La plupart d’entre vous savent que les derniers jours de Pessa’h, alors que je prenais la parole à San Diego (Californie), j’ai souffert d’une grave blessure à la hanche qui nécessita une opération immédiate.
Trois de mes fractures ont guéri, mais la quatrième, non. A chaque pas (en dépit de mon compagnon constant, la cane), j’avais mal. Bien entendu, je tentai de ne pas abandonner la partie. Je poursuivais avec mon emploi du temps habituel composé de conférences et de cours. Mais mes voyages à l’étranger devaient être suspendus. Par exemple, je devais prendre la parole en France où je voulais particulièrement m’adresser à la communauté juive de Toulouse où l’horrible massacre avait eu lieu. Le Rav de la Yéchiva, avec ses deux jeunes enfants qui attendaient le ramassage scolaire, avaient été abattus par un fanatique musulman en moto.
Nous avions projeté un rassemblement de toute la communauté juive, où dans un élan de solidarité, je devais offrir à la rabbanite, veuve du rabbin, une médaille de Hinéni, pour symboliser que sa douleur était celle de tout le peuple juif.
Depuis Toulouse, je devais me rendre à Marseille, Lyon, Paris et Budapest, mais à présent, ces événements qui devaient me conduire dans de nombreux lieux où résident nos frères juifs, devaient être reportés.
Des semaines et des mois s’écoulèrent, mes espoirs d’être totalement guérie s’éloignaient, il devint apparent qu’une opération de plus serait nécessaire. L’opération devait avoir lieu le 10 octobre et je demandai sans vergogne à tout le monde de prier pour moi. Dans notre monde informatisé, l’Internet fait de telles requêtes un événement instantané. Je reçus des appels, des lettres et des e-mails pour une Réfoua Chéléma de toutes les parties du globe. Je me sentis bénie et renforcée en sachant que mes frères priaient pour moi et me souhaitaient du bien.
Alors que la nouvelle de mon état se diffusait, certains me demandèrent pourquoi je livrai des soucis très personnels et privés au public. Ma réponse était simple, elle tenait en cinq mots : LE POUVOIR DE LA PRIERE !
Oui, j’ai été souvent témoin du pouvoir de la prière. De mes propres yeux, j’ai vu que lorsque tout échoue, lorsque les experts déclarent que c’est inutile, que la situation est irréversible, que vous devez accepter la réalité et l’intégrer, le miracle de la prière transforme tout. Nous, le peuple juif, ne renonçons jamais. Notre force, notre puissance se trouve dans le « Kol, Kol Ya’acov, la voix de Ya’acov, la voix de la prière ». Cette petite voix peut tout vaincre. « Kavé El Hachem, Kavé El Hachem », placez votre confiance en Hachem, priez et priez encore (psaume 27). Avec des propos qui émanent du fond de notre cœur, nous déchirons les Cieux. Nous ouvrons des portes que même les meilleurs forgerons ne peuvent ouvrir ; vous comprendrez désormais pourquoi je me suis exposée en public en demandant à tous de m’avoir à l’esprit dans vos prières, Esther bat Myriam. Le 3 octobre, j’avais rendez-vous pour les procédures préopératoires. Tout était en place et il était prévu que je fasse l’opération, mais au fond de moi, j’espérais un miracle. Tout en écrivant ceci, je dois vous avouer que je réalise totalement que tout, mais absolument tout dans la vie, est miraculeux. Subir une opération et en ressortir en bonne santé est en soi un miracle impressionnant. Je me souviens il y a quelques années avoir été le témoin d’un accident de voiture tout en marchant vers la synagogue, c’était une vision effarante et je priai pour la guérison complète de l’homme. Un passant, visiblement ébranlé, me dit en Yiddish : « Rabbanite, men maynt… les gens pensent qu’il faut se rendre chez un rabbin pour une Brakha - une bénédiction pour trouver un Chiddoukh, un gagne-pain, etc., mais en vérité, il faut obtenir une Brakha pour quitter la maison et revenir en un morceau ! » Alors, oui, tout est un miracle. Tout se trouve sous le contrôle d’Hachem. Dans nos prières du matin, lorsque nous récitons les Brakhot et bénissons D.ieu qui ressuscite les morts, dans cette même bénédiction, nous louons aussi Son Nom pour le miracle de la pluie. A première vue, c’est difficile à comprendre. Comment la résurrection peut-elle être comparée à la pluie tombant des Cieux ? Nos Sages juxtaposent les deux Brakhot pour que nous ayons pour toujours à l’esprit qu’un miracle est exactement le même que l’autre, la différence étant dans notre perception de ces événements. La pluie est courante - nous la voyons souvent, donc nous ne voyons riens d’inhabituel ou de miraculeux à cette occurrence. La résurrection, d’un autre côté, est une expérience que nous ne vivons jamais, et en conséquence, tout ce concept est miraculeux. Je suis tout à fait consciente que tout relève du miracle. Comme je l’ai fait remarquer plus tôt, une opération réussie est en soi un miracle stupéfiant. De même, j’ai imploré D.ieu pour un miracle afin que tous voient et s’identifient avec le pouvoir de la prière. J’aspirais à continuer dans mon périple de tendre la main aux autres avec les enseignements de la Torah dans tous les pays où des Juifs sont dispersés. Je demandai à D.ieu qu’Il me guérisse naturellement, sans intervention humaine.
« Hachem, implorai-je, accepte de grâce les prières de notre peuple et les miennes également. De grâce, Hachem, accomplis un miracle qui sera évident pour tout le monde et révèle Ta main divine et miséricordieuse. Puisse-t-il y avoir une sanctification de Ton Saint Nom. Puisse tout le monde voir que Tu écoutes les prières et apportes ce que l’œil humain considère comme impossible… »
Quelques semaines plus tôt, j’avais fait un scanner et des radios, tous ces examens indiquaient que l’opération devait avoir lieu, mais contre toute logique, je priai pour le miracle de la guérison. Lorsqu’on me demandait à quelle heure mon opération devait avoir lieu, je répondais par un « si » elle a lieu. « Si ? », les gens me lançaient un regard perplexe. Ce à quoi je répondais : « J’espère une guérison magique de dernière minute qu’aucune main humaine ne peut accomplir ». Les gens me regardaient étrangement, mais leur langage corporel était clair : « Oh bien sûr, bien sûr ! »
Quant à moi, je fis une promesse que si, dans Son infinie bonté, D.ieu m’accordait un miracle, j’allais, avec l’aide de D.ieu, écrire cette lettre et la publier. Je dirai à tout le monde : la prière fonctionne !! Je demandai un autre scanner et espérai encore, contre toute logique, qu’il allait valider ma foi. Je retournai chez le chirurgien et j’attendis avec impatience pendant qu’il l’examinait.
Il se tourna vers moi, le sourire aux lèvres. Mon cœur battait la chamade. « Rabbanite, m’annonce-t-il, le processus de guérison a commencé. Vous n’avez pas besoin de venir vous faire opérer la semaine prochaine ! » Mes yeux s’emplirent de larmes de joie. J’ouvris mon livre de Psaumes et, le cœur empli de gratitude, je remerciai mon D.ieu. Bien entendu, je ne suis pas encore sortie d’affaire, et je dois revenir dans un mois pour voir si le processus de guérison continue, mais ma joie n’est en rien diminuée. Toute personne qui emprunte cette voie difficile de la vie sait que personne n’est jamais tiré d’affaire. Nous avons constamment besoin de l’intervention de D.ieu et de Sa main qui nous guide et nous montre la voie, nous conduit dans la dense obscurité vers la lumière.
Je suis renforcée. J’appelle mes enfants, et informe mes hôtes en France, Hongrie, Montréal et partout où je devais parler. C’est bon ! annonçai-je joyeusement. Avec l’aide de D.ieu, j’aurai encore le privilège d’enseigner Sa Torah et de disséminer Ses saintes paroles, « D.ieu tout-puissant, dis-je à voix basse la prière du Roi David, ouvre ma bouche… ».