Le principe même de l’amour implique des notions d’estime de soi, et d’appréciation de l’autre. Rabbi Na’hman nous encourage à être clément envers nous-mêmes, et à nous juger positivement. Nous sommes ce que nous sommes, et D.ieu nous aime comme nous sommes. Nous sommes ce que nous sommes, ce qui n’exclut pas le progrès – mais au contraire le stimule encore plus…
Ce que nous aimons ? C’est ce que nous pouvons clairement désigner comme « bon », « bien », en nous, comme en l’autre. Une certaine physionomie, une personnalité attirante, une forme d’intelligence et de talent, toutes choses qui ont de l’importance peuvent nous séduire ; c’est le « bon » de l’autre qui éveillera notre amour pour cet autre. Aussi pouvons-nous dire que l’amour est le sentiment d’attachement, qui naît de notre appréciation de la perception favorable de l’autre, du « bon », du « bien » de l’autre.
Chercher le bien ou « Aime ton prochain comme toi-même. »
Nombreux sont ceux qui, dans leur relation amoureuse, font l’erreur de se concentrer sur les défauts. C’est tellement plus facile de critiquer et ainsi de tout anéantir ! Aussi, si au cours d’une dispute, vous « n’aimez plus » votre mari ou épouse, c’est que vous avez visé la cible « défaut ». Chaque être humain, - même celui que nous n’aimons pas ! – possède des qualités. Aussi, concentrez-vous sur les qualités de l’autre. Peut-on détester des qualités ? Et qui n’en a pas ? Efforçons-nous de voir ce qui va bien chez l’autre, ce qui fonctionne, ce qui est fort et estimable, le lieu de son « bien ». Ce que j’aime.
Ce centrage volontairement exclusif, ce zoom sur le positif, avec un certain apprentissage, nous aidera à aimer facilement. À ce sujet, consulter la Torah Azamra de Rabbi Na’hman. Les points moins positifs deviendront secondaires et nous ne les verrons même plus. Chacun de nous possède un bien pur parce que le Bien émane de D.ieu et ce bien est incorruptible. Pour faire émerger ce point, Rabbi Na’hman nous recommande l’indulgence ; il faut juger chacun, en tenant compte de son mérite, c’est-à-dire positivement. Nous devons être indulgents envers les autres et envers nous-mêmes quelles que soient les défaillances. Si l’on regarde l’autre avec indulgence, la balance penchera en faveur de ses mérites.
Les Tsadikim, qui sont emplis d’indulgence à notre égard, nous aident à nous reprendre, à faire Téchouva en prenant toujours en compte nos mérites. Cette indulgence n’est pas une faiblesse, mais une force car elle nécessite concentration sur le bien, jugement positif et optimisme.
Je vous propose un petit exercice utilisé dans les ateliers de développement, pour apprendre à aimer…
Il consiste à identifier des qualités humaines. Cet exercice cherche à faire apprécier ce qu’il y a de bon chez votre conjoint(e) et pourquoi pas en vous-même. Aimer, autant que nous nous aimons nous-mêmes !
Il s’agit de dresser une liste de qualités à identifier, et plus vous prendrez conscience des qualités potentielles, plus vous apprécierez les autres. Je vous suggère de dresser en premier lieu votre liste personnelle, et je vous propose une liste non exhaustive de qualités que vous consulterez ensuite. Améliorez-la et toutes les personnes autour de vous en profiteront. À vous de jouer !
Affable * aimable * Assidu * Adroit * Agréable * Aimant * Altruiste * Ambitieux * Amical * Assuré * Attentif * Attentionné * Accompli * Bon * Bâtisseur * Bienveillant * Calme * Chaleureux * Charismatique * Charitable * Cohérent * Compatissant * Confiant * Consciencieux * Coopératif * Courageux * Créatif * Décideur * Détendu * Digne * Diplomate * Discret * Doux * Droit * Économe * Efficace * Endurant * Énergique * Enthousiaste * Équilibré * Équitable * Érudit * Explicite * Expressif * Facile à vivre * Fiable * Gai * Généreux * Habile * Honnête * Humble * Idéaliste * Intrépide * Logique * Loyal * Mature * Méthodique * Moral * Novateur * Opiniâtre * Optimiste * Organisé * Original * Ouvert * Ordonné * Persévérant * Pondéré * Pardonnant * Patient * Perspicace * Poli * Ponctuel * Pratique * Productif * Propre * Prudent * Passionné * Respectueux * Réaliste * Reconnaissant * Raisonnable * Réfléchi * Responsable * Sage * Savant * Stable * Solide * Sérieux * Sincère * Souple * Spirituel * Talentueux * Travailleur * Tendre * Tolérant * Vif * Vigoureux * Volontaire.
Maintenant que vous éprouvez tellement de sympathie pour votre cher(ère) mari (épouse), ne vous semble-t-il pas que vous pouvez approfondir votre amour à l’ensemble des êtres humains ? Cette focalisation sur le positif nous aide à nous aimer nous-mêmes et à aimer les autres. Cela agrandit le cœur et permet de regarder ceux qui nous entourent d’un œil neuf, avec un cœur ouvert et élargi.
En fait, le Judaïsme idéalise cet amour universel et inconditionnel qui passe par la recherche des points positifs en soi et en l’autre.
Comment augmenter sa compassion pour les autres ?
Nos actions influencent et stimulent considérablement nos sentiments.
Par exemple réfléchir, méditer sur des pensées bienveillantes - comme vaincre la pauvreté dans le monde juif, aimer son prochain, avoir pitié des nécessiteux - peut peut-être nous aider. Mais l’expression de notre amour, notre compassion envers le prochain ne peut trouver son aboutissement que par une action – comme par exemple donner la Tsédaka (aumône). Cet acte, quelles que soient nos intentions, aura un effet boomerang sur l’ouverture de notre cœur.
Alors, comment approfondir, augmenter notre amour pour l’autre ? Quelle démarche concrète faut-il faire pour aimer davantage et augmenter notre amour ? Quelle action doit être approfondie ?
Donner conduit à aimer
Avez-vous observé qu’on aime les gens à qui on donne ?
J’ai vécu moi-même une expérience de ce genre lorsque j’étais étudiante. En été, je dirigeais un camp pour jeunes adolescentes. Le comportement de l’une des participantes me mettait mal à l’aise. Elle en faisait trop. Elle était toujours volontaire pour toutes les corvées et cherchait visiblement à se faire apprécier de moi. Son comportement me déplaisait, aussi j’ai décidé de m’entretenir avec elle. J’ai découvert une jeune fille dans un état de désarroi total, et je l’ai aidée à résoudre certains de ses problèmes. Je me suis attachée à elle, et nous avons gardé des relations après le camp. On aime les personnes à qui l’on donne.
Plus on donne, plus on aime. C’est pourquoi nos parents, qui nous ont donné bien plus que nous ne le saurons jamais, nous aiment sans aucun doute plus que nous ne les aimons nous-mêmes, et nous, en retour, aimons nos enfants plus qu’ils ne nous aiment.
Mais que donner ?
« Chéri(e), attends de voir ce que je t’ai acheté pour ton anniversaire – une perceuse électrique ou des livres de cuisine ! » Cela ne s’appelle pas donner ! S’il a acheté une perceuse, il n’a fait plaisir qu’à lui-même. Dans le cas des livres de cuisine, le cadeau peut s’interpréter de plusieurs façons, ce n’est pas un vrai don. Acheter une balance à une adolescente en crise qui a pris beaucoup de poids, ne peut pas s’appeler un don, car il a un goût acide. De même, lorsqu’un père force son fils à jouer du violon parce que lui-même a toujours rêvé de devenir virtuose, cela ne s’appelle pas donner.
L’émotion, c’est de l’énergie en mouvement, avec des hauts et des bas. L’émotion amoureuse ne peut survivre qu’à la condition d’être entretenue. On comprend qu’il faut donner pour entretenir le brasier, et donner ce que l’autre attend réellement, ce qui va le réjouir…