l’enfant le support nécessaire dont il a besoin et qui l’aideront à se trouver, même quand il sentira qu’il est différent des autres ?
Seules des quantités illimitées d’amour permettront à l’enfant de devenir réceptif aux directives nécessaires à son évolution. Cet amour va lui servir de levier pour se renforcer et devenir comme les autres. Cette affection va le rassurer, maintenant, il ne va pas être abandonné ! On l’aime. Il existe !
Merci Hachem de nous permettre d’aimer !