Découvrez la course-poursuite palpitante de Sophie en quête de son héritage, au cœur d'une enquête qui lui fera découvrir la beauté du judaïsme. Suspens, humour et sentiments... à suivre chaque mercredi !
Dans l’épisode précédent : A Munich, Sophie mène son enquête aidée de Yulia, la journaliste rencontrée dans l’avion. Elle finit par dénicher, grâce aux contacts de sa nouvelle amie, l’adresse de la maison dans laquelle les tableaux de son grand-père auraient été vus. Sans savoir qu’elle vient de tomber dans un piège...mortel ?
Sophie se tenait debout, pétrifiée, face à un inconnu qui pointait son fusil sur elle. Quelqu’un déverrouilla la porte de l’extérieur et… Yulia entra dans la pièce !
Confuse, Sophie se demanda un court instant si elle était venue la secourir. Mais elle comprit rapidement son erreur, quand elle vit que l’homme ne s’était toujours pas retourné. Il continuait de la viser avec son arme. Maintenant elle comprenait : c’était un piège et il s’était refermé sur elle !
Tous les trois (et le fusil en prime) se contemplaient sans rien dire. Même le temps semblait s’être suspendu.
Sophie ne savait pas quoi faire, chaque mouvement pouvait mettre sa vie en danger, mais ce fut plus fort qu’elle et elle s’écria :
“Pourquoi ?!”
- “Voyons Sophie, je te croyais plus maligne que ça, toi qui nous a donné tant de mal tous ces mois, tu n’as toujours pas compris ? Lui lança Yulia.
- Parce que...vous me suiviez ? Cette rencontre dans l’avion était préméditée ?
- Ahahaha ! C’était l’homme qui riait comme si elle avait fait une blague ! Frölein, vous savez ce qu’on dit : gardez vos amis près de vous, et vos ennemis...encore plus près !
- Et je suis votre ennemie parce que je veux retrouver les tableaux de mon grand-père ?
- On ne te laissera pas mettre la main sur ce qui nous appartient ! Hurla Yulia”.
En disant ça, l’homme fit quelques pas vers Sophie, qui serra les poings.
“Ne pas paniquer, ne pas paniquer”. Elle essayait de bloquer toutes les angoisses qui se bousculaient dans sa tête… Personne ne sait où je suis ! Comment sortir ? Mais qui sont-ils ? Et ma fille.. qui va prendre soin d’elle si je ne suis plus là ?”
Sa respiration se faisait encore plus saccadée, il fallait qu’elle fasse quelque chose pour ne pas perdre connaissance.
Elle ferma les yeux une micro-seconde et comme dans un film en accéléré, elle revit tout le chemin parcouru : la lettre de sa tante, l’arrivée à Jérusalem, le voyage au Kibboutz, le Chabbath chez la Rabbanite, la rencontre avec Yoël, le travail dans l’association, le pélerinage en Pologne, la cérémonie de nomination, le voyage à Munich…
Et d’un coup, elle fut transportée comme dans un rêve devant ce vieux violoniste qui chantait en hébreu à l’angle de la synagogue de Munich. “Vé Afilou Bé Astara…”. Elle revit ce moment avec une telle intensité qu’elle crut qu’il était réel. Et elle comprit.
Elle ouvrit les yeux, rien n’avait changé. Yulia la regardait d’un air mauvais et l’homme continuait de la maintenir en joue. Mais tout était différent. Sophie sentait que dans cette situation aussi effrayante que dangereuse, elle n’était pas seule. Hachem était là, avec elle et il n’y avait que Lui pour l’aider.
Sans les quitter des yeux, elle prononça ces mots : “Ein Od Milévado” (il n’existe rien d'autre à part D.ieu) à voix basse, mais avec une réelle conviction. Trois mots pour exprimer la quintessence de la foi juive.
A ce moment précis, elle s’en remit à Hachem, de tout son cœur et de toute son âme. Et... elle fit un pas en avant.
Surpris par son geste fou, l’homme recula sans réaliser que Yulia se tenait derrière lui !
Les deux entrèrent en collision et tombèrent à la renverse, avec le fusil ! Dans la chute, Yulia tenta de s'agripper à quelque chose et accrocha une commode, qui leur tomba dessus !
L’homme n’avait toujours pas lâché le fusil, dont la crosse tapa sur le sol. Dans un bruit assourdissant, une balle partit en direction de Sophie !
La balle siffla au-dessus de sa tête pour aller se loger dans le mur.
