J’ai toujours fui toute forme de communautarisme lorsque j’étais plus jeune.
Peut-être parce que je n’arrivais pas à trouver ma place dans la communauté juive parisienne.
Peut-être parce que l’école laïque et républicaine m’a fait croire pendant longtemps que ma seule identité était française et que mon seul pays était la France.
Il a fallu que je parte pour la première fois en Israël à 20 ans pour comprendre que j’appartenais à un autre peuple, que j’avais un autre pays.
Il a fallu que j’explore ma relation avec D.ieu et que je réalise la valeur inestimable de ce qui nous avait été légué il y a plus de 3000 ans, pour me rendre compte que je faisais partie d’un peuple au-dessus de la nature partageant un destin commun.
Enfin, il a fallu que je casse mes croyances et que je ressente dans ma chair ce que l’on appelle la « A’hdout », la fraternité et l’unité du peuple juif, pour comprendre que je m’étais totalement fourvoyée dans la perception de mon identité.
Aujourd’hui, je pleure et je souffre avec les miens.
Aujourd’hui, je tremble d’émotion en voyant ces foules s’amasser autour des cercueils de la famille Bibas. Une famille que je n’ai pas eu la chance de connaître, mais que j’aime comme si c’était la mienne.
La connexion que nous avons entre nous est une chose inexplicable, indescriptible.
Il ne s’agit pas de communautarisme, il ne s’agit pas d’un simple entre-soi, c’est un lien qui nous anime, qui nous connecte spirituellement et émotionnellement au-delà des frontières, au-delà des origines, au-delà des classes sociales.
Aujourd’hui, je souffre avec eux, je souffre avec nous, et les mots me manquent pour exprimer à quel point j’aime ce peuple si singulier qui est le mien, à quel point j'admire sa force, son courage, sa résilience, son humanité.
En espérant que nous puissions garder ce feu d’amour pour le ‘Am Israël tout entier.
Car c’est précisément cela que notre Créateur attend de nous.
Que nous puissions hâter la Délivrance finale par la force de nos pleurs pour nos frères et sœurs juifs, ainsi que par notre amour gratuit, sincère et désintéressé.
Aurélia Kalifa