Je reçus un jour un appel d’un type qui me dit : « Rabbi, j’ai besoin de votre aide. »
« Ok, bien sûr, en quoi puis-je vous aider ? » demandai-je.
« Voilà, on m’a présenté une jeune fille, et je crois que je vais craquer pour elle. »
« C’est super. Alors, quel est le problème ? »
« C’est quoi le problème ? C’est ça tout le problème. Ce n’est pas le genre de fille que je recherche ! Je voudrais une fille qui… », et il se mit à énumérer les qualités de la « femme idéale » dont il avait besoin pour être réellement heureux.
Il me fallut presque une heure pour l’aider à mettre de l’ordre dans ses idées. Il avait une image claire du genre de fille qu’il voulait épouser, et cette jeune femme n’entrait pas dans ce cadre. Mais c’était bien le problème : il n’était pas à la recherche de son âme sœur. Il recherchait une fille de son choix - une femme qui correspondait à l’image qu’il s’en était formé - et il était convaincu que rien d’autre n’allait lui apporter un bonheur durable. Il n’était pas focalisé sur l’idée qu’Hachem est chargé de créer des êtres humains, et que c’est également Sa responsabilité de leur trouver des conjoints adaptés.
Pour rencontrer des candidats au mariage, il faut oublier tous les critères, faire abstraction des longues listes, abandonner tous les « J’ai besoin » et « Je veux », et ne poser qu’une question : quels sont mes sentiments par rapport à cette personne ? Non pas : est-ce la meilleure fille que je puisse obtenir ? Même pas : est-ce la meilleure pour moi ? Ou : est-ce que je me vois dans vingt ans heureux avec elle ?
Demandez-vous comment vous vous sentez actuellement. Avez-vous un certain niveau de confort ? Un bon sentiment ? Si elle a passé ce test sur papier et que la réponse à cette question est oui, c’est le signe que c’est la bonne. C’est la personne qui a été prédéterminée par Hachem pour vous. Vous avez fait une Hichtadlout (effort personnel) adéquate. Vous avancez désormais avec la confiance et l’assurance qu’Hachem a prédéterminé cette personne juste pour vous et vous l’a présentée.
Trente-deux raisons pour abandonner quelqu’un
L’une des complications de ce système est que lorsqu’un candidat au mariage a le sentiment d’avoir trouvé le bon candidat, il ne s’autorise pas à le ressentir. « J’ai besoin de quelqu’un de plus intelligent, de plus grand, de plus drôle, de plus facile à vivre » ou n’importe quel attribut imaginable auquel les gens pensent. Alors ils disent non.
Comme cela se produit si souvent, j’espère que vous me pardonnerez d’énumérer certaines des « raisons » courantes pour dire non.
« Il n’est pas assez intelligent. »
« Il est trop intelligent. »
« Il est très intelligent, mais pas le genre d’intelligence que je recherche. »
« Sa famille n’est pas assez bien. »
« Sa famille est trop bien. »
« Sa famille est parfaite, mais j’ai besoin d’un Ba’al Téchouva. »
« Je n’aime pas son physique. »
« Elle a trop bonne allure. »
« Elle a très bonne allure, mais ce n’est pas le style que je recherche. »
Trop grand. Trop petit. Trop intelligent. Trop bête. Trop matérialiste. Trop protégé. Trop étroit. Trop ouvert. Trop simple. Trop sophistiqué. La liste se poursuit à l’infini…
Vous allez peut-être me demander : ces critères ne sont-ils pas importants ? Une bonne famille, l’intelligence, l’attirance ? Ne sont-ce pas des facteurs déterminants contribuant au succès d’un mariage ? La réponse, c’est qu’ils sont très importants, et si vous étiez en train de créer ensemble votre idéal, je pense que vous devriez en saisir une grande partie. Mais voilà le problème : vous ne créez pas votre âme sœur ; vous le recherchez. Et vous ignorez si elle est intelligente, ou belle, ou vient d’une bonne famille ou non. Il y a une seule chose que vous saurez sur elle - c’est elle qu’Hachem a choisi pour vous. Pour le savoir, vous devez permettre à votre cœur de vous le dire.
