Si chaque mot prononcé par un membre de la famille entraîne le courroux des autres, si chaque remarque même anodine suffit à embraser le terrain, suivez les conseils de la Rabbanite et coach ‘Haguit Emayev, afin d’assainir l’ambiance à la maison !
C’est hélas le lot quotidien de nombreuses familles. Les cris, les disputes, les malentendus, la violence verbale parfois, contribuent à électrifier l’ambiance à la maison, au point d’y rendre l’air irrespirable. Chaque mot prononcé par l’un des membres de la famille est sujet à discorde, et chaque remarque, même anodine, suffit à embraser le terrain. Alors comment assainir la situation et faire en sorte que la paix et l’harmonie redeviennent des hôtes privilégiés dans notre foyer ?
« On n’y peut rien » ?
Les prophéties concernant la fin des temps font état de nombreux dysfonctionnements dans la réalité quotidienne qui précèdera le dévoilement du Machia’h. Parmi eux, on compte justement la destruction des valeurs morales autrefois chéries, et la dislocation de la cellule familiale (« les ennemis de l’homme seront les membres de sa propre famille », dit la Michna dans Sota 9,15). Néanmoins, ce n’est pas parce que la Torah l’a prévue il y a des millénaires que cette réalité est une fatalité avec laquelle nous devons composer, sous prétexte qu’« on n’y peut rien ».
Je souhaiterais m’attarder davantage sur cette idée. Je ne crains pas de le dire, mais l’esprit de défaite avec lequel certains envisagent le monde (« La vie est ainsi faite », « Inutile de chercher à changer les choses », « On ne peut rien y faire », etc.) n’est rien de moins qu’une façon de renier D.ieu et de ne pas assumer ses responsabilités ! D.ieu aurait-Il créé l’homme dans le seul but de le faire souffrir ? Nous savons que c’est tout l’inverse qui est vrai, à savoir que D.ieu a placé l’homme dans Son monde afin de déverser Ses bontés sur Lui et le faire jouir de Sa proximité, qui est le plus grand des plaisirs ! Il en a fait un partenaire à part entière de la création, à savoir qu’Il lui a transmis les clés de la réparation du monde par ses actions. C’est tout le but des Mitsvot ordonnées à l’homme, qui permettent à celui-ci d’élever le monde vers des hauteurs sublimes. Ainsi, il est impensable de nous détourner de nos responsabilités en prétendant que nous ne sommes pas capables d’améliorer notre situation : c’est justement cela que D.ieu attend de nous !
Une génération nombriliste
Nous vivons une époque où « se faciliter la vie » est devenu une philosophie : je n’ai pas la force de faire face aux épreuves, alors je prends la fuite ; je n’accepte pas la critique, alors je fais taire les autres ; je ne veux pas avouer que j’ai besoin d’aide, alors j’accuse les autres de vouloir me nuire ; je suis mal à l’aise face au mal-être d’autrui, alors je fuis dès que quelqu’un me parle de ses problèmes ; etc.
Presque tout le monde voudrait être aimé, écouté, compris, soutenu, mais pourtant, presque personne n’est prêt à agir de la sorte envers les autres ! En réalité, poussés par la société individualiste dans laquelle nous évoluons, nous sommes aveuglés par nos propres besoins et vivons centrés sur notre propre personne. C’est sans compter l’invasion des nouvelles technologies au sein même des familles qui sont parvenues à transformer l’homme (l’être doué de parole par excellence) en un pantin muet hypnotisé devant son écran… Pas étonnant, dans ce contexte, que les gens ne se comprennent plus !
La seule et unique voie pour reprendre le contrôle de nos vies est de se fixer comme but de travailler notre caractère pour apprendre à mettre nos besoins égoïstes de côté et nous ouvrir aux autres. C’est certes le travail de toute une vie, mais là réside le but-même de notre passage sur terre !
Quelques conseils à mettre en application :
1. Pour réapprendre l’art de la communication, il nous faut au préalable acquérir celui du… silence ! Une remarque nous déplaît ? Une parole nous blesse ? C’est l’occasion en or de travailler ce muscle que l’on nomme la patience et de ne pas répliquer (pour rappel, ceux qui subissent des humiliations sans répondre méritent de voir une lumière à laquelle même les anges n’ont pas accès). La Michna (Avot 1,17) enseigne à ce propos : « Toute ma vie, j’ai grandi parmi les Sages et n’ai trouvé rien de mieux pour le corps que le silence ».
2. Au lieu de nous insurger contre l’intolérance et de prôner la fraternité et l’acceptation de l’autre, soyons les premières à agir dans le domaine et commençons par assainir les relations avec ceux qui nous sont le plus chers : les membres de notre famille ! Cessons de chercher par la force à changer les autres afin qu’ils s’adaptent à nos besoins. Faisons plutôt l’effort de les comprendre et de nous adapter à leur sensibilité. Là encore, il s’agit d’un programme ardu, mais nous sommes capables d’y arriver !
3. Il est essentiel d’apprendre à communiquer sur un autre registre que celui auquel nous sommes habitués. Lorsque quelqu’un exprime un besoin, il n’est pas rare qu’il accuse les autres de ne pas le remplir – ce qui a pour effet de torpiller la communication avec son interlocuteur – alors qu’il lui suffit de parler de ses sentiments pour ouvrir le cœur des autres. C’est le célèbre message-je (« Cela me frustre et me vexe lorsque je te parle et que tu sembles occupé à faire autre chose », plutôt que : « Tu ne m’écoutes jamais quand je te parle »). Pour la plupart d’entre nous, il s’agit là d’un exercice particulièrement difficile, car nous n’y avons pas été habitués dans notre enfance, et que le fait d’exposer ses sentiments revient pour certains à faire preuve de faiblesse. Abandonnons ces idées préconçues et apprenons l’art de la communication franche et efficace.
4. Plutôt que d’essayer de changer les autres, employons notre énergie à nous améliorer et devenons ainsi une source d’inspiration pour notre entourage. En découvrant et exploitant le bon et le positif qui est en nous, nous pourrons ensuite le faire rayonner à l’extérieur.
Pour conclure : si chacun d’entre nous apprend à se concentrer sur ses devoirs et non sur ses droits, à exprimer ses besoins sans agresser les autres, à accepter la critique et essayer de s’améliorer, nous connaîtrons la satisfaction de vivre en paix et en harmonie avec notre entourage. Il s’agit certes d’un cheminement long et minutieux, mais les résultats seront largement à la hauteur de nos espérances !
‘Haguit Emayev