“Tu sais ce que lui a fait son mari ?”, “elle s’habille vraiment mal !”, “ses enfants n’ont aucune éducation...” Ce genre de petites phrases, nous les avons toutes entendues au moins une fois. Le Lachone Hara’ (médisance) est un interdit grave de la Torah, quand on en dit… mais aussi quand on en écoute. Alors comment faire quand on essaie de s’en préserver pour ne pas se retrouver pris en otage de la médisance ? Et s’il y avait une phrase imparable...
Que ce soit avec nos amis ou collègues, on parle, on juge, on écoute des critiques, des rumeurs. Si le Lachone Hara’ est un interdit grave de la Torah, le “Motsi Chem Ra” (la calomnie d’une personne alors que cela est faux) l’est tout autant. A la différence d’une autre faute, le Lachone Hara’ est un mal qui ne peut être réparé, c’est pourquoi il s’agit d’un interdit très grave qu’on enfreint, quand on en dit… mais aussi quand on en écoute.
Pourquoi on aime en dire… et en écouter ?
Parlons franchement : la rumeur, le commérage titille l’oreille, bien plus que lorsqu’on entend des informations sur l’actualité. Pourquoi donc ? D’après les psychologues, le motif principal derrière ces paroles est de tisser un lien social. Parler des autres permet de rapprocher les personnes. Cela crée une sorte de point commun qui n’implique pas. Si ma belle-sœur et moi critiquons la prise de poids de notre cousine, on peut tomber d’accord sans être vexées, puisque nous ne sommes pas visées. A cela, il faut aussi ajouter celles et ceux qui ne se sentent pas bien émotionnellement. Certains complexent ou se déprécient et forcément vont regarder leur entourage de la même façon qu’ils se voient : en négatif.
Le problème, c’est que, comme le Maharal de Prague nous l’enseigne : “il n'y a pas de pardon Divin possible ni de place dans le monde futur pour celui qui s'en rend coupable, car la parole synthétise les trois attributs humains : l'intelligence, le corps et l'âme”. Le langage médisant dégrade (NDLR : son auteur mais aussi celui qui l’écoute).
Pas simple de faire barrière
Si on a pris sur nous de ne pas parler sur les autres, de ne pas répéter des informations - vraies ou fausses - qui n’ont aucun but constructif, c’est déjà un grand pas qui nous rapproche de la conduite de nos Tsadikim.
Mais pour autant, comment faire pour ne pas subir et se retrouver à écouter du Lachone Hara’ ? Dans notre environnement social, nous ne pouvons tout simplement pas dire “stop” et quitter la pièce sans risquer de vexer notre interlocuteur et de générer des tensions.
J’ai moi-même été spectatrice d’une conversation entre deux personnes qui quittaient la synagogue un Chabbath matin. L’une disant que toutes les femmes juives de telle origine ont de mauvaises manières, l’autre répétant : “Je ne suis pas Mékabélèt du Lachone Hara’ (je n’accepte pas cette médisance).” Cela n’a pas pour autant freiné la personne dans sa tirade raciste, au contraire, elle a continué de plus belle. Par la suite, je me suis demandée pourquoi, et j’ai compris que l’auteur de ces mauvaises paroles avait parlé sans réaliser ce qu’il disait et qu’à aucun moment la mise en garde de son interlocuteur ne l’avait remis en question.
La phrase imparable
J’ai donc ensuite réfléchi à une façon astucieuse de mettre fin à ce Lachone Hara’ sans pour autant “perdre” tous mes amis et mes proches :)
“Pourquoi tu me racontes ça… à moi ?”
Une phrase toute simple, n’est-ce pas ? Elle est pourtant très efficace !
Cette simple question a le pouvoir en quelques secondes de changer toute la conversation.
Tout d’abord, elle oblige la personne à s’arrêter dans son débit et à réfléchir à ce qu’il est en train de dire et pourquoi elle veut nous en faire part.
Ensuite, on lui fait comprendre, de façon respectueuse mais claire, que nous nous distançons de ce qu’elle est en train de nous dire. Nous ne rentrons pas dans la conversation et cela n’est pas la peine de continuer.
Enfin, cette question a le mérite de mettre fin à la conversation immédiatement. Qui aurait envie de continuer à parler quand il n’y a personne pour écouter attentivement ?
J’ai depuis fait l’expérience et, systématiquement, j’ai pu mettre fin à une conversation qui n’était pas Cachère. Après tout, ce qui entre par mes oreilles a autant d’importance que ce que je mets dans ma bouche.
J’espère que cette question, courte mais ô combien efficace, vous aidera au quotidien à éloigner le Lachone Hara’ de vos vies...
Béhatsla’ha à toutes !