Dans l’article de la semaine passée, j’ai évoqué les résolutions sincères de Roch Hachana et de Yom Kippour que nous prenons année après année, nos engagements à changer, à devenir des êtres meilleurs, plus gentils, et nos promesses de devenir des juifs plus engagés, plus fidèles à la Torah et aux Mitsvot. Et maintenant vient le creux. En dépit de nos bonnes intentions, lorsque nos livres de prière des fêtes sont rangés dans les étagères, ainsi en va-t-il de nos résolutions. Ce n’est pas intentionnel, remarquez-le. C’est une spirale destructrice, car, dès lors que nous quittons le sanctuaire protégé de la synagogue, la folie du monde nous frappe, et nous glissons de nouveau vers nos anciennes habitudes.
Mais cette situation n’est pas irréversible. Nous pouvons changer… Nous pouvons devenir différents, devenir le peuple qu’Hachem a voulu que nous soyons. Cela fait partie de notre héritage. Tout est dans notre ADN spirituel. Nous sommes les enfants d’Avraham, d’Its’hak et de Ya’acov, Sarah, Rivka, Ra’hel, et Léa, des paradigmes de ‘Hessed et d’attachement à Hachem. Pour nous, c’est facile ! Il nous suffit de le vouloir ! Ce changement est désespérément nécessaire, particulièrement cette année. Chaque jour qui passe, notre monde devient de plus en plus menaçant, et, comme pour tous les événements du monde, cette menace l’est encore plus pour nous, car nous sommes Juifs, et la vie de notre peuple est à nouveau en jeu. Seul Hachem peut nous aider. Il nous appelle. Ecoutons Son appel.
Un grand nombre d’entre nous considèrent ce concept de Téchouva, de retour à D.ieu, effrayant, au-delà de notre portée. Or, cette voie nous est tracée, et nous sommes tous invités à la suivre.
Une histoire célèbre pourrait énormément aider toute personne qui voudrait s’embarquer sur la voie du progrès spirituel.
Un homme consulta un jour un Rebbe et lui demanda : « A quelle distance se trouve la route de la Téchouva ?
Aussi loin que l’est est éloigné de l’ouest.
Oh, aussi loin, répondit l’homme, déçu.
Non, répondit le Rebbe, c’est très proche. Prenez juste une fois le bon tournant.
C’est si simple que ça ?, demanda l’homme, étonné.
Oui, le rassura le Rebbe. Nous avons une promesse d’Hachem que, si nous faisons un pas en Sa direction, Il en fera deux vers nous. "Faites-Moi une ouverture aussi fine que le chas d’une aiguille, dit D.ieu, et Je vous y ferai passer".
J’ai vu cette vérité se dévoiler à de maintes reprises.
Je me rappelle lorsqu’il y a plus de quarante ans, nous avons créé notre organisme, Hinéni. A cette époque-là, le Kirouv (rapprocher les Juifs de la Torah) était virtuellement inconnu. La communauté religieuse n’y accordait pas sa confiance. « Même si vous les persuadez de revenir, ils ne resteront pas longtemps », me dirent-ils cyniquement, et les laïcs considéraient le Kirouv comme une secte, dont ils avaient peur. C’est dans ce climat hostile que nous prîmes l’initiative d’un grand rassemblement de Téchouva au Madison Square Garden, à première vue, une tâche impossible.
Mon révéré père, le Rav et Gaon Avraham Halévi Jungreis, et mon honoré mari, Rav Méchoulem Halévi Jungreis, me prodiguèrent leurs encouragements. « "Oubérakhtékha Békhol Ta’assé… Je te bénirai dans tout ce que tu entreprendras", c’est la promesse d’Hachem, m’ont-ils rappelée. Tu dois te lancer, et les bénédictions viendront. » Et il en fut ainsi !
Je me souviens d’une jeune femme qui avait rejoint notre groupe de Hinéni. Elle était totalement laïque au départ. Après avoir étudié la Torah avec nous, elle en vint à réaliser que le Chabbath est le pilier de notre croyance juive, mais son emploi exigeait qu’elle travaille le samedi, que pouvait-elle faire ?
« Va chez ton patron, lui dis-je, et emmène avec toi un ‘Houmach, une Bible. Montre-lui les passages où D.ieu nous ordonne d’observer le Chabbath, de garder sa sainteté, et de nous abstenir de tout travail. »
« Oh, Rabbanite, protesta-t-elle. Ça ne marchera jamais. Vous ne connaissez pas mon patron. Il va se rire de moi et me licencier par-dessus le marché ! »
« Essaie au moins, l’implorai-je. Parle-lui avec sincérité, et, avant d’y aller, prie, demande à Hachem de t’aider. En même temps, propose de rattraper tes heures le dimanche, ou de faire des heures supplémentaires pendant la semaine. Qu’il comprenne que tu ne te déresponsabilises pas, mais, plutôt, que tu réponds à une directive venant d’en-Haut, en provenance du Tout-Puissant Lui-même. »
La semaine suivante, au cours, elle était tout sourire. « Rabbanite, vous n’allez pas y croire. J’avais si peur, je n’arrêtai pas de tergiverser et de reporter le moment de prendre rendez-vous avec lui, mais j’avais peur de revenir en cours sans avoir au moins tenté le coup. Eh bien, vous n’y croirez pas. Mon patron a été si impressionné qu’il a accepté que je quitte le travail tôt le vendredi aussi ! »
Faire juste un pas en direction d’une Mitsva nous ouvre les portes. Tentons le coup et l’aide de D.ieu ne tardera pas à se manifester.
J’ai eu récemment moi-même une expérience fantastique. Fraidel, l’une des membres merveilleuses et dévouées de Hinéni, m’a raconté qu’une jeune femme, Rachel Léa, était malheureusement atteinte d’un cancer à la phase quatre. Comme c’est souvent le cas, la maladie frappe sans avertissement, comme un cheveu sur la soupe. Sa situation est encore plus complexe, car elle est célibataire et n’a ni enfants, ni mari pour s’occuper d’elle, ni économies pour faciliter sa situation. J’essaie de lui rendre visite régulièrement, comme d’autres, mais malgré tous nos efforts, ce n’est pas suffisant.
Comme c’est le cas de la plupart des patients du cancer après des traitements traumatiques, elle a perdu tous ses cheveux. Un organisme de Tsédaka lui a donné une perruque, mais elle ne lui va pas du tout, j’ai alors appelé une connaissance, styliste de perruques, qui, à son tour, a contacté Georgie à Boro Park, Brooklyn. J’allai chercher une nouvelle perruque, j’en choisis une qui me paraissait adaptée, mais en arrivant à l’appartement de Rachel Léa à Manhattan, je réalisai soudain que la perruque était très belle, mais qu’il fallait l’arranger et la couper, et ce n’était pas dans mes cordes ! A qui pouvais-je demander de l’aide ?
Tout en réfléchissant à cette question, je réalisai que ce n’était pas une simple affaire. Rachel Léa a constamment mal et n’a pas la patience qu’on lui arrange et coiffe la perruque sur sa tête. Il faudrait que quelqu’un prenne la perruque, l’arrange et la ramène une fois le travail fini. Perdue dans mes pensées, je sonnai pour prendre l’ascenseur.
Comme toujours, Rachel Léa souffrait beaucoup, alors je laissai simplement la perruque dans la boîte. Après avoir passé du temps avec elle, prié avec elle et donné des Brakhot, je m’apprêtai à partir, mais, tout en me préparant, la question continuait à me tarauder. A qui pouvais-je m’adresser pour coiffer la perruque ?
Une fois de plus, j’appelai l’ascenseur. Un jeune homme en sortit et me salua aimablement.
Bonjour, répondis-je.
Comment allez-vous, me demanda-t-il ?
J’aime toujours définir que je suis, alors je répondis : Baroukh Hachem.
Qu’est-ce que c’est ?, me demanda-t-il.
Ça signifie : Loué soit D.ieu, je suis juive et c’est ainsi que nous répondons à des questions comme celle-là.
C’est bien, répondit-il, vraiment bien.
Quelle est votre profession ?, lui demandai-je. Tout en posant cette question, je me demandai ce qui m’avait pris de l’interroger.
Je suis coiffeur-styliste, me répondit-il.
C’est Bashert !, m’exclamai-je.
Quoi ? Qu’avez-vous dit ?
Bashert, c’est un autre terme juif. Je lui expliquai ensuite le concept de Bashert. Il prit la perruque, et lorsqu’il la rapporta, c’était parfait !
De plus, ce jeune homme avait également survécu à un cancer, il était sensible à la douleur de Rachel Léa. Et… il vivait dans le même immeuble !
Coïncidence ?
A peine… Faites juste un pas pour accomplir une Mitsva et Hachem fera le reste !