Le mariage est une alliance entre un homme et une femme.
Contrairement au concubinage qui n’engage les parties que tant que l’envie y est présente, le contrat de mariage scelle un pacte sur l’honneur dans le but de garantir une plus grande fidélité entre les époux. L’institution du mariage sert également à établir un terrain sécurisant sur lequel bâtir la cellule familiale. L’idée est de se sentir engagé envers soi-même, sur l’honneur, en plus d’être engagé à l’égard de l’autre.
En revanche, dans la tradition juive, le mariage est encore plus ferme, du fait qu’il engage de surcroît vis-à-vis de D.ieu.
Toutefois, cet engagement supplémentaire, n’a pas uniquement pour vocation d’agir sur l’aspect psycho-émotionnel de la personne à l’instar du contrat de mariage, il est bien plus significatif. En fait, s’engager devant D.ieu aux yeux de la Torah, c’est Le rendre garant de la fidélité du couple, à tel point que si l’une des parties venait à rompre les liens sacrés du mariage, D.ieu Lui-même s’en mêlerait…
D.ieu garant des liens sacrés du mariage
En effet, au-delà d’être une simple question de forme dont on s’inspire pour la symbolique, l’histoire nous a appris que D.ieu fit respecter l’engagement des maris qui trompèrent leur femme en digne garant de leur mariage.
Retour sur l’histoire.
Nous sommes en l’an -347 et les Juifs réintégrèrent enfin leur terre après un long et pénible exil. L’errance ne fut pas de tout repos, elle abîma les corps et vieillit les chairs. Les Israélites autrefois dans leur superbe, revinrent creusés et amaigris par les vicissitudes de l’exil amer. Celles pour qui la physionomie fut le plus en disgrâce de par toutes ces pérégrinations, furent bien sûr les femmes qui le payèrent de leur charme. En réponse à ce dam, les maris de certaines de ces éprouvées, épousèrent des femmes venues d’un peuple étranger, des non-juives.
Déshonorées et meurtries, elles allèrent le vague à l’âme déverser leurs larmes devant Celui qui s’était fait garant de leur union. Elles inondèrent l’autel de D.ieu des larmes de leur honte.
D.ieu ne resta pas insensible à leur détresse, Il mandata sur-le-champ le prophète Malakhi pour réprimander le peuple.
« Vous êtes cause que l'autel du Seigneur est couvert de larmes, de pleurs et de sanglots, si bien que [Dieu] ne peut plus se complaire à vos offrandes ni accepter de présent de votre main. »1
Outre le fait qu’ils avaient altéré l’unité du peuple en y faisant pénétrer des étrangers au culte, ils avaient également commis le crime d’avoir trompé leurs épouses. Et c’est une faute foncièrement différente de la première, qui même si elle avait été commise en catimini des nations, auraient mérité le blâme divin.
« Je vous ai rendus, Moi, vils et méprisables aux yeux de tout le peuple, puisque vous n'observez pas Mes voies et que vous faites preuve de partialité dans [l'application de] la Loi »2
Puis, en connaissance de l’effarement de Son peuple, D.ieu se fait catégorique « Et vous dites : ‘‘Pourquoi cela ? Parce que l'Éternel est témoin entre toi et la femme de ta jeunesse, que tu as trahie, elle qui est ta compagne, la femme unie à toi par un pacte. »3
Le peuple était encore rassemblé autour du prophète lorsqu’il conclut devant la foule encore abasourdie par cette mise en garde :
« Veillez donc sur vous-mêmes, et que personne ne trahisse la femme de sa jeunesse ! Car je hais la répudiation, dit l'Éternel, Dieu d'Israël, et celui qui couvre son vêtement de violence, dit l'Éternel-Cébaot. Surveillez donc vos sentiments et ne commettez pas de trahison ! »4
Exécrer l’infidélité
La colère de D.ieu se manifesta une nouvelle fois, cependant cette fois ce n’était pas pour des fautes liées à l’idolâtrie ou au vol mais à cause des larmes de ses femmes laissées pour compte dont la tristesse résonna jusqu’au Trône céleste. D.ieu désapprouva l’idée qu’un homme abandonne « la femme de sa jeunesse, son amie » sous prétexte qu’à ses yeux, son charme s’était éteint. Elles, qui les avaient soutenus en exil, réconfortés de leur présence, aimés dans leur faiblesse, se voient mises à l’ombre lorsque le soleil brille à nouveau, remplacées par des plus jeunes venues d’un pays étranger… D.ieu Lui-même protesta contre cette infamie.
Nous apprenons de cet épisode une nouvelle facette de la conduite divine - D.ieu s’insurge face à la trahison et la tromperie. Encore que l’incident n’impliquât que des hommes, au vu des arguments de fidélité et d’alliance qui ont été mis en avant dans cet épisode, il aurait été tout aussi dramatique s’il avait été question des épouses de ces mêmes hommes-là. La tromperie n’a pas de genre.
Malheureusement, la culture occidentale a banalisé la tromperie en la considérant parfois comme un acte de liberté assumé ou d’héroïsme espiègle. Mettant en scène des fictions où l’abusé est vu comme un pauvre type à côté de l’amant viril enflammé par une passion fiévreuse. Toutefois, la tromperie est un acte vil qui rompt les liens de confiance entre deux individus s’étant autrefois juré fidélité. Une trahison qui au-delà d’endommager la relation du couple meurtri, altère également la confiance que l’homme ou la femme trompé(e) serait capable d’avoir en tout être.
À propos de D.ieu, il est écrit « Dieu de vérité, jamais inique, constamment équitable et droit »5 de telle manière que même si Sa conduite est de nos jours voilée, il n’en reste pas moins qu’Il abhorre foncièrement la tromperie dans le couple et se fait le défenseur des mal-en-point. Garant des couples de Son peuple, D.ieu se tient toujours proche de ceux qui se tiennent sous le Talith et s’unissent selon la loi de Moïse, pour le meilleur mais aussi pour le pire, il ne faut pas l’oublier.
1 Malachie 2 :13
2 Ibid. 2 :9
3 Ibid. 2 :14
4 Ibid. 2 :15-16
5 Deutéronome 32 :4