« Faire attention à ce qu’on fait rentrer dans la bouche, mais surtout à ce qui en sort », m’avait dit Rav Frankforter à l’époque où je créais une crèche parentale « Cachère » à Boulogne en 1989, avec d’autres futures mamans.
Sur le coup, je n’ai pas bien compris le message, mais quelques temps plus tard, il est devenu limpide… (Il faut parfois du temps pour comprendre des paroles de nos Sages !)
Effectivement, il est important de respecter les règles de Cacheroute, mais aussi et surtout celles du « Lachone Hara’ » ou du « bien-parler » !
Fidèle aux cours du Rav les mardis pour les femmes, rue Cadet, pendant près de huit ans, je l’entends dire, en début d’année :
« Nous allons étudier les lois du Lachone Hara’, c’est-à-dire la mauvais langue. »
Et là, je me suis dit : « Une année pour étudier ces lois, c’est ÉNORME !!! »
Pour moi, on pouvait les résumer succinctement :
« Ne pas dire du mal de son prochain », et c’est tout !!!
Eh bien non, une année entière n’a fait qu’effleurer le sujet…
L’étude du livre du ‘Hafets ‘Haïm spécialisé sur ce sujet, avec tous les cas possibles de paroles à bannir, a été une véritable révélation. Chaque cas requiert une réflexion et un temps de compréhension pour éviter de tomber dans le piège des mots dits trop vite, sans réfléchir aux conséquences possibles.
Un trésor que l’on doit étudier pour grandir et faire grandir son environnement proche.
Progressivement, la mise en pratique de ces lois m’a fait changer radicalement mon mode de penser. Pourtant, instinctivement, je m’éloignais de tout ce qui était négatif. Mais, ne plus dire ou ne plus écouter de « Lachone Hara’ » relève d’une vigilance de tout instant. Cela mérite une attention particulière au début. Les paroles prononcées ou entendues, sont rarement le fruit de réflexions préalables.
Or, cela requiert une veille réelle.
Le fait de réfléchir avant de parler, nous amène à penser positivement sur des personnes ou des situations, en les jugeant « Lékaf Zekhout », avec des circonstances atténuantes. On n’est pas Hachem pour connaître la réalité des situations, ni pour les juger…
Car souvent, on ne sait pas ce que peut être la vraie histoire …
Par exemple, si je croise une connaissance dans la rue et qu’elle ne me dit pas « Bonjour », je me dis qu’elle est myope ou ne m’a pas reconnue. Ou bien qu’elle est préoccupée par quelque chose…
Quelle merveille de vivre dans le positif ! On ne « se prend pas la tête » avec des suppositions souvent infondées… « Tourne ta langue 7 fois dans ta bouche » est un proverbe très utile et tellement vrai. Se demander, avant de dire quelque chose, si cela va faire avancer ou pas… et souvent il est préférable de s’abstenir…
Même son enfant, qui a pu faire quelques bêtises, reprend confiance en lui, si on ne le juge pas sévèrement, mais avec empathie et amour. Lui demander : « Que s’est-il passé ? » et écouter sa version et lui dire : « ah bon, tu n’as pas fait exprès alors… »
C’est, je pense, la meilleure façon de l’accompagner dans son chemin vers l’autonomie. Ne pas juger l’enfant mais l’acte qu’il aurait fait…
Loin des informations négatives véhiculées par les médias, uniquement occupés par la marche défaillante du monde (c’est l’info-diète, un nouveau régime !), je m’attache à voir le positif en chaque personne et dans chaque situation. Se concentrer sur la valorisation des individus dans ce qu’ils sont potentiellement, leur permet de mieux grandir et moi de rester en paix avec eux.
Se valoriser soi-même, même dans nos imperfections, est aussi un moteur pour continuer notre route et nos tâches dans la joie.
Le monde créé par Hachem est merveilleux. Le printemps se montre dans la nature, il est magnifique, avec des couleurs splendides. Le soleil réchauffe nos cœurs et l’amour que l’on donne et que l’on reçoit est si précieux…
Alors remercier, être reconnaissant pour tout cela, est la première des actions à faire. Le matin, dire « Moda Ani », « Je te remercie » crée les prémices d'une belle journée.
Penser, parler et agir de façon positive est le meilleur médicament pour vivre en harmonie avec le monde autour de nous.
Si je suis actrice de ma vie et que je joue le rôle principal, dans le film que j’ai décidé de réaliser, je peux vraiment avancer. Mon environnement reflète mon état d’esprit. Si je souris, les autres sourient aussi, si je ris, les autres aussi… et si je parle positivement, les autres aussi… Alors qu’attendons-nous ?
Choisissons notre vie et son scénario. Tout est là devant nous pour notre plus grand bonheur. À nous de vivre et de faire vivre notre environnement avec des mots d’encouragements et de dynamisme.
Vive la vie au positif…
Si des mots négatifs me viennent à l’esprit, je me donne un gage comme mettre un euro dans une boîte dédiée à cela. Et petit à petit, je m’imprègne de bonnes pensées et paroles.
Pour conclure, tel un muscle que l’on entraine chaque jour pour le fortifier, je travaille cet art de penser, parler et agir positivement. Je peux ainsi vivre de manière bien plus épanouie.
J’en profite pour rendre hommage au Rav Frankforter, cité plus haut. Il m’a guidée avec ses magnifiques enseignements.
Il parlait du Maguid de Kojenitz en Pologne, d’où venaient mes grands-parents… Et j’avais soif d’apprendre encore et encore sur mes ancêtres bibliques et familiaux ainsi que sur leur apport au monde du « Shtetl »…
Et surtout, je le remercie pour son écoute active, lors de la création de la crèche parentale, où sont maintenant inscrites mes petites-filles, pour mon plus grand bonheur !
Je peux ainsi créer, moi aussi, à mon humble niveau, un monde merveilleux seulement par des mots choisis à l’image d’Hachem qui a créé le monde par les dix paroles…