Question d'une internaute : Je pense que je fais une dépression. Tout devrait aller très bien : j'ai un mari, des petits-enfants, des amies, je n'ai pas de problème d'argent... et pourtant, je me demande à quoi sert de vivre sur Terre. En fait, je ne m'aime pas, je me sens nulle, je n'ai pas vraiment d'amies proches et j'ai l'impression de toujours devoir garder la face. Mais j'en ai marre ! On me voit comme quelqu'un de solide, mais dans le fond je suis très fragile : la moindre remarque peut m'effondrer (de l'intérieur, bien sûr, je ne vais jamais le montrer). C'est terrible, parfois je me sens seule, j'ai des idées noires... Je garde la face, mais je suis à deux doigts de tout envoyer en l'air.
Réponse de Mme Nathalie Seyman
Pourquoi, alors que tout va bien dans la vie et qu’il n’y a pas lieu de se plaindre, ressentons-nous parfois comme un vide à l’intérieur ? Alors que rien ne s’oppose à notre bonheur, quelque chose dans notre cœur s’y refuse et s’oppose à cet apaisement si désiré. Est-ce la dépression qui nous guette ou une simple déprime passagère ? Comment les différencier ? Mais surtout comment s’en sortir et arriver à ce bien-être tellement recherché ?
Dépression ou déprime
Dans le langage courant, nous avons tendance à parler très vite de dépression. Or, ce mot n’est pas à prendre à la légère. Il s’agit d’une véritable maladie qu’il faut très vite déceler, car plus elle est prise à temps et plus il sera facile d’en guérir. Elle peut toucher tout le monde, à tout âge, et elle se définie par les symptômes suivants :
- Une tristesse intense et constante, sans pause, tout au long de la journée et qui se répète au fil des jours.
- Une perte d'intérêt pour les activités autrefois appréciées et une impossibilité à s’intéresser à quoi que ce soit.
- Une fatigue intense, le dépressif peut rester à dormir toute la journée et rester toujours aussi épuisé.
Cette maladie ne peut être soignée que grâce à la prise en charge de professionnels et à un traitement adapté.
D’après ce que vous décrivez, il me semble que vous vous trouvez plutôt dans un épisode de déprime. La déprime est souvent confondue avec la dépression. Il s’agit d’un état passager, contrairement à la dépression. Quoi qu'il en soit, il est tout à fait normal d'avoir des coups de blues, de se sentir triste et fatigué, d'avoir des idées noires ou encore une baisse de motivation et d’estime de soi-même de temps en temps. Le plus important est de découvrir ce qui provoque cet état et de trouver en vous la force de changer les choses.
Répondre à votre appel intérieur
Vous dites que vous avez des petits-enfants, j’en conclus donc que vous vous trouvez à l’après-midi de votre vie. C’est important de le savoir, car durant cette période où les enfants sont partis, où ils ont pris eux-mêmes la place de parents, où le mari et la femme se retrouvent tels qu’ils ont commencé, c’est-à-dire à deux, de grandes transformations psychiques se créent. Ce qui vous paraissait essentiel plus jeune, vous apparaît bien anodin aujourd’hui. Par exemple, garder le cap, rester solide, vous créer un personnage qui n’est pas vous pour mieux vous faire accepter des autres. La déprime apparaît comme la fièvre qui prévient d’une infection dans le corps. Ici, elle vous alerte d’une opposition, d’un combat intérieur. Votre "moi" véritable se bat pour sortir et enfin s’exprimer. Refuser de répondre à cet appel peut vous faire passer à côté de l’épanouissement.
La voie vers l’épanouissement
- Apprenez à être vous-même. N’ayez plus peur d’être ce que vous êtes. Si on vous dit quelque chose qui vous blesse, faites-le remarquer. Ne gardez plus ça en vous ! Les personnes autour de vous ne vous en aimeront pas moins. Au contraire, vous leur donnez plus d’informations pour leur permettre de vous comprendre et vous cerner. Laissez tomber le masque. Pleurez si vous en ressentez le besoin, isolez-vous quand vous sentez que c’est nécessaire. Ne passez plus le plaisir des autres avant le vôtre. Vous êtes en plein changement, en pleine mue. Vous devez apprendre à vous écouter, à écouter votre appel à l’aide intérieur.
- Vous ne devez pas avoir peur de perdre votre ancien "moi". C’est inquiétant, c’est difficile, mais c’est indispensable. Retrouvez cette autre partie de vous-même que vous avez laissée dans l’ombre, cette carapace pour pouvoir vivre et exister aux yeux d’autrui. Car, à présent, vous avez besoin d’authenticité et d’apaisement intérieur. C’est maintenant ou jamais. Vous devez faire la paix avec vous-même pour devenir ce que vous êtes vraiment.
- Soyez sans cesse en mouvement ! Le mouvement appelle le mouvement, et, par ce biais, nous en générons de l’énergie positive ! Cela vous aidera à sortir de votre déprime. Même pour regarder la télévision par exemple : ne restez pas sur votre canapé sans bouger ! Faites par exemple du vélo d’appartement. Lorsque vous téléphonez, allez en même temps vous promener, etc.
- Posez-vous les bonnes questions : De quoi ai-je envie ? Continuer ce travail ou arrêter ? Cette amie est-elle vraiment bénéfique pour moi ? De quoi ai-je besoin ? Etc. Cela vous permettra de savoir exactement où vous souhaitez vous diriger.
- Rapprochez-vous du spirituel. Que vous le vouliez ou non, cette question va s’imposer à vous. Vous avez besoin de revenir à l’essentiel. Allez à des cours de Torah, parlez à des Rabbanites qui sauront vous diriger et répondre à vos questions, et lisez des livres sur les questions qui vous taraudent. Rapprochez-vous d’Hachem, votre âme vous le réclame.
- Afin d’atténuer votre sentiment d’inutilité, occupez-vous de quelque chose qui vous tient à cœur et pour lequel vous n’avez peut-être jamais trouvé de temps à consacrer, tels que du bénévolat, l’écriture de vos mémoires, des visites à des malades...
- On ne le dira jamais assez : faites-vous plaisir ! La déprime s’explique physiologiquement par un manque de sérotonine dans le cerveau. La sérotonine est sécrétée lorsque vous ressentez du plaisir ! Quoi de mieux pour se soigner ? C’est pour guérir ! Alors on n’hésite plus : voyages, activités sportives, spa, shopping, dîners en amoureux, etc. Et ce n’est que lorsque vous vous sentirez mieux dans votre vie que les relations sociales suivront.
Ce n’est pas par hasard si la Torah compare l’être humain à un arbre. Cela prend un bon moment avant qu’un arbre arrive à maturité. Par exemple, le caroubier a besoin de 70 ans avant de produire de beaux fruits. De même, il faut beaucoup de temps, d’efforts et d’investissements avant de parvenir à nous réaliser en tant qu’être épanoui. À retenir : un arbre ne vieillit pas, il est en éternelle croissance…
Béatsla'ha !
Si vous avez une question à poser à la psy, envoyez un mail sur l'adresse suivante [email protected]. Mme Seyman essaiera d’y répondre et la réponse sera diffusée de façon totalement anonyme.