Lorsque les mamans entendent, lors de nos ateliers, que le meilleur moyen d’éduquer les enfants est de les considérer avec respect, et de faire preuve de beaucoup d’amour, leur réaction est bien souvent de remarquer : « Mais alors, on les punit jamais ? », « Il faut bien qu’ils apprennent ! » et d’autres réflexions de ce type.
Si nous avons effectivement une mitsva de corriger nos enfants, c'est-à-dire de redresser une attitude inappropriée, il y a des conditions pour le faire.
La mitsva de « tokha'ha », réprimander, est une mitsva de la Tora qui revêt beaucoup de conditions, nous en citerons quelques unes :
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Pas d’exagération, des mots bien choisis
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Respect de l’autre et politesse, ne jamais faire honte
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Une réelle intention d’aider et non d'écraser
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La remontrance ne peut être faite que par amour
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La certitude que notre remontrance peut être entendue.
Si tous ces ingrédients sont réunis, la Tora nous promet que celui qui recevra le reproche, non seulement l’acceptera, mais il nous en aimera que plus.
N’oublions pas non plus notre mitsva de juger « lekaf zekhout » c'est-à-dire avec bienveillance. C’est une mitsva min haTorah de trouver des circonstances atténuantes, voir des raisons qui expliquent une attitude négative.
Le reproche que je dois faire à mon enfant revêt les mêmes conditions.
Ainsi, lorsque mon enfant a un comportement incorrect, si je lui fais une remontrance, dans les conditions que nous venons d’énoncer, dans un climat paisible, la punition devient dans la très grande majorité des cas totalement caduque.
Choisissons quelques exemples – ce sont des faits réels que j’ai traité avec des mamans.
Mon enfant revient de l’école avec un avertissement. La réaction première est de se fâcher et peut être même de le punir.
Si nous appliquons ce que nous venons de dire, nous montrerons certes notre contrariété mais avec une attitude bienveillante. Nous pourrons nous isoler avec notre enfant (toute la maisonnée n’a pas besoin d’être au courant !) et discuterons avec lui des circonstances qui ont conduit à cet avertissement. Nous essaierons alors d’examiner de la façon la plus juste possible, quels sont ses torts, et aussi, là où il a en fait peut être eu raison. L’enfant comprendra que nous ne souhaitons que son bien, et il acceptera volontiers d’admettre qu’il doit s’améliorer sur certains points. L’avertissement est une punition en soit, pourquoi en rajouter ? Notre but est qu’il s’améliore et cette simple discussion suffira sans aucun doute à une amélioration. Attention, si l’enfant est très turbulent par exemple, n’attendez pas à ce qu’il soit le premier en conduite du jour au lendemain ! La patience est indispensable et tout petit progrès devra être encouragé, pour qu’il continue dans sa voie de la persévérance.
Un enfant arrache le jeu de son grand frère, qui n’est pas content et le frappe, bien entendu celui-ci lui rend, mais le plus grand étant plus fort lui rend en retour. Le premier et le plus petit qui avait commencé vient alors vous voir en pleurant. Cette situation bien connue de toutes les mamans est généralement réglé par des « va dans ta chambre », « pourquoi tu as frappé, il est plus petit », ou bien on arrache à notre tour le jeu pour le rendre à son propriétaire. Bref des situations explosives qui mettent beaucoup de tension dans la maison. Nous nous énervons, le ton monte, le grand ressent qu’il a toujours tort, nous répond, et cela se termine en punitions voir fessées, quant au petit il pense qu’il est toujours lésé car plus petit, lui aussi se sent frustré et toute la soirée est gâchée !
A nouveau, prendre le temps de résoudre le problème. Commencer par réfléchir que ce sont des situations normales qui se produisent dans toutes les familles. Il suffit de donner à chacun la place qui lui revient. Il faut déjà dédramatiser, montrer que vous aller les AIDER à résoudre leur conflit. Demander à chacun de s’expliquer. Puis en bon juif que nous sommes, apprenez leur, eux aussi à juger avec bienveillance. Dites par exemple au plus grand « Je sais que c’est difficile pour toi qu’il t’arrache tes jeux, mais ton frère est petit, il ne se rend pas compte de ce qu’il fait, quand il te prend quelque chose, montre lui que tu es grand, et dis lui que c’est à toi et qu’il ne doit pas te le prendre, ne le frappe pas, cela ne résout pas le problème, au contraire tu lui apprends qu’on a le droit de frapper ». Puis au plus petit, « Tu voulais son jeu, je comprend mon chéri, mais il ne faut jamais arracher des mains, surtout à ton grand frère, tu peux lui demander gentiment ou si tu préfères, tu viens me voir ».
Puis joignez le geste à la parole, « Veux-tu lui demander ? »
Vous vous retournez vers le grand en lui disant « Tu veux bien lui prêter ? » (Donnez un temps précis, l’enfant doit savoir qu’il va récupérer son objet)
Dans la très grande majorité des cas, cela suffit. Même s’ils le font en montrant une réticence, ils le feront quand même et vous pourrez les féliciter, à l’un « Bravo tu as très bien demandé ! » et à l’autre « Comme tu es gentil de faire du ‘hessed à ton petit frère ! ».
A nouveau, les punitions ont pu être évitées.
Nous pourrions prendre de nombreux exemples. Le principe est toujours le même.
Etablir un dialogue, avec beaucoup de bienveillance et de volonté d’être juste.
Je vous sens dubitatives : « Tout de même, il faut parfois punir ?… »
Je réitère, dans l’immense majorité des cas, cela ne sera pas nécessaire.
En revanche, il doit y avoir prise de conscience que tout acte a des conséquences. Expliquons-nous à nouveau au travers d’exemples.
Mon enfant pousse des meubles pour avoir la place de jouer. Puis il est pressé et laisse la pièce en l’état : Il est alors important de lui dire qu’il doit remettre tel que c’était. Encore une fois, sans aucune animosité, juste en lui expliquant que lorsqu’on dérange on doit remettre en place.
Reprenons le cas de l’enfant qui a reçu un avertissement, il sera nécessaire de lui expliquer aussi que l’avertissement est la conséquence de son comportement.
Dès tout petit, un enfant qui va par exemple renverser une assiette doit ramasser et nettoyer. Même si le travail est mal fait et que vous devez le refaire derrière. Vous lui demandez de ramasser uniquement pour qu’il apprenne que tout acte a ses conséquences. C’est pour lui, dans son apprentissage, c’est une action éducative, et pas simplement de réparer des bêtises.
Si la punition est inadéquate, c'est-à-dire pas en rapport avec l’acte, ou trop importante, voire les deux, les résultats sont désastreux !
Effet boomerang assuré. L’enfant dès le plus jeune âge recommencera et empirera même son comportement, comme pour vous faire payer une punition qu’il considère injuste.
Les parents se trouvent alors entrainés dans une spirale infernale, où plus l’enfant se comporte mal et plus les punitions s’aggravent, pour arriver à des sommets, tel que priver d’une fête familiale ou même d’un voyage. L’enfant en veut alors profondément à ses parents. La construction devient quasi impossible, et si ce n’est pas rattrapé à temps, l’enfant risque à l’adolescence de se détourner du chemin que ses parents lui montrent pour s’engouffrer dans je ne sais quel monde aux apparences si attrayantes dont il ne pourra ressortir indemne.
Au contraire, l’instauration d’une écoute active et bienveillante, permet aux parents de redresser les mauvais comportements, dans un climat de confiance telle, que l’enfant en grandissant saura qu’il peut s’en remettre à ses parents, et que ceux-ci le dirigeront toujours vers la voie la meilleure pour lui.