Comme nous en avons déjà parlé la semaine dernière, dans notre société matérialiste, l’argent peut être une bénédiction ou une malédiction. Lorsque l’argent est mis à profit pour renforcer la vie de famille et réunir les membres de la famille, il peut être une force unificatrice. Mais lorsque l’argent est un produit de la convoitise et est entretenu dans l’égoïsme et la jalousie, il peut créer un enfer.
C’est terriblement affligeant que des parents s’investissent pour créer une affaire pour leur famille pour voir cette même entreprise devenir la source de destruction de la famille.
La semaine dernière, j’ai proposé quelques suggestions aux parents qui peuvent surmonter ou au moins minimiser de tels désastres. J’avais fait remarquer que si nous constations des changements positifs, il nous fallait revoir toute notre manière de penser. Je suis tout à fait consciente qu’il est plus facile d’écrire ou de parler de ce sujet plutôt que d’agir et de mettre en œuvre ces idées.
Si l’on veut que les enfants adultes acceptent avec sérénité la volonté des parents et grands-parents présentant leur héritage, la toute première condition doit être une relation aimante entre parents et enfants adultes. Ce lien doit se forger à un très jeune âge.
J’ai souvent mentionné que seule l’image aimante d’une mère ou d’un père gravée dans le cœur des enfants peut endiguer les feux mortels de la jalousie. Si l’enfant a une telle image aimante à l’esprit, son cœur va le harceler : « Comment puis-je trahir mes chers parents ? Comment peuvent-ils reposer en paix si je leur inflige de telles souffrances ? »
Les parents ont un immense pouvoir qui peut transcender les générations, surmonter tous les obstacles, et conserver l’unité des familles. Et ce pouvoir est une voix douce et aimante insérée dans la Torah. J’emploie cette expression, car l’amour dénué des valeurs éternelles et des responsabilités de la Torah peut conduire à l’abus, à l’égoïsme, et à des sentiments revendicatifs. D’un autre côté, la Torah transmise sans amour peut conduire au ressentiment et à la révolte.
C’est la Torah dépositaire de l’amour qui a maintenu la Pintele Yid, l’étincelle juive, vivante dans les cœurs de notre peuple au fil des siècles. Les parents qui gravent la Torah avec amour dans le cœur de leurs enfants peuvent légitimement escompter que, même pendant ces périodes d’épreuve, les souvenirs qu’ils ont créés maintiendront l’unité de leur famille et neutraliseront les regrettables discordes.
Dans notre monde obsédé par la technologie, des relations aimantes et chaleureuses entre parents/enfants, reposant sur la Torah, ne sont pas faciles. Les ordinateurs l’ont emporté ; les gadgets sont devenus des baby-sitters et la population adulte en est devenue dépendante. Maris, femmes, parents et enfants peuvent être réunis sous le même toit, voire dans la même pièce, mais leur esprit se trouve dans différentes villes ou même continents avec leurs ordinateurs portables constamment présents, et autres iPhones et iPads.
Il n’y a pas si longtemps, nous étions convaincus que la nouvelle technologie créerait une société utopique. Mais, hélas, c’est le contraire qui s’est produit. Nous pensions avoir des robots et ordinateurs pour faire notre travail, mais le sort leur a joué un mauvais tour. C’est malheureusement le contraire qui s’est produit. Ce sont nous qui sommes devenus les robots, et personne n’est là pour faire le travail à notre place. Les robots et les gadgets ne peuvent créer la famille. Ils ne peuvent remplacer les enseignements que seuls les parents sont susceptibles de transmettre.
Pensez à la terrible influence de la culture de l’ordinateur sur la communication mutuelle. La lecture, l’écriture, la conversation - toutes sont devenues rétrogrades. Je me suis souvent exprimée sur les échanges de charabia qui ont désormais lieu entre individus. Nous envoyons des sms plutôt que de parler, et ces messages ont un lexique qui leur est propre. XOXO signifie « câlins et bisous ». Il a remplacé des mots puissants et des phrases telles que : « Je t’aime », « Je te serre contre moi », « Je t’embrasse ». MP signifie « mon plaisir », etc. etc.
Les messages SMS sont également responsables d’un nouveau sentiment de solitude parmi les personnes plus âgées. Mamie et papi ne sont peut-être pas familiers de ce nouveau jargon, et, même s’ils passent du temps à apprendre à écrire des SMS, c’est peut-être difficile pour eux ; à un certain âge, ils peuvent souffrir d’arthrite aux doigts, et, en général, n’être pas si adroits lorsqu’il s’agit de taper de minuscules lettres et chiffres.
Je peux encore entendre la voix de mon révéré père, le Rav, Gaon et Tsaddik Avraham Halévi Jungreis : « Si tu as un sujet à aborder, ne le fais jamais au téléphone. Parle à la personne en face à face pour qu’elle puisse voir la bonté et la sincérité dans tes yeux. Laisse-les baigner dans la chaleur de ton sourire et sentir tes propos entrer dans leur cœur. »
Alors, qu’est-ce que tout ceci a à voir avec les luttes intestines de la famille, la cupidité, et la recherche d’une position ? On ne peut blesser les sentiments d’un ordinateur. Vous ne pouvez faire venir des larmes au iPhone. Il devient facile de tourner le dos à ceux qui nous sont proches et chers. Nous ne les reconnaissons même pas. Ils ne font pas partie de la technologie qui consume nos vies, occupant presque chaque instant de réveil.
Autrefois, le foyer juif était un Mikdach Mé’at, un sanctuaire en miniature. Nous devons tenter de recréer ce sanctuaire afin que la paix et l’harmonie règnent dans nos familles.
Bien évidemment, chaque famille n’est pas affectée de la même manière. Chaque famille a sa propre dynamique. Mais les valeurs et principes du sanctuaire de nos ancêtres doivent être absorbés par nous tous si nous aspirons à créer une famille chaleureuse et unie. Dans le cas contraire, comment pouvons-nous espérer être un peuple uni par les valeurs de la Torah et l’amour ?
Nous vivons une catastrophe continue qui consume nos foyers, nos familles, et, au bout du compte, notre peuple.
Nous avons tant souffert. Il est temps de nous réveiller et de nous réinventer par le pouvoir de la Torah et de l’amour.