Un camion décharge sa marchandise au bout de la rue. Sur le côté, un homme porte, le dos courbé, une pile de cartons.

Un passant le regarde. Il semble le dépasser de taille et être plus robuste. Le propriétaire des cartons décide alors, en voyant la différence de stature, qu’il est sûrement la personne la plus adaptée pour cette tâche…

Le passant se voit chargé d’une grosse caisse, mais en quelques secondes, il s’étale comme frappé par la foudre.

Pourquoi le porteur réussit-il à soulever un fardeau aussi lourd alors que le passant, a priori plus fort, n’y parvient pas ?

En fait, l’un s’est préparé à l’incommodité et l’autre non ! Le porteur s’attend à franchir un obstacle, mais le passant ne sait pas ce que l’on va lui demander. Il s’effondre alors sous le poids de la charge qu’on lui impose.

Nous passons tous des moments pénibles et nous devons nous mesurer à la réalité, avec beaucoup de force. Une anticipation adéquate nous permet de gérer au mieux notre vie !

Nous avons donc une astuce impressionnante pour parvenir à porter n’importe quel joug : la préparation. Plus on prévoit et plus on réussit à relever les défis !

Rav Wolbe, en expliquant la marche à suivre aux jeunes fiancés, leur conseillait d’adopter ce principe de vie. En effet, plus on est prêt face aux nouvelles expériences, plus nous les vivons sereinement !

Il préconisait au jeune marié de s’attendre à rentrer dans une maison désordonnée, à voir sa femme fatiguée, les enfants en pleurs. Son seul but devait alors être : aider et prêter main-forte.

S’il trouvait effectivement une maison telle que décrite ci-dessus, il aurait les forces psychiques et morales pour sauver la situation.

Et s’il retrouvait sa femme gaie, joliment vêtue, prête à le recevoir, des enfants calmes et une maison rutilante de propreté, il aurait tout gagné !

Par contre, s’il ne songe pas à cette éventualité, en pénétrant dans un foyer en effervescence, il s’emportera et son couple battra de l’aile…

La femme doit aussi s’attendre à voir son mari épuisé après sa journée de travail, aspirant à déguster un petit en-cas dans une maison agréable et à côté d’une épouse chaleureuse.

En ayant conscience de cet état de fait, elle ne sera pas déçue et pourra l’accueillir le visage souriant.

S’il revient du travail de bonne humeur, elle en sera doublement contente !

Vers quatre heures de l’après-midi, je rentre à la maison. Je cours au jardin d’enfants et chez la baby-sitter. Mes genoux s’entrechoquent lorsque je soulève mon fils de deux ans et demi et que je tente de pousser le landau de mon bébé.

« J’ai besoin de boire ! » murmurai-je « J’espère que Sarah a déjà ouvert la porte, je n’aimerais pas que les autres enfants m’attendent à l’extérieur ! »

Soudain, une idée me traverse l’esprit !

Je m’arrête un instant, en plein soleil et je me dis :

« Ne te fais pas d’illusions !

Pourquoi veux-tu que précisément aujourd’hui Sarah trouve la clé qu’elle a perdue ? La porte est sûrement fermée et mes trois petits bambins aux joues rouges doivent être impatients.

Il suffit de quelques minutes pour réchauffer les plats pour qu’ils soient déjà en train de se disputer sérieusement.

Lorsque l’un d’eux a un sachet de friandises, il désire évidemment l’ouvrir avant le repas devant les yeux convoiteurs de ses frères (heureusement, la dernière ne peut pas se mettre de la partie) !

Ils ont toujours un papier important à me montrer ou un examen à signer. Je dois m’intéresser, m’émouvoir de leur future sortie, expliquer ce qu’il faut préparer pour la fête qui aura lieu dans deux semaines…

Sans oublier que la cuisine hier étincelante va ressembler aujourd’hui à un vrai champ de bataille. Je vais découvrir des miettes de pain, des traces de confiture, sans parler de l’évier de lait… Peut-être même que l’un des enfants a renversé son lait au chocolat après avoir quitté la maison en courant…

« Je tiendrais bon, c’est le rôle que je dois jouer à présent et j’y parviendrai ! » se dit-elle.

Je sentis une poussée d’adrénaline me monter au cerveau. J’étais prête au combat, prête à gagner.

C’est dans cet état d’esprit que je suis montée à la maison.

Lorsque l’on se prépare moralement à vivre une situation pénible, on emmagasine des forces pour braver n’importe quoi. Et si l’impossible se réalise, que la maison soit ouverte, que les enfants boivent tranquillement, jouent gentiment et colorient dans une atmosphère agréable, quel sentiment ressentirons-nous alors !
 

***
 

Pour que l’individu puisse porter son fardeau, il doit faire preuve de courage et mobiliser toutes ses forces morales ! Un homme faible, las et affamé ne supporte rien !

Souviens-toi donc de ce conseil :

« Pense à te régénérer, à t’arrêter de temps à autre ! Consacre des moments pour boire, manger et te reposer !

Lorsque ton mari franchit le seuil de votre maison, occupe-toi de lui ! Sers-lui un en-cas et une boisson fraîche ! Dès qu’il se sera restauré et dès qu’il aura repris des forces, il parviendra plus facilement à te proposer son aide !