Trouver son Chidoukh est devenu un problème épineux qui a atteint des proportions catastrophiques dans le monde juif. Il y a des millions de bébés prêts à naître, tandis que la population des célibataires ne cesse d’augmenter… en dépit de tous les efforts d’individus et de chefs de communautés, la crise n’est pas passée. Il faut savoir que la première étape pour trouver le bon conjoint est de savoir ce que l’on recherche… la plupart des célibataires pensent le savoir, mais, malheureusement, ce n’est pas le cas.
Une qualité sur laquelle on ne peut faire l’impasse est de trouver un conjoint qui a bon cœur ; en son absence, tout le « package » va se décomposer. Mais comment savoir ce que l’on recherche lorsqu’on veut déterminer si un Chidoukh est bien ?
Depuis toujours, on explique aux célibataires à la recherche de leur âme sœur que la priorité numéro 1 est de déterminer si il/elle est béni(e) d’un bon cœur… mais ils se demandent comment ils peuvent être fixés sur ce point. En rendez-vous, il est facile de se laisser divertir par des éléments superficiels, comme l’allure, l’argent, le charisme etc, et c’est précisément pourquoi, dans le monde de la Torah, les parents mènent des enquêtes avant que leurs enfants se rencontrent.
Il est vrai que ces enquêtes ne sont pas toujours infaillibles. Il peut y avoir de nombreux pépins, mais, malgré tout, nous devons faire notre Hichtadlout, faire tout notre possible.
La première étape de ce processus est de connaître le contexte familial du/de la prétendant(e). Pour le meilleur et pour le pire, nous sommes tous des produits de notre passé. Même si, intellectuellement, nous rejetons la dysfonctionnalité à laquelle nous avons été témoins dans notre foyer, et jurer que nous n’allons jamais répéter les erreurs de nos parents, à notre grand regret, un grand nombre d’entre nous allons découvrir que non seulement nous sommes devenus des copies conformes de nos parents, mais pire, outre leurs aberrations, nous en avons ajouté quelques-unes de notre crû.
Par exemple, s’il vient d’une famille dans laquelle son père n’était jamais disponible, il y a de fortes chances qu’il ne verra pas la nécessité de se rendre disponible pour ses propres enfants. Et si elle est issue d’une famille dans laquelle sa mère était absente, il est très probable qu’elle négligera également ses enfants. Ou s’il vient d’un foyer dans lequel ses parents résolvaient leurs conflits par des prises de bec ou des échanges d’insultes, il pourra en faire de même. Et ceci est vrai au regard de toute une gamme d’attitudes. Dans certaines familles, tout devient problématique, et les chamailleries et l’animosité sont constantes. Il faut admettre que les conflits existent dans chaque mariage, mais dans un foyer où les parents ont bon cœur, sont respectueux entre eux, ils résolvent leurs conflits derrière des portes fermées, sans que les enfants ne le sachent. Par leur exemple, ils enseignent à leurs enfants l’art d’établir un bon foyer. Mais leurs investigations ne s’arrêtent pas là, car même dans les meilleures familles, il peut y avoir des problèmes, comme un fils ou une fille possédant de graves défauts. Les parents poursuivent leur enquête par des questions profondes à poser à des amis anciens et actuels, des camarades de classe, des colocataires, des collègues, rabbins, enseignants, moniteurs, amis et voisins.
Certes, malgré tous ces éléments, nous ne pouvons réellement savoir si les informations sont authentiques, mais ici aussi, les lois de la Torah viennent à notre secours.
Nous ne sommes pas autorisés à jaser ou à parler péjorativement des autres, mais sommes tenus de répondre honnêtement à des questions spécifiques concernant de potentiels candidats au mariage. Mais nous devons savoir comment poser les questions. Par exemple, plutôt que de demander : « Il est sympa ? » qui ne veut rien dire, nous devons nous concentrer sur des questions spécifiques qui reflètent le caractère et les valeurs du candidat. Comment s’entend-il avec ses collèges, ses camarades de classe ? Les aide-t-il ? S’emporte-t-il facilement ? A-t-il des rancunes ? A-t-il des humeurs changeantes ? Dépend-il de médicaments pour fonctionner ? Pense-t-il que tout lui est dû ? Est-il possessif et jaloux ? Comment gère-t-il son argent ? Est-il du genre à toujours emprunter de l’argent ? Donne-t-il de l’argent à la charité ? Ce n’est pas le montant qui compte, mais la manière dont il le donne, à contrecœur ou avec générosité (ceci ne s’applique pas seulement à l’argent, mais à toutes les formes de don). Peut-on se fier à ce qu’il dit ? A-t-il des habitudes autodestructrices ? Comment se conduit-il avec les membres de sa famille ? Se réfère-t-il à ses parents ou ses frères et sœurs péjorativement ? Dit-il du mal des autres ? Possède-t-il ce qu’on appelle en hébreu la « Sim’hat ‘Haïm », une attitude positive dans la vie, ou est-il lunatique ? Au final, nous ignorons ce que la vie nous réserve, et une attitude positive est l’une des qualités les plus remarquables que l’on peut posséder. Ce raisonnement s’applique autant aux hommes qu’aux femmes.
Les familles pratiquantes ont une responsabilité supplémentaire, celle de vérifier l’engagement religieux d’un partenaire potentiel… Les parents ne se contenteront pas de demander s’il va tous les jours prier en Minyan, mais ils voudront également savoir s’il arrive à l’heure, s’il prie ou bavarde pendant la prière, ou s’il consulte son portable ou envoie des sms… S’il n’étudie plus à la Yéchiva, ils voudront savoir s’il fixe des moments d’étude de la Torah.
Les mariages ne tournent pas au vinaigre sur ce qui se passe à l’ONU, à Washington ou à Jérusalem, mais ils deviennent des champs de bataille sur « des petites choses », qui, au bout du compte, ne sont pas si minimes.
Nos sages s’interrogent : « Qui est sage ? », et de répondre : « Celui qui peut prédire l’avenir ». De toute évidence, ils ne parlaient pas là de prophétie. Ils se référaient à la capacité de prévoir les conséquences. En fonction de certaines informations, nous pouvons relativement bien estimer le genre de conjoint ou de parent qu’un potentiel candidat au mariage sera. C’est pourquoi ces vérifications du contexte familial sont vitales, et tout ceci s’applique bien sûr aux deux sexes.
Le mariage est la décision la plus importante de la vie et affecte non seulement l’individu, mais aussi ses descendants pour les générations à venir. On n’est jamais trop prudent, et on doit prier pour obtenir l’aide d’Hachem.
A suivre…