Question d'une internaute : “J'ai bientôt 37 ans et je ne suis pas mariée. Pourtant, j'ai fait de bonnes études, je suis plutôt jolie et de "bonne famille" mais tous les garçons que je rencontre veulent soit s'amuser, soit - s’ils sont sérieux et qu'ils veulent se marier - une fille plus jeune que moi. Le dernier garçon en date que j'ai rencontré avait 43 ans et il cherchait une fille de 26 ans maximum !!! J'ai été tellement vexée que je suis sortie les larmes aux yeux. Je n'en peux plus de cette situation et j'ai peur de ne jamais trouver mon Mazal.”
La réponse de Mme Nathalie Seyman :
“Tout pour plaire mais toujours seuls” pourrait être le résumé de notre époque tant il y a de personnes qui se trouvent dans le même cas que vous. Les années filent et les célibataires ont de plus en plus de difficultés à trouver leur âme sœur. Pourquoi est-ce si difficile de nos jours de trouver son Zivoug (son conjoint) ? Et si on ne prenait tout simplement pas le problème dans le bon sens ?
Dimension sociétale : à la recherche de la perle rare
Cette question mérite réflexion car elle est à prendre sous deux angles : tout d’abord, elle révèle un problème de société dans une époque individualiste et utopiste mais également elle oblige le célibataire à se poser des questions sur lui-même.
En pleine ère du progrès et de la communication, nous n’avons jamais été aussi seuls. C’est le paradoxe de notre époque. En conséquence, pour combler ce vide, on idéalise tout : notre carrière, nos amitiés et surtout notre âme sœur. Tout doit être parfait, sinon ça ne doit pas être. On n’achète pas les fruits qui ne sont pas beaux, on jette un produit dès qu’il dysfonctionne, sans chercher au préalable à le réparer, et on en rachète un. Les contes de fée qui ont bercé notre enfance ne sont plus des histoires pour rêver mais un objectif à atteindre. On ne cherche plus à parfaire, on veut du parfait dès le départ. Conséquence : on a une idée précise de l’individu que l’on recherche plutôt que de réfléchir sur la relation que l’on souhaite construire. L’homme que vous avez rencontré fonctionne donc sur ce schéma : aucun compromis envisageable, aucune évolution (malgré le temps qui passe) sur l’image qu’il s’est donné de la femme qu’il souhaite épouser. L’objectif figé et souvent inatteignable débouche ainsi sur une recherche permanente et une sensation d’échec à répétition.
Dimension individuelle : les causes possibles à creuser
Alors oui, nous sommes dans une société qui ne nous aide pas à trouver la personne qu’il nous faut. Mais au-delà, on ne peut pas occulter une part de personnel. Chaque blocage dans notre vie qui nous empêche d’avancer, chaque obstacle que nous trouvons devant nous et que nous n’arrivons pas à dépasser est lié à notre histoire personnelle et est mis sur notre chemin par Hachem pour une bonne raison. À nous de nous poser les bonnes questions pour aller de l’avant et dénouer le problème.
- Qui est-ce que j’attends ?
À quel type de relation j’aspire ? Quel foyer je veux construire ? Qu’est-ce que j’ai envie de donner, qu’est-ce que j’ai à partager ? Est-ce avec le type d’homme que j’ai en tête que je serai heureuse ? Sur quoi suis-je prête à faire des compromis ? Toutes ces questions sont importantes car elles vous renseignent sur la personne qui fera votre bonheur (et souvent elle est à l’opposé de ce que l’on recherchait) mais surtout sur la façon de la rencontrer et l’endroit.
- Pourquoi je désire être en couple ?
Est-ce un besoin qui vient combler une faille ou bien une envie de partager et de créer un foyer stable ? S’il s’agit uniquement d’un besoin pour une réparation affective, alors il faut être conscient qu’il s’agit là d’un problème personnel à régler avant de s’engager, car il y aura peu de chance que la rencontre nous comble entièrement.
- Est-ce que je désire réellement m’engager ?
Cela peut paraître étrange comme question et pourtant il faut vraiment se la poser. Bien sûr, nous voulons tous construire un foyer rempli d’amour. Mais, pour certains, les souffrances de la solitude sont préférables aux risques de l’échec ou bien encore on n’est pas vraiment prêt à se donner entièrement pour la réussite de son couple, quitte à s’oublier un peu soi-même par peur de s’engager. Aussi, on préfèrera se protéger en se mettant volontairement dans une situation qui fait que la rencontre tournera court, ou en étant trop exigeant et difficile.
- Quelle image j’ai de moi-même ?
Les personnes qu’on attire ou qui nous attirent sont souvent le reflet de nous-même. Donc il est toujours intéressant de se demander ce que cette personne et cette relation nous apprennent sur nous. Est-ce que mes croyances sur moi-même ne sont pas un frein ? Si je me trouve trop… ou pas assez… (belle, intéressante, cultivée….), je risque de transmettre cette image négative autour de moi et paraître aux yeux des autres telle que je me vois. Et par conséquent n’attirer ou n’être attirée que par une seule et même catégorie de personnes. Oubliez donc vos certitudes sur vous-même. Nous ne sommes pas des êtres figés dans le temps et nous évoluons, alors ne vous limitez pas.
- Quels schémas suis-je en train de reproduire ?
L’exemple du couple de vos parents représente un type de schéma familial. Souvent, on cherche à le reproduire car il représente notre idéal et notre zone de confort. En conséquence, on ne s’autorise pas à vivre une relation différente car ce serait entrer dans une zone inconnue et donc inconfortable. Parfois, on le reproduit mais de manière inconsciente alors qu’on cherchait à s’en éloigner ! D’autres encore cherchent à fuir ce schéma qui les a oppressés et le célibat est aussi une façon inconsciente de ne pas le reproduire. Il sera nécessaire dans ce cas-là de faire la paix avec votre histoire (face à vos parents ou à l’aide d’un thérapeute), avant de vous consacrer à trouver votre Zivoug.
Mes Conseils
- Lâchez prise mais sans attendre passivement : ne vous mettez pas la pression. Gardez confiance en Hachem. Il mettra celui qu’il faut sur votre route, n’en doutez pas.
- Réfléchissez sur vous-même : à l’aide des questions posées plus haut. Mais si c’est trop difficile et que vous n’arrivez pas à dénouer vos problématiques, adressez-vous à un thérapeute pour vous y aider. La démarche analytique conduit à se connaître mieux soi-même afin de mieux appréhender vos difficultés par vous-même.
- Adressez-vous à des personnes compétentes pour vous organiser des rencontres valables et intéressantes et vous éviter ainsi de perdre du temps avec des personnes non sérieuses : Chadkhanim, Rabbanim ou amis très proches qui vous connaissent bien.
- Allez plus loin que votre première impression ! La société d’aujourd’hui met tellement l’accent sur le physique que nous lui donnons une importance qu’il n’a pas. Évidemment, on ne peut pas épouser quelqu’un qui ne nous attire pas du tout mais entre la personne qui nous plaît au premier regard et celle qui nous déplaît complètement, il y a toute une palette de nuances. Sans compter qu’il est difficile de découvrir les vrais trésors intérieurs de la personne au premier rendez-vous. C’est pourquoi il ne faut jamais refuser une seconde chance pour se faire une véritable idée de celui que l’on rencontre. Et autorisez-vous des “rencontres improbables” : parfois celui que l’on recherche ne nous apparaît pas au premier coup d’œil ou est à l’opposé de ce que l’on pensait nous convenir. Ne vous fermez aucune porte !
- Chaque relation qui n'aboutit pas ne doit pas être vécue comme un échec mais comme une opportunité d'en apprendre un peu plus sur vous-même. Vous comprendrez plus tard qu’elle vous aura servi à vous mener sur la voie de votre Zivoug.
- Ne négligez pas la prière, car finalement l’aide la plus importante vient d’Hachem : lorsqu’Avraham envoya Éliézer pour chercher une femme à Its’hak, il demanda en priorité à Hachem de l’amener sur le bon chemin.
La recherche de son Mazal est en effet loin d’être simple et elle est semée d’embûches avant de trouver celui qui partagera notre vie. Ce chemin est d’ailleurs comparé dans la Torah au miracle de « l’ouverture de la mer » (Guémara Sota 2a). Gardez une confiance entière et totale envers Hachem pour que le miracle se produise. Et la récompense sera à la mesure de l’effort… alors persévérez !
Béhatsla’ha !
Si vous avez une question à poser à la psy, envoyez un mail sur l'adresse suivante [email protected]. Mme Seyman essaiera d’y répondre et la réponse sera diffusée de façon totalement anonyme.