Les deux allemands étaient encore au sol, formant un tas enchevêtré avec la commode et le fusil.
C’était le moment où jamais : la porte était restée ouverte quand Yulia était entrée.
Alors Sophie sprinta vers la sortie. Puis sortit de la maison en courant jusqu’à la voiture, sans se retourner. Elle avait moins d’une minute pour démarrer, elle le sentait. Ses mains tremblaient trop pour mettre la clé dans le contact et déjà dans le rétroviseur elle voyait l’homme sortir dans le jardin, le fusil à la main.
“Allez, allez, allez !” Elle criait dans l’habitacle et de toutes ses forces réussit à démarrer la voiture. Pied au plancher elle accéléra et fonça.
L’homme qui la poursuivait à pieds, s’arrêta, visa et tira. Mais la voiture se déporta soudainement sur la droite et la balle manqua sa cible !
Sauvée ! Sophie roula une bonne cinquantaine de kilomètres, sans savoir où aller. Elle voulait juste s’enfuir le plus loin possible de cette maison de l’horreur. Elle n’allait pas risquer de retourner à Munich, où ses agresseurs iraient sans doute la chercher.
Alors elle continua à rouler et s’arrêta dans un petit village à la tombée de la nuit.
Par miracle elle réussit à trouver un petit hôtel. Dès qu’elle fût dans la chambre, elle ferma la porte à double-tours et appela Yoël. Heureusement, il décrocha immédiatement et elle lui raconta tout dans un flot, sans même prendre la peine de respirer.
Yoël ne comprit pas tout de suite. Comment aurait-il pu ? Ce qu’elle venait de vivre était irréel. Elle recommença son récit, et là il prit la mesure du danger qui menaçait Sophie. Il lui dit qu’il se chargeait de prévenir la police (mais comment pouvait-il depuis Jérusalem ? Sophie était trop angoissée pour poser la question).
Quelques minutes après avoir raccroché le téléphone, l’adrénaline retomba et elle commença à réaliser. Avant que l’angoisse ne put s’emparer d’elle, son téléphone sonna : c’était la Rabbanite Margalite ! Yoël l’avait prévenue. Elle était avec sa fille Léa. Tout le monde pleurait. La peur, le soulagement, tout se mêlait subitement. Pour ne pas laisser Sophie seule, les appels se succédèrent toute la nuit.
Au petit matin, il n’y avait toujours pas de signe de Yulia ni de l’autre homme. Épuisée, Sophie s’assoupit.
Elle fut réveillée quelques heures plus tard par les sirènes des voitures de police.
D’un bond, elle sauta du lit pour aller voir à la fenêtre : un ballet de voitures s’arrêtait devant la petite auberge.
Quelques instants après, on tapa à la porte.
Inquiète, elle entrouvrir. Deux policiers en uniforme se tenaient devant elle, une carte d’inspecteur tendue vers elle. Dans un anglais rudimentaire, l’un d’eux lui dit :
“Frölein Shapiro, nous avons été prévenus par la CVIS de votre situation. Vous êtes en sécurité à présent, veuillez nous suivre, nous allons prendre votre déposition au poste”.
La CVIS ? Pourquoi ce nom lui était familier ? Elle s’exécuta et suivit les 2 hommes tout en cherchant dans le fond de sa mémoire ce que signifiaient ces lettres.
La voiture de police dans laquelle elle se trouva roula toutes sirènes hurlantes jusqu’au commissariat central de Munich. Elle n’avait aucune idée de ce qui l’attendait, mais suivit les policiers (avait-elle le choix ?) qui la firent entrer dans une pièce...où se trouvait Sarah Silberman !
C’était donc ça la CVIS ! L’organisme chargé de retrouver les œuvres d’art spoliés aux juifs pendant la Shoah où elle avait rencontré Sarah. Elle était si heureuse de voir un visage familier, qu’elle se mit à trembler. On la fit s'asseoir, décidément, c’était beaucoup d’émotions et d’aventures pour une simple lettre retrouvée par hasard, plaisanta Sophie.
Quand elle eut repris quelques couleurs, les policiers lui posèrent des questions. Elle fit tout le récit depuis son arrivée à Munich et surtout raconta ce qui avait failli lui arriver dans cette maison.
Ce fut seulement dehors que Sophie réalisa et demanda à Sarah : “Mais que faites-vous ici ? Comment avez-vous su ?”
Sarah lui confia qu’elle et Yoël avaient continuée à échanger des informations sur cette enquête et qu’il l’avait prévenue hier soir. “J’ai de suite informé le CVIS et j’ai sauté dans le premier avion dès que j’ai su.”
Spontanément, Sophie l’a prise dans ses bras. Elle était si touchée et soulagée de ne pas être seule.
C’était terminé. Sophie était hors de danger. Restaient les nombreuses questions en suspens. Alors, un des policiers lui fit cette révélation : Yulia était...la petite fille d’Hildebrand Gurlitt, le marchand d’art nazi, qui était...lui-même le père d’Ingrid Florange, la fausse journaliste !
Ainsi sur 3 générations, la famille Gurlitt avait volé et caché des œuvres d’art arrachée aux Juifs et avaient bâti leur fortune sur ces crimes nazis. Les policiers annoncèrent qu’ils avaient découvert plus de 300 tableaux spoliés dans la maison. Et Sophie appris que la famille Gurlitt cherchait à tout prix le tableau de son grand-père, parce qu’Hildebrand Gurlitt ne savait pas au moment où il l’avait vendu à la galerie parisienne de M. Dorville, qu’en fait ce tableau, s’il était vendu avec l’intégralité de la série, pouvait rapporter des dizaines de millions d’euros.
La tête de Sophie tournait face à toutes ces révélations.
En sortant du bureau, “comme par hasard” Sophie tomba sur Yulia, menottes aux poignets qui ne s’attendait pas non plus à ce face-à-face surprise dans le couloir.
Ce fut plus fort qu’elle, Sophie interpella Yulia : “Tu sais que ce que tu as fait est criminel, alors pourquoi tout ça, pour terminer ta vie en prison ?
- Pour l’argent voyons ! Tu ne croyais quand même pas qu’on avait de l’intérêt pour cet art de Juifs ? S’ils n’avaient pas eu de valeur, il y a longtemps que ma famille les auraient brûlés”.
Elle avait dit ça avec une telle haine que Sophie comprit que l’antisémitisme de son grand-père s’était transmis aux générations suivantes. Elle allait partir, quand Yulia lui lança : “Toi et moi ne sommes pas si différentes : chacune cherchons à notre façon à perpétuer le souvenir de notre famille.”
- Ne te compare pas à moi. J’ai cherché la vérité et la justice pour honorer la mémoire de ma famille assassinée. Toi tu as reçu de la haine en héritage et tu n’as rien su faire d’autre que de vivre avec.”
Sophie partit et laissa une Yulia menottée, face à son destin.
Ce ne fut qu’après plusieurs mois, six pour être exact, que l’ensemble des tableaux de Shmulik Grinbaum fut rapatrié à Jérusalem. On les installa dans la galerie d’art dédiée du musée de Yad Vachem où Sophie travaillait à présent. Des gens se pressaient du monde entier pour admirer les tableaux et entendre l’histoire incroyable de Sophie.
Depuis son Alyia, Sophie savourait chaque jour sa joie de vivre dans la ville Sainte.
Elle riait souvent en pensant à cette phrase : “Méchané Makom, Méchané Mazal : celui qui change de lieu, change de destin”. Et chaque jour elle s’emerveillait de voir combien sa vie était devenue lumineuse. C’était tellement vrai ! Et pas que pour elle.
Ce soir, après une semaine de folie, on terminait le Chabbath chez la Rabbanite Margalite. Mais ce n’était pas un Chabbath comme les autres, c’était le Chabbath ‘Hatan de Yinone… et Léa !
Sa fille, son bébé venait de se marier. Elle était resplendissante, un délicat foulard doré entourant son visage, cachant ses cheveux et soulignant ses traits fins. Sophie était si heureuse, si fière de sa fille, de cette Téchouva qu’elles avaient vécue ensemble. A chaque fois que son regard se posait sur elle à l’autre bout de la table, les larmes lui montaient aux yeux.
Yoël était assis à côté d’elle. Yoël...son fiancé. Et oui ! Sophie-Dvora était une future mariée !
Toute cette aventure et ce dénouement miraculeux à Munich avaient eu raison de ses angoisses.
Yinone, le ‘Hatan récitait maintenant la Havdala : “Amavdil Bein Kodech Lé 'Hol Ou Ven Or Lé 'Hochekh” et cela faisait écho en elle.
C’était la plus grande leçon de vie que Sophie aie jamais apprise : la foi en D.ieu est la seule chose qui permet de transformer chaque situation en miracle.
Et seule la foi peut nous faire passer...de l’ombre à la lumière.