On entend souvent de très beaux témoignages de personnes qui font Téchouva. Mais pour certains tout n'est pas si rose… Même si ce n’est pas facile de prendre la parole aujourd’hui, je voudrais vous raconter mon histoire pour vous alerter sur un danger qui nous guette tous.
Je m’appelle Aurélie et j’ai 25 ans. Il y a 2 ans, j’ai fait mon Alya à Jérusalem. Je suis partie d’une petite ville du sud de la France, où la communauté juive était minuscule. C’est donc pour me rapprocher de mon peuple et de la Torah que j’ai choisi de m’installer en Israël et de suivre mes études.
Dès mon arrivée, j’ai cherché un appartement dans un quartier de Jérusalem où la population francophone était assez présente. Je me suis dit “comme ça Aurélie, tu pourras être invitée pour Chabbath et les fêtes”. Je ne connaissais personne, mais j’avais hâte de me créer un nouveau cercle d’amis juifs.
Avant mon départ, on m’avait donné le numéro d’une dame, mon seul contact dans la ville. Je suis très timide de nature, mais j’ai vraiment fait cet effort de la contacter, parce que c’était très important pour moi que je puisse vivre un beau Chabbath. Je l’ai appelée en début de semaine et elle m’a assuré qu’elle allait trouver une gentille famille pour me recevoir. J’étais contente ! Une source de stress en moins et l’excitation de rencontrer de nouvelles personnes.
Mais les jours passaient et je n’avais pas de nouvelle. Quand je l’appelais, elle me disait “ne t’inquiète pas je vais te trouver une famille pour t’inviter”. Quand vendredi est arrivé, toujours rien et et je l’ai rappelée une nouvelle fois. Et là, quelques heures avant Chabbath, elle m’a dit sans remords ni culpabilité : “ah non il n’y a aucune famille !” Et elle a raccroché.
Alors que Chabbath approchait, je me suis retrouvée complètement seule, chez moi, à 4000 km de ma famille, sans rien de prêt. Les mots ne sont pas assez forts pour vous dire toute la tristesse et la vexation que j’ai ressenties. J’ai passé ce 1er Chabbath en Israël seule, à pleurer dans mon appartement vide.
Je n’ai plus osé appeler cette personne. Et l’angoisse a commencé : du dimanche au jeudi, cette pensée revenait en boucle dans ma tête : “Chabbath va arriver et tu vas encore te retrouver toute seule”. J’avais des amis à l'université, mais personne ne pensait à m’inviter. Et moi j’avais tellement honte, je n’en parlais pas. Même quand j’allais à la synagogue du quartier, on me faisait des sourires, mais personne ne venait vers moi.
Les semaines sont passées et les Chabbath se sont répétés. En plus de ma honte, j’ai commencé à culpabiliser à me dire que j’étais responsable de tout ça et que j’avais été bête de faire l'Alya !
Avec le temps, je me suis résignée. Et j’ai commencé à détester Chabbath. C’était devenu un jour de punition où ma solitude ressortait de façon insupportable. Et c’était tellement lourd ce silence de rester entre 4 murs… que j’ai fini par téléphoner à ma mère. Oui j’appelais ma maman restée en France pendant le Chabbath, pour lui parler, entendre sa voix et me sentir moins abandonnée.
Voilà ce qu'est devenue mon expérience en Israël. Au lieu de me rapprocher de D.ieu en m’installant ici, c’était tout le contraire. J’étais à Jérusalem, mais j’avais l’impression que D’ieu m’avait complètement laissée tomber. Et du coup, moi aussi j’avais laissé tomber.
Jusqu’à un jeudi soir, un an plus tard, par le plus grand des hasards, j’ai vu un message sur un groupe whatsapp de Français de Jérusalem. “Pour celles et ceux qui ont envie d’être invités ou pour les familles qui souhaitent recevoir pour Chabbath, contactez-moi ! Finis les plans galères et le stress des Chabbath sans invitation !”.
Sans trop y croire, j’envoyais un message et en quelques minutes je recevais un appel. J’étais finalement moins gênée de raconter mon histoire à une inconnue et je n’attendais pas grand-chose de cet échange. On était jeudi soir, il était 23 heures. De l’autre côté du téléphone, sans me connaître, la jeune femme me dit : “vous avez fait le plus dur, maintenant Hachem s’occupe de tout. Je vous rappelle demain matin”.
Le lendemain à 9h, j’ai à peine eu le temps d’ouvrir les yeux, que mon téléphone sonnait. J'ai à peine eu le temps de décrocher, la femme de la veille me disait à toute vitesse mon programme du Chabbath : dîner le vendredi soir chez une famille à 200 mètres de chez moi et le samedi midi chez un jeune couple ! J’étais trop choquée pour répondre. Je n’y croyais pas. J’ai passé le plus merveilleux Chabbath depuis mon arrivée en Israël. Je me suis sentie accueillie, appréciée et ce moment a définitivement restauré ma foi en D.ieu.
La jeune femme m’a rappelée le dimanche pour connaître mes impressions et elle avait déjà une autre famille qui voulait m’inviter la semaine suivante. Depuis ? C’est moi qui invite les nouvelles étudiantes pour Chabbath, parce que je ne voudrais que personne vive la même expérience que moi ! Quand à la femme qui m’a appelée, elle continue son projet "Les Tables de Chabbath" sur tout Israël !
Bon courage à toutes !
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