Ayélette subissait un long et fatiguant accouchement. Les contractions étaient rapprochées et douloureuses, mais la sage-femme qui l’ausculta à maintes reprises ne put lui annoncer aucune progression. Après plusieurs heures, Ayélette commença à s’apitoyer sur elle-même et des larmes de déception luisaient dans ses yeux.
L’assistante en accouchement vit sa peine et lui dit : « Ayélette, tu sais que ton bébé étudie en ce moment la Torah, peut-être que HaKadoch Baroukh Hou veut qu’il étudie encore un peu ? Tu t’opposes à cela ?! »
Ces quelques mots et la vérité qui se tenait derrière eux lui firent retrouver sa sérénité.
Et en effet, la Guémara dit (Nidda 30b) que « L’enfant dans les entrailles de sa mère ressemble à un carnet replié positionné : ses mains sur ses tempes, ses deux coudes sur ses deux genoux, et ses deux talons sur ses deux fesses. Sa tête repose entre ses genoux et une flamme est allumée au-dessus de sa tête, et il perçoit et observe d’un bout à l’autre du monde…et on lui enseigne toute la Torah…et quand il vient au monde, un ange vient et le frappe sur la bouche et lui fait (ainsi) oublier toute la Torah… »
Les jours de la grossesse sont les meilleurs que l’homme puisse avoir dans ce monde-ci ! Comme le dit la Guémara : « Et il n’y a pas de jour où l’homme est immergé dans les bienfaits plus que dans ces jours-là, comme il est dit « Qui me permettra d’être tel que je l’étais dans les temps passés »…cela se rapporte au temps de la grossesse… ».
Ces jours-là sont ceux durant lesquels on prépare le bébé à sa sortie dans ce monde, et durant lesquels on fait pénétrer en lui la sainteté de la Torah, pour qu’il puisse mériter de la vie du monde à venir. Et comme le poursuit la Guémara : « Et il ne sort pas de là-bas tant qu’on ne l’a pas fait prêter serment…et quel est ce serment qu’on lui fait faire ? Sois Tsadik (un Juste) et ne sois pas Racha (un mécréant), et même si le monde entier lui dit : tu es un Tsadik, sois à tes yeux comme un Racha, et on sait que HaKadoch Baroukh Hou est pur et que Ses serviteurs sont purs, et l’âme qui est en toi est pure, et si tu la conserves dans sa pureté, c’est bien, et sinon Je te la reprends ».
Lorsque l’on provoque la sortie précoce du bébé, on lui fait manquer une part de cette préparation spirituelle qui doit l’accompagner toute sa vie durant, et qui aura une influence sur son avenir spirituel pour l’éternité.
La ‘Houpa (le dais nuptial) qui était étendue sous la voûte céleste abritait le couple ému qui s'y tenait pour le grand moment de leur vie : le mariage. Le fiancé tenait dans sa main la bague, et lorsqu’il dit : « Voici, tu m’es sanctifiée (réservée) », la bague lui glissa des mains et tomba sur le sol. Légèrement confus, il la ramassa et dit de nouveau les mots « Voici, tu m’es sanctif… », et de nouveau, la bague lui glissa des mains... Lorsque pour la troisième fois, le fait se reproduit, un murmure se fit entendre dans l’assistance : « Que se passe-t-il ? Qui sait ce que le Ciel veut nous faire comprendre ? »
Le Gaon Rav Yits’hak Zéev Soloveitchik (le Rav de Brisk), qui se trouvait présent pour l’évènement dissipa toute inquiétude : « la bonne heure de réussite n’est pas encore arrivée pour ces noces », trancha-t-il, « et du Ciel on nous retarde jusqu’au moment propice ».
De la même manière que l’homme ne connaît pas quelle est l’heure de réussite pour le mariage, il ne connaît pas quelle est l’heure idéal pour chaque enfant à naître. Peut-être, justement, que le retard de l’accouchement amènera à une naissance à la meilleure heure possible, avec un bon Mazal et avec des influences supérieures de bénédictions, favorisant le devenir de ce bébé en tant que grand dans la Torah et dans la crainte du Ciel !
Il ne fait cependant aucun doute qu'en cas de danger, lorsque les médecins sont catégoriques sur le fait que laisser le fœtus dans les entrailles de sa mère mette en péril sa vie ou celle de sa mère, il est permis de stimuler l’accouchement et il faut le faire sans le moindre délai, car tout retard peut représenter un danger mortel ! Mais lorsque ce qui pousse à user de la stimulation artificielle ne relève que de problèmes techniques, aussi difficiles soient-ils, il vaut mieux patienter jusqu’à la bonne heure chargée de réussite, heure cachée que Seul HaKadoch Baroukh Hou fixera !