« Rabbanite, me dit-on, nous avons suivi vos articles sur la bonté et compassion. Vous avez exposé le défi, mais quelle est la solution ? Comment communiquer ces valeurs à nos enfants ? Comment les introduire dans nos foyers ? »
Notre génération a été destinée à vivre à une période où les pas du Messie sont audibles, à condition de pouvoir les écouter. Il est écrit que parmi les nombreuses tribulations de cette période, on constatera une augmentation flagrante de ‘Houtspa (insolence) et on nous enseigne qu’en présence d’une abondance de ‘Houtspa, le ‘Hessed n’a pas sa place.
Lorsque nos Sages font référence à l’insolence de la fin des temps, ce n’est pas la « ‘Houtspa positive » que nous devons posséder en tant que Juifs, si nous voulons vivre une vie de Torah. La ‘Houtspa positive nous donne le courage d’affronter les moqueries du monde. Nous avons la ‘Houtspa de manger Cachère pendant que tout le monde mange non-Cachère, nous avons la ‘Houtspa d’étudier la Torah lorsque d’autres se laissent aller aux tentations de notre société contemporaine ; nous avons enfin la ‘Houtspa de rejeter les tendances de la mode dernier cri pour nous vêtir avec décence, comme il sied aux fils et filles du peuple juif.
Mais la nouvelle ‘Houtspa qui harcèle notre génération est née dans l’insolence et se nourrit de l’arrogance, de l’égoïsme et des sentiments de droit et d’égocentrisme. Elle ne reconnaît pas des concepts comme la déférence, l’honneur, l’humilité et la gentillesse. Si nos enfants ne vivent pas selon les valeurs de la Torah et ne voient que leurs propres besoins, alors leur école, leurs amis, leurs jeux vidéo et toutes les autres tentations de la nouvelle technologie ne sont pas les seuls à blâmer. Les parents doivent aussi en assumer la responsabilité.
Si nous ne parvenons pas à être des modèles de Torah, si nous créons des foyers où l’insolence est le mode de communication, il s’ensuit que la bonté et la compassion seront absentes. Alors plutôt que de nous interroger sur la façon d’enseigner ces valeurs à nos enfants, nous devons demander comment les intégrer nous-mêmes.
La bonne nouvelle, c’est que nous avons une réponse, une solution au fléau qui nous touche. Elle est disponible pour chacun d’entre nous. Son pouvoir est garanti pour toutes les époques. Son pouvoir de guérison est éternel, car D.ieu Lui-même l’a prescrit. Nous devons nous en saisir et le reste se mettra en place.
J’ai souvent cité la citation de nos Sages nous exhortant à tourner les pages de la Torah, car tout s’y trouve. Oui, tout se trouve dans notre Torah. Il nous suffit de le découvrir et d’en faire notre réalité. Mais comment nous embarquer sur cette voie ? Comment traduire la théorie en action ? Cela ne sera pas facile, mais c’est certainement réalisable. Cela nécessite du travail acharné, de la discipline et un engagement sincère.
Rabbi Israël Salanter, le grand sage de Moussar (éthique juive) nous a enseigné qu’il est plus facile d’étudier un traité entier du Talmud que de modifier un trait de caractère. Vous souvenez-vous de l’histoire du chat dressé à marcher sur deux pattes, à porter un plateau et à faire office de serveur ? C’est devenu l’exemple typique d’un animal entraîné à se défaire de sa « mission de chat » pour imiter un être humain. Tout le monde était étonné. Un jour, alors que le chat portait son plateau, il vit une souris passer, fit immédiatement tomber le plateau et courut à quatre pattes à la poursuite de sa proie.
La douloureuse morale de l’histoire va de soi. On peut s’entraîner, prendre des résolutions, faire des promesses, mais surmonter sa nature est une tout autre affaire. Lorsqu’on est poussé dans ses derniers retranchements, on a tendance à revenir à notre personnalité antérieure, à reprendre nos anciennes habitudes, notre caractère d’antan. Oui, peut-être pour quelques semaines ou même quelques mois, nous pensons que le changement a été effectué, mais sous la pression, tout resurgit à nouveau.
Comment devenir un peuple de bonté et de compassion ? La réponse est claire : nous devons suivre uniquement les principes de notre Torah. Plutôt que de philosopher et de faire des promesses vides, nous devons commencer à agir, et, par nos actions, nous entraîner à devenir des gens différents. Au Mont Sinaï, lorsque D.ieu nous a transmis Ses commandements, notre réponse immédiate a été : « Nous le ferons ». C’est la clé pour apporter ces changements tant désirés.
Faisons passer un test à notre Néchama (âme) pour voir quel score nous obtenons, et lorsque nous répondons aux questions, soyons honnêtes. Nous pouvons duper de nombreuses personnes, mais il est dangereux de nous duper nous-mêmes. Examinons notre cœur et notre esprit et voyons à combien de ces questions nous pourrons répondre avec un « oui » emphatique.
Y a-t-il des disputes, des cris et des jurons dans nos foyers ? Parlons-nous à nos conjoints et enfants avec respect, gentillesse et considération, ou tenons-nous des propos blessants et péjoratifs à nos conjoints et enfants ?
Nos enfants nous voient-ils nous conduire avec honneur et respect avec nos propres parents ? Lorsque nos parents viennent nous rendre visite, est-ce que nous nous hâtons de les accueillir ? Nous levons-nous en leur honneur ? Et enseignons-nous à nos enfants à en faire de même ? Ou leur permettons-nous de rester collés à leurs téléphones portables, à leur ordinateur ou autres diversions ? Leur permettons-nous de grommeler un « hein » ou « bonjour », ou insistons-nous pour qu’ils se lèvent et embrassent papi et mamie avec affection et chaleur ?
Ce sont quelques questions déjà. Il y en a d’autres. Restez à l’écoute.