Le test est positif. Je suis enceinteeeee !
“Est-ce que je n’aurais pas bu trop de vin Chabbath dernier ? De quand date mon dernier cours de gym ? Est ce que les crudités du restaurant étaient bien lavées ?” Et nous voilà déjà en train de faire connaissance avec « Mme Culpabilité »… À cet instant précis où l’on réalise qu'Hachem nous a accordé ce miracle d’attendre un enfant, elle se fond en nous et ne nous quittera plus (jamais ?)...
Une culpabilité innée
Pas assez sévère, trop laxiste, trop fusionnelle ou trop stressée, lorsque l’on devient maman on se sent toutes coupables, sans compter que l’entourage est toujours présent pour nous donner des conseils pas toujours indispensables.
Il y aura toujours la copine pour nous rappeler que le manteau de notre fille n’est pas assez épais ou la concierge pour nous dire que notre enfant est très « émotif » (comprenez bien « mal élevé »). On entendra souvent que le fils de notre cousine est extrêmement poli ou que la copine de la crèche a parlé couramment à 15 mois. Il y aura toujours des enfants plus forts ou mieux éduqués que les nôtres mais ils n’auront jamais l’étincelle de nos petits bouts. Les nôtres sont uniques et chaque enfant a sa personnalité, son rythme et son histoire. Un enfant vit au rythme de ses parents et grandit dans un univers très personnel. L’un fera ses dents à 3 mois, l’autre sortira sa première à 14 mois. L’un marchera à 11 mois et l’autre se mettra à quatre pattes à 18 mois. Cela ne veut strictement rien dire ! Chaque enfant développe ses capacités et travaille son esprit cognitif comme il le peut, et chaque maman éduque et apporte l’amour à ses enfants comme elle le peut aussi.
“On doit, il faut, on ne peut pas…..” Et Mme Culpabilité me revoilà.
Pourquoi les mères culpabilisent autant ?
En réalité, les seuls coupables sont les dictats de la société qui entrainent une comparaison avec l’autre en permanence. Dans les cultures où l’éducation est davantage collective, la culpabilité est moindre car la mère n’est pas dans la “toute-puissance”. On l’aide, on la soutient. Elle se trompe, répare et continue son chemin.
Alors pourquoi ce sentiment de culpabilité, très présent dans la société occidentale, nous oppresse et nous empêche de vivre pleinement notre rôle de maman ?
Parce que jeune maman, on pense souvent que normalement ça devrait aller tout seul. On veut des enfants, on les met au monde en pensant qu’être maman est chose innée. On fantasme notre rôle de mère. Cette idée qu’être mère va de soi et que tout sera facile… Donc quand notre bébé pleure un peu trop ou se réveille encore à 3 mois, Mme Culpabilité est super forte pour nous dire que nous ne sommes pas à la hauteur de nos espérances. Toutes les autres y arrivent, alors pourquoi pas nous ?
« Pourquoi je n’ai pas allaité ? Comment l’aider à dormir ? Suis-je une bonne mère ? Est-ce que je leur transmets de bonnes valeurs ? Est-ce que j’en fais assez ? Suis-je trop dans l’affect et pas assez dans l’action ? Je ne suis pas une bonne mèreeeeeeee ! ».
On a tendance à confondre le rôle de maman avec le fait de TOUT bien faire. Bien porter son bébé dans son ventre, bien accoucher, bien soigner et éduquer mais c’est souvent plus compliqué que simple. C’est le propre de la maternité. Il faut accepter que l’amour que l’on porte à notre enfant se différencie de l’attitude et de la transmission parfaite maternelle. On ne peut pas tout gérer, encore moins tout réussir. Oubliez cette idée. Vous ferez des erreurs, vous raterez, vous douterez et vous recommencerez, comme toute maman qui se respecte.
Et n’oubliez pas que le vrai défi n’est pas de ne jamais tomber, mais de se relever et d’avancer ! Comme l’enseignent nos Sages : “Le Juste tombe sept fois et se relève !”. Si vous marchez sur une route et trébuchez sur une pierre, vous avez alors deux manières de réagir : vous focaliser sur cette pierre de peur de retomber et perdre de vue votre destination... Ou accepter d’avoir trébuché et vous relever en restant concentrée sur la route !
On a toutes le droit aux erreurs, qui ne sont pas des échecs mais au contraire des tremplins pour apprendre à agir et réagir de façon plus sereine.
L’effet néfaste de la culpabilité
Mme Culpabilité provoque aussi un sentiment d’anxiété qui épuise et nous enferme dans des émotions négatives que l’on retransmet ensuite à nos enfants. En focalisant trop sur notre mal, on s’ouvre moins à notre famille et son épanouissement.
Être coupable est une expérience émotionnelle désagréable qui ne nous rend pas meilleure mère sur le long terme, mais elle nous permet aussi de nous remettre en question et d’avancer sur les choses essentielles.
C’est un travail quotidien, la mission d’une vie mais j’essaie tant bien que mal de lâcher ce sentiment si douloureux de culpabilité maternelle.
Je n’ai plus envie que mes enfants pensent que je suis parfaite, je veux qu’ils sachent que je suis parfois (souvent) fatiguée, triste, de mauvaise humeur et puis que non, je ne suis pas un dictionnaire ou une cuisinière 24h/24. Je veux sortir sans souffrir, manger sans me presser, faire du sport ou me détendre sans stresser. J’ai travaillé sur ça et je me suis aperçue que si je sais pourquoi je le fais, mes enfants n’auront plus besoin de se poser la question. Ma mère le fait, c’est donc bon pour elle et pour nous ! Je sais que je suis sur le bon chemin lorsque ma fille m’embrasse fort quand je sors et me dit « Profite bien maman, je t’aime ! ».
8 conseils pour moins culpabiliser !
- Prenez conscience de ce sentiment de culpabilité pour le reconnaître et l’accepter.
- Essayez d’en rire ! Partagez vos sentiments de culpabilité entre amies… En voyant que vous n'êtes pas la seule à les ressentir, ça vous fera dédramatiser !
- Posez-vous la question : et si là tout de suite je ne faisais pas ce que je dois faire, il y aurait des conséquences graves ? Vous verrez que dans bien des cas, la réponse est NON !
- Ecoutez-vous ! Vous avez envie de dormir, de vous détendre avec des amies, allez-y ! On doit trouver des moyens de se ressourcer et de retrouver l’énergie nécessaire à l’éducation de nos enfants. Ils ne s’en porteront que mieux !
- Ne vous fatiguez pas à vous justifier auprès du concierge ou de la maman de la crèche, laissez couler !
- Assumez vos choix ! On ne fait pas les petits pots maison mais on passera plus de temps à jouer aux Lego, on n’allaite pas mais on s’octroie des moments de libre avec les plus grands. En assumant vos décisions et vos failles, vos enfants seront encouragés à les assumer eux-même plus tard.
- Acceptez que le développement de votre enfant se fait par phases et jamais de façon linéaire, et que vous n’en n’êtes pas responsable !
- N’oubliez jamais que si Hachem vous a confié cet enfant, c’est que vous êtes la plus apte à bien vous en occuper !
Béhatsla’ha !
Dorothée Most