On peut être utile à l’accouchée et à son bébé en les gratifiant de la bénédiction d’un Tsadik (un Juste). Outre le pouvoir qui lui a été conféré de changer la réalité pour le bien comme le dit le proverbe de nos Sages : « Le Juste décrète et HaKadoch Baroukh Hou execute », sa prière pure est mieux reçue dans les Cieux.
Une femme rentra précipitamment dans le Beth Hamidrache (la maison d’étude de la Torah) où étudiait Rav ‘Haïm Leïb Auerbakh, le père du Gaon Rav Chlomo Zalman Auerbakh. Elle était très nerveuse :
« Rav », dit-elle en pleurant, « Aidez-moi ! Ma fille n’arrive pas à accoucher et les médecins veulent faire une césarienne. Ma requête est que le Rav prie pour elle et qu’il décide pour nous si nous devons faire l’opération ou non ».
Le silence se fit alentour.
Le cœur de ceux qui avaient entendu s’arrêta de battre un instant. Il n’y avait pas une personne qui ne ressentit pas des pincements de cœur de compassion pour l’accouchée et sa famille. Maître du monde ! Aide-la !
Rav ‘Haïm Leïb se taisait lui aussi, son cœur débordant de miséricorde. Cependant, l’urgence de l’affaire ne lui laissa pas de répit pour réfléchir longuement. La question de la femme planait encore dans l’enceinte du Beth Hamidrache et attendait sa décision, et il répondit : « Dis à ta fille qu’elle ne fasse pas l’opération et qu’elle ait confiance en Hachem qu’Il va l’aider à accoucher facilement. »
Il semblait, à la voir, qu’un poids énorme de doute et de souffrance venait d’être retiré de son cœur. Elle se pressa de reprendre le chemin par lequel elle était venue pour regagner l’hôpital au plus vite.
Derrière elle, Rav Haïm Leïb resta pensif. Il tourna encore et encore la question dans sa tête et remis en cause sa décision : « En fait, si les médecins avaient jugé qu’il fallait opérer, c’est parce ce qu’ils étaient convaincus que c’était la seule manière de sauver la vie de la mère », les pensées se succédaient dans son esprit, « Et, comment ai-je pu lui permettre de ne pas procéder à cette opération !? »
Il se leva prestement pour essayer de la rattraper, or celle-ci avait déjà quitté les lieux depuis un bon moment et avait disparu…
Aucun de ceux qui se trouvaient dans le Beth Hamidrache ni aucun passant ne la connaissait ni ne savait d’où elle venait …
Rav Haïm Leïb regagna son logis le cœur brisé. Les membres de sa famille étaient déjà endormis, pourtant il les réveilla les uns après les autres et leur ordonna de s’asseoir et de dire des Téhilim pour la Réfoua (la guérison) de l’accouchée inconnue.
« Je n’étais alors qu’un petit garçon », témoigna son plus grand fils, Marane (en Araméen : notre maître), le Gaon Rav Chlomo Zalman, « pourtant, je n’oublierai jamais le flot de larmes que versa papa cette nuit-là, jamais je ne l’avais vu pleurer comme cela… »
Le matin, la mère arriva radieuse au domicile du Rav et les larmes aux yeux, elle leur annonça que sa fille avait accouché avec facilité et qu’elle et son petit bébé étaient sains et saufs. Elle remercia le Rav pour la bénédiction et le conseil qu’il avait donné, sans supposer le moins du monde à quel effort colossal cela était dû…