Comment se fait –il que le sentiment d’amour ne soit pas éternel dans le couple ? Pourquoi a-t-il tendance à s’effilocher si on n’y fait rien ?
Si nous examinons attentivement nos sentiments, nous constaterons que vis-à-vis de notre famille par exemple, notre amour est pourtant bel et bien immuable, à certaines exceptions près, nous aimons toujours nos parents tandis que vis-à-vis du conjoint, le réservoir d’amour à tendance à se vider. Pourquoi ?!
D’aucuns diront que la routine est le grand coupable de ce désastre mais soyons honnêtes, nous sommes tout autant routiniers de nos enfants sans pour autant démordre de notre amour pour eux. C’est donc bien que la lassitude vient d’ailleurs.
L’Insee publiait le 2 Juin 2004 sa tristement célèbre étude sur la longévité des couples en France avec comme espérance de vie générale - 15ans et comme tournant fatidique - 5ans. Les gens auraient tendance à se séparer après le quinquennat dans la plupart des cas. Le prétexte de séparation étant justifié majoritairement par le manque d’amour. Alors pourquoi après 5ans ou 15ans aimerait-t-on moins ?
Si les cycles des séparations de couples avaient côtoyé les 6 à 12 mois, on aurait pu envisager qu’ils reflèteraient le simple fait qu’en apprenant à mieux connaitre l’autre, les conjoints a seraient amenés à revoir leur engagement, mais après 5ans, 15ans on est déjà plus dans la découverte de l’autre à proprement dit.
C’est d’autant plus étonnant qu’après une certaine période on ne voit même plus l’autre du même œil. On devient las. Où sont donc passés les cheveux lisse de la demoiselle qui l’attirait tant, son humour, sa finesse d’esprit ? Et lui, n’as-t-il plus le même regard ténébreux qui vous plaisait tant ? N’est t- il plus aussi brave et intelligent qu’autrefois ?
Comment se fait-il qu’après quelques années passées en commun ne voyons-nous plus les qualités pour lesquelles nous avions choisi de partager notre vie avec elle/lui, elles n’ont pourtant pas disparu…
Un rêve qui peut virer au cauchemar
Une des raisons à ce phénomène amer est qu’il s’avèrerait qu’avec le temps nous en voulons à l’autre. En fait, nous lui reprochons de ne pas être à la hauteur de nos exigences, de ne pas répondre à nos attentes, à nos besoins. Nous manifestons ensuite notre mécontentement par des réactions dont on prend bien soin qu’elles soient saisies par l’autre afin qu’il regrette « son erreur ». Chez certains c’est les piques – ces petites critiques acerbes dites sur le ton de l’ironie pour défouler la colère emmagasinée à cause de lui/elle, chez d’autres ce sera le mutisme – ce silence glacial et dédaigneux qui a pour but de faire payer l’autre en lui retirant toute chaleur humaine. Bref chