La société a, à sa disposition, plusieurs boîtes. La boîte du bosseur, celle du rigolo, la boîte de celui qui a réussi financièrement, de celle dont le physique ne laisse pas indifférent, la boîte du mari idéal, de la mère parfaite… Et nous, nous passons notre vie à vouloir rentrer dans certaines boîtes en fuyant comme la peste, d’autres boîtes.
Aurélie avait un rêve depuis petite fille, elle voulait devenir mannequin. Elle passait son temps à surveiller son alimentation - pour ne pas dire à s’affamer -, elle ne sortait plus avec ses amis, les quelques rares sourires qu’elle échangeait c’était avec sa balance lorsque l’aiguille affichait une perte de poids. Malgré tous ces efforts et ces sacrifices, la société n’a pas voulu d’elle dans la boîte « mannequin ». Plus de quinze ans de sa vie à se priver, plus de quinze ans de sa vie à espérer...
Jonathan voulait marquer l’histoire avec une invention d’exception. Combien de nuits il a passé à essayer, modifier, tenter. Mais la société avait décidé qu’il n’était pas digne de faire son entrée dans la boîte des savants. Aussi, elle l’a laissé en dehors du carton ne sachant pas quoi faire de sa vie devenue inutile, en plus de regrettée.
La société respecte les conventions, les formalités. Lorsqu’une personne sort un peu de l’itinéraire de base, lorsqu’elle cherche à trouver sa propre voie, elle est cruelle et l’abandonne à son propre sort. La société n’aime pas la nouveauté, elle la craint. Donner sa chance à quelqu’un qui ne répond pas aux « critères », représente un risque énorme, que la société n’est pas prête à prendre.
Imaginez quelle frustration de devoir mettre ses rêves et ses attentes de côté, sous prétexte qu’elles ne sont pas conventionnelles.
Avraham Avinou était le patriarche anti-conventionnel par excellence. Il laissait parler son cœur, et agissait avec une bienveillance débordante. Il était un être qui aimait son prochain et le servait avec bonté et générosité. A l’opposé, Its’hak Avinou, fils d’Avraham, était un être introverti au possible. Il était toujours en quête de réponses intérieures, il n’était pas tourné vers l’extérieur. Deux personnes tellement différentes, mais qui ont marqué notre histoire et inspiré nos vies jusqu’à présent. Deux Saints Patriarches. Preuve est donc que, contrairement à la société, la Torah n’attend pas de nous une attitude robotisée pour appartenir à telle ou telle catégorie de personnes.
Dans la religion juive, il n’existe pas ce système de boites dans lesquelles les gens sont « rangés ». Chaque personne sert son Créateur à sa façon, et c’est grâce à notre diversité et à la particularité de chacun que notre peuple est solide et unique.
Le service divin ne se quantifie pas, il ne se mesure pas, il ne se commande pas, il ne fait pas l’objet d’évaluation, il se vit et se ressent. Ainsi, nous ne pouvons pas donner une marche à suivre précise pour devenir le soldat d’Hachem idéal, hormis le fait d’agir avec son cœur.
Dans la ville de Sodome, ville qui cultivait l’avarice, les visiteurs de passage n’étaient pas vus d’un bon œil. Aussi, les habitants de la ville, dont le but était de décourager les voyageurs de passer par chez eux, avait une seule taille de lit, une « boîte », dans lequel l’invité devait s’adapter. Ainsi, les habitants de la ville coupaient les pieds aux visiteurs de grande taille et étiraient les membres aux petits de taille. Une cruauté sans nom afin que tous « rentrent dans la boîte ».
Le monde serait tellement triste à observer s’il n’avait pas toutes ses couleurs, ses odeurs et ses formes. La différence est preuve de richesse. Regardez chacun de vos enfants, celui-ci est calme, celui-ci est agité, celui-ci est bouboule, et celui-ci est serviable. Quelle explosion de vie que cette diversité.
La société continuera à nous imposer ses critères conventionnels pour paraître bien, pour penser bien, pour agir bien, la société continuera à nous faire croire que si nous n’avons pas les bonnes dimensions ou la bonne couleur de peau, nous ne valons rien, la société continuera à nous mettre dans des boîtes, mais à nous de refuser cet « enfermement », à nous de s’opposer à ce système.
Notre personne vaut tellement plus qu’un diplôme, qu’un salaire, ou qu’un tour de taille. Notre personne ne se définit pas par rapport à notre carrière, ou à la taille de notre maison. Notre personne, qui se compose de nos réussites, mais également de nos échecs, de notre sourire, mais également de nos larmes, de notre bien-être, mais également de nos angoisses, a une valeur qu’il est impossible de mesurer. Ne détestez pas vos défauts, appréciez-les au même rang que vos qualités parce qu’ils font de vous ce que vous êtes, ils font de vous cette personne unique et profonde, cette personne qui n’a pas d’égal. N’aspirez pas à un chiffre, n’aspirez pas à une mention, n’aspirez pas à un titre, aspirez au bonheur, à une vie vraie et simple. Vous n’êtes pas un numéro, vous êtes une magnifique personne, refusez d’entrer dans la boîte.