De même que le lait nourrit le bébé au niveau physique, il le nourrit également au niveau spirituel. En effet, chaque aliment que l’homme consomme rassasie deux parties : une partie spirituelle et une partie matérielle.
Le corps s’alimente de la nourriture terrestre et la Néchama, l’âme, se nourrit de la parcelle spirituelle se trouvant à l’intérieur de cet aliment, comme nous l’explique le Ari ‘Zal à propos du verset (Dévarim 8, 3) : « Pour te prouver que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais qu’il peut vivre de tout ce qui vient de la parole d’Hachem », dès le moment où Hakadoch Baroukh Hou a dit : « Que sorte de l’herbe de la terre », une force spirituelle a été créée qui permet de faire pousser les végétaux, comme nos Sages nous enseignent (Béréchit Rabba10) : « Auprès de chaque brin d’herbe et chaque grain de poussière un ange se tient et lui dit « pousse ! » ». Ainsi, chaque chose dans la Création est composée de deux facettes : l’une spirituelle et l’autre matérielle. Le corps se nourrit du pain de la terre, de la nourriture matérielle, et la Néchama de la parcelle de spiritualité se trouvant à l’intérieur. (Roua’h ‘Haïm 3, 3)
La mère juive a mérité de pouvoir extraire d’elle une nourriture possédant une force matérielle, mais également une force spirituelle avec lesquelles elle peut nourrir son bébé. Ainsi, au-delà des différences physiologiques existant entre le lait de vache et le lait maternel, existe également une différence au niveau spirituel.
Du lait provenant d’un endroit impur salit et abîme l’âme tout comme les aliments qui nous sont interdits à la consommation. Pour cette raison, Moché Rabbénou, qui fut amené dans sa vie adulte à parler avec la Chékhina, refusa de téter des femmes égyptiennes, comme il est dit (Chémot 2, 7-9) : « Sa sœur dit à la fille de Pharaon : « Faut-il aller quérir une nourrice parmi les femmes des Hébreux qui allaitera cet enfant ? » », et Rachi d’expliquer : « Des femmes des Hébreux : pour nous apprendre qu’à plusieurs reprises, on a voulu lui donner du lait des Égyptiennes et qu’il refusa à chaque fois parce qu’il était destiné à parler avec la Chékhina ».
Même s’il n’existe aucune interdiction pour un nourrisson de téter d’une non-juive, car un enfant de cet âge n’est pas soumis aux Mitsvot et que cela pourrait être dangereux pour lui, le fait de boire d’un endroit impur cause un dommage spirituel à l’enfant, de la même façon que de la nourriture périmée cause des maladies. C’est pour cette raison que la Halakha tranche (Yoré Déa Chapitre 61) : « Il ne faut pas prendre de nourrice étrangère pour le bébé. Il est mieux que ce soit une femme juive, car le lait de l’étrangère rend stupide et crée une nature mauvaise chez l’enfant ».
Si du lait provenant d’un mauvais endroit rend le cœur impur, alors à plus forte raison du lait provenant d’un cœur pur sanctifie et purifie le cœur du bébé. Nos Sages nous enseignent que tous les nourrissons qui ont été allaités par Sarah Iménou sont devenus bons et craignant Hachem. (Méam Loez sur Vayéra 21, 7)
L’influence du lait pur, même si ce fut sur une courte période, permit à Antonin, l’empereur romain, de se convertir au judaïsme à la fin de sa vie, d’étudier la Torah et de mériter le monde futur !
Il est rapporté dans le livre Ménorat Hamaor :
« Rabban Chimon Ben Gamliel avait circoncis son fils malgré le décret de l’empereur romain interdisant la circoncision sous peine de mort. Lorsque la chose parvint au palais, il fut convoqué avec sa femme et son nouveau-né à un jugement devant l’empereur. Sur le chemin, ils s’arrêtèrent chez des amis romains qui venaient eux aussi d’avoir un garçon. Ils leur demandèrent s’ils pouvaient échanger leurs bébés et laisser ainsi le nouveau-né circoncis chez eux. Ce bébé non-Juif n’était autre qu’Antonin qui devint avec le temps empereur. De ces quelques moments où il resta avec la mère de Rabbi Yéhouda Hanassi et où il goûta de son lait, il put en tirer la force de devenir un Juif à part entière ».
Nous avons donc vu l’importance de l’allaitement pour la santé aussi bien physique que spirituelle de l’enfant et nous trouvons dans les prières des gardes qui servaient au Beth Hamikdach une supplication particulière concernant les femmes enceintes afin qu’elles ne subissent pas de fausse couche et aussi pour « les femmes qui allaitent leurs bébés ». (Ta’anit 27b)
Ne rejette pas l’enseignement de ta mère…
L’allaitement se situe à un endroit proche du cœur de la mère. Ainsi, outre le fait que le bébé se nourrisse physiquement, il mérite également d’être attentif et réceptif au cœur, à l’amour de sa mère.
Dans cette position, son visage observe celui de sa mère. Il se sent en sûreté, protégé et aimé. Cette sensation de sécurité est même un symbole décrit dans les paroles du roi David qui affirme que celui qui met sa confiance en Hachem doit être « tel un nourrisson dans les bras de sa mère », tel un bébé qui tète sa mère et qui ne s’inquiète en rien de sa subsistance. Tout le temps où il se trouve près de sa mère, il est certain que celle-ci pourvoira à tous ses besoins.
Ceci forme l’assise de la vie sentimentale future du bébé ! En effet, celui qui reçoit amour et sécurité pourra transmettre cela aux autres. Celui qui a appris à se lier en observant sa mère pourra également observer les visages des autres et ainsi créer des liens dans la joie et la bonne humeur.
Il est important que tu saches et que tu réalises quel immense bienfait tu prodigues à ton bébé au moment où tu l’allaites. Tu ressens une pleine et profonde satisfaction. La sensation de donner, de prodiguer, d’apporter et d’influencer est un plaisir extraordinaire comme il en existe peu. Comme nous l’ont dit nos Sages (Pessa’him 112a) : « Plus que ce que le veau veut consommer, la vache veut donner encore et toujours ».
Ton bébé est là. Il grandit et s’épanouit. Il est lié à toi par de profonds sentiments d’amour, et toi, tu l’aides à se renforcer dans son corps et à développer ses capacités sentimentales. Ce n’est pas pour rien qu’au moment où le roi David se nourrissait dans les bras de sa mère, il la regarda et loua le Créateur en disant : « Bénis mon âme Hachem ! » (Midrach Téhilim103).
Il n’y a que toi, sa mère, qui sois en mesure de lui prodiguer un lait pur avec amour et sainteté comme notre mère Sarah, ou Yokhéved la mère de Moché ou encore ‘Hanna la mère de Chmouël ! C’est toi et toi seule qui a mérité de construire le monde sentimental de ton bébé. C’est toi qui le nourris, qui le calmes et qui lui insuffles la crainte du Ciel qui l’accompagnera à chaque instant de sa vie.
Nos Sages nous ont dit : « Comment les femmes méritent-elles le monde futur ? (En amenant) en faisant lire leurs fils dans le Beth Hamidrach ». Avec un allaitement pur, tu commences l’envoi de ton fils au Beth Hamidrach.
Dès à présent, en lui insufflant toutes les bonnes influences qui sortent de ton cœur, tu lui offres ce que l’on nomme Torat Imékha, « l’enseignement de ta mère ».