L’attirance ne compte-t-elle pas ?
Vous me demanderez peut-être : ne dois-je pas penser qu’elle est belle ? Comment puis-je épouser une femme si je ne trouve pas qu’elle est attirante ?
La réponse est oui, vous devez ressentir une attirance, mais si vous ne ressentez rien et que cela vous dérange, cela peut être un indicateur que ce n’est pas la bonne.
Mais ce n’est pas si simple, et c’est là où les choses se compliquent. Si vous l’aimez bien, mais ne ressentez pas d’attirance pour elle, que vous appréciez les rendez-vous, mais qu’ils vous semblent parfois un peu monotones, cela veut dire que vous avez une question et vous devez vous confier et vous faire conseiller par quelqu’un de plus âgé et de plus expérimenté. Le fait que vous n’êtes pas attiré par elle peut être un signe qu’elle n’est pas votre âme sœur.
Mais trop souvent, en réalité, elle est tout à fait suffisante pour vous. Mais… elle n’est pas assez jolie pour votre sœur, votre mère, vos copains ou votre notion hollywoodienne de l’image d’une épouse.
Et alors, vous ne vous autorisez pas à ressentir cette attraction.
L’autre côté de la barrière
Ce principe n’est pas l’apanage exclusif des hommes. Il arrive qu’une femme sorte avec un homme et déclare : « Tout se passe bien, mais… ». Quelque chose la bloque pour avancer - mais elle n’arrive pas à mettre le doigt dessus.
Il se peut que ce ne soit pas le bon candidat pour elle. Néanmoins, très souvent, elle s’empêche de ressentir que c’est un bon parti parce que : … (remplissez l’espace vide).
Elle ne pense pas qu’il va réussir ; elle n’aime pas la famille dont il est issu ; elle ne croit pas que ses frères vont le respecter. Ou : qu’est-ce que ses amies vont-elles penser ? Ou sa tante ? Ou sa monitrice ? Ou toute une série de raisons qu’elle seule connaît.
C’est là qu’elle a besoin d’aide pour l’aider à faire du tri dans ses sentiments, elle doit parler à quelqu’un de plus âgé et de plus sage, susceptible de la guider.
Avertissement : plus âgé, c’est plus âgé, et plus intelligent, c’est plus intelligent. Trop souvent, j’ai demandé à une jeune fille de dix-neuf ans si elle avait pris conseil avant de décider de dire « non ». « Absolument. J’ai demandé à mon amie, elle est mariée, elle sait de quoi il s’agit. »
« D’accord, répondis-je dans ce cas. Et quel âge a votre amie ? »
« Eh bien, au moins vingt ans. »
Pour être honnête, il est difficile de croire qu’un adulte de vingt ans a la sagesse et l’expérience de la vie pour guider quelqu’un dans ces situations. Et il est prudent de trouver quelqu’un doté de la vision et de l’avis de la Torah pour vous guider convenablement.
La plupart du temps, ces conseils sont destinés à vous aider à trier ce qui est réaliste, ce que vous devez rechercher, et surtout, ce que vous ressentez. Au final, la décision vous appartient. Hachem vous a donné un système d’orientation interne : une superbe série d’émotions, de perceptions et d’intuitions que nous appelons le cœur. Parfois, cependant, il vous faut faire le tri de ce que vous ressentez exactement. Et c’est là qu’il est inestimable d’avoir à vos côtés un guide plus âgé et plus sage pour vous orienter.
Mais la personne qui vous guide ne doit pas prendre de décision pour vous. Elle doit vous aider à vous concentrer sur ce que vous ressentez. Votre cœur le sait peut-être, mais il vous faut écarter les préjugés et vous demander : « Qu’est-ce que je ressens sincèrement ? ».
Rabbi Ben Tzion Shafier - OU