Je me tiens quelque part sur l'océan, entourée de deux îles, aussi proches qu’éloignées l’une de l’autre. J'ai si froid, je me sens si seule. Où est tout le monde ? J'entends des pas à ma droite et je me retourne. Je distingue au loin une silhouette, une silhouette qui se rapproche peu à peu. Lentement, je reconnais les traits de son visage qui se dessinent : mon cher papa. Papa tend son bras, mais malgré ses efforts, il n’arrive pas à se rapprocher, il reste loin et je reste seule. Je cherche maman, mais je ne la vois pas du côté de papa. J'entends des pas à gauche, je me retourne. Je devine un visage, un visage aussi familier et aimé que le premier. Mon monde devient noir - je suis si seule dans un océan si vaste. Je détiens une quantité énorme d'amour, mais elle est divisée entre deux cœurs. Il y a 14 ans, j'avais 3 ans. Mon monde s'est brisé, enfoui à jamais dans un gouffre sombre et irréparable. À 3 ans, j'ai perdu mon identité…

La force d’un sourire

Permettez-moi d’essayer de vous expliquer ce que c’est que d’être moi : j’ai 17 ans et c’est tout. Je n’ai pas vraiment d’identité. Où j'habite ? C'est trop compliqué à expliquer. J'ai plusieurs chez-moi et pourtant je ne suis véritablement chez moi nulle part. Mes parents sont là pour moi, sans être là l’un pour l’autre. Grandir de cette façon était difficile - il est impossible de survivre au sentiment de séparation, à la solitude, à l'espace vide qui s’est logé dans mon cœur, pourtant quelque chose s'est passé. Quelqu'un m’a tendu une main aimante, quelqu’un m'a souri et m'a montré que je méritais son attention, que j’avais droit aux sentiments d’amour et de considération au même titre que n’importe qui et que j’étais une personne à part entière, peu importe mon histoire et mes antécédents. Quelqu'un m'a remarquée et m'a souri.

Savez-vous ce que fait votre sourire ? Votre bonjour ? Votre coup de fil ? Votre message ? Savez-vous combien d’estime de soi vous pouvez ajouter à la vie de quelqu'un ? Combien de lumière vous pouvez donner pour ensoleiller sa journée ? Savez-vous que lorsque vous considérez la fille qui dort dans la chambre d'à côté, vous l'empêchez de quitter le séminaire ? Quand une personne a le sentiment que les gens la remarquent, elle se sent tellement mieux, tellement plus valorisée, et c’est l’encouragement dont elle a besoin pour l’aider à continuer, à se battre. 

Chacun d’entre nous se fraie son propre chemin dans la vie. Nos chemins peuvent être difficiles, mais ils sont larges - de sorte que nous puissions y intégrer de nombreuses personnes. Vous ne vous doutez pas des défis qu’elles doivent relever au quotidien. Tout le monde mérite cette attention, tout le monde compte. Si vous donnez de votre personne aux autres, les autres feront pareil et vous donneront d’eux-mêmes en retour.

Garder la Émouna (foi)

La vie est dure, c’est ce qu’elle est censée être, sinon quel serait le but de la vie ? Vous devez avoir la Émouna pour comprendre que tout ce qui arrive est pour le bien. N'oubliez pas que nous ne regardons le monde qu'à travers un trou de serrure minuscule, de la taille du chas d’une aiguille. Nous ne pouvons pas voir l’ensemble du tableau, mais seulement l’infime partie qui est sous nos yeux. Et bien que nous ne puissions pas voir la situation dans son ensemble, nous nous devons de croire que ce qui se passe est pour le bien. Et maintenant si l’on se penche sur l’autre côté, l’envers du tableau, on voit que chaque épreuve ​​est là pour nous aider à grandir, pour nous aider à atteindre les objectifs que nous souhaitons atteindre, mais uniquement si nous les utilisons comme tremplin. 

Peu importe si vous tombez, vous devez vous relever et utiliser cette chute pour vous aider à atteindre le niveau supérieur. Il y a tellement de choses que vous pouvez accomplir si vous n'abandonnez pas, il y a tellement de choses que vous pouvez devenir. Peu importe d’où vous venez, si vous le voulez, vous le pouvez. Vous pouvez vous construire pour être un modèle pour les autres. Mais c’est vrai c’est difficile, je ne vous cache pas qu’il y aura beaucoup de chutes, mais vous DEVEZ regarder les chutes de façon positive, vous devez sourire et vous remonter, c’est ça avoir la Émouna, la foi. Être conscient de la difficulté mais également être conscient que si vous le voulez suffisamment fort, rien ne vous empêchera d’atteindre votre but. 

Une seule condition pour y arriver : vous devez avoir une attitude positive. Souriez et même quand vous pleurez, SOURIEZ À TRAVERS VOS LARMES, souriez les yeux humides mais continuez toujours de sourire ! Ne soyez pas gênés de pleurer, et quand vous le ferez, parlez à Hachem. Tout ce que fait Hachem est pour le bien. Souriez et remerciez Hachem pour chacune des épreuves qu’Il vous a envoyées, car si on est intimement convaincus que nos épreuves nous ont été envoyées pour notre bien, nous ne pouvons que Lui être reconnaissants et Le remercier !

La force de notre identité !

Je revois cette petite fille de 3 ans que j’étais, cette petite fille qui pleurait l’absence de son papa, cette petite fille innocente dont l’unique but était de faire plaisir à papa et maman, de les rendre heureux. Puis, en revoyant cette petite fille, je suis arrivée à la conclusion que tout ce qui se passe ici-bas est une parabole pour ce qui se passe là-haut. Est-ce que je vais pleurer, Hachem, où es-Tu ? Non ! Parce que je sais qu'Il est toujours là, avec moi. Mais est-ce que je vais souhaiter de tout mon cœur et de toute mon âme faire ce qui est juste ? Pour lui plaire ? Pour le rendre heureux ? Oui ! Absolument !

J’y réfléchissais un peu et je réalisais tout d’un coup : j’avais retrouvé mon identité : JUIVE ! Ici-bas, nous n'avons qu'une identité : les Juifs, Yéhoudi ! Nous n'avons qu'un seul D.ieu, Hachem ! En fin de compte, lorsqu’on élimine toutes les externalités, on réalise que notre judaïsme est la seule identité qui compte. SOYONS FIERS DE CELA ! Supprimez toute parcelle de judaïsme de votre existence et vous vous rendrez compte que sans elle, vous ne faites rien. Le judaïsme n’est pas une étiquette, c’est NOUS, c’est notre essence, c’est qui nous sommes intrinsèquement. Les commandements et les lois, ce ne sont pas des bagages lourds à porter, c’est notre bâton de marche ! Nous sommes nés pour suivre ces commandements et garder ces lois ! 

En ne gardant pas ces lois, on s’autodétruit, étant donné que la Torah est « ’Haïm », c'est ce qui nous donne la vie. En ne respectant pas la Torah, on creuse un énorme fossé entre nous et Hachem. Hachem est notre meilleur ami. Voulons-nous réellement Le repousser ? En Le repoussant, on ne fait que s’enfoncer dans une horrible solitude et on s’éloigne de ce que l’on est, de nous-même et de notre identité. Par contre, en agissant de la bonne façon et en rendant Hachem heureux, on obtient la joie ultime et la paix intérieure. Et n’est-ce pas finalement ce que tout le monde recherche dans la vie ?

Lorsque mes parents ont divorcé, je n’avais d’autre choix que d’accepter cette séparation, mais aujourd’hui j’ai le choix de NE PAS me séparer du Créateur du Monde ! Nous avons tous ce choix ! Et non, ce n’est PAS facile, c’est pourquoi nous sommes tous ensemble sur cette planète, nous devons nous porter main forte les uns les autres. Mais n'oubliez jamais : vous êtes une âme juive PRECIEUSE ! Vous devez avoir la Émouna - même lorsque les choses se compliquent, surtout lorsque les choses se compliquent ! Et vous n’avez pas besoin d’avoir peur ! Hachem est toujours là, Il nous tient la main, plus encore Il nous porte dans Ses bras, nous aidant sur notre chemin. N’oubliez jamais : vous n'êtes jamais seule !

Témoignage de Jessica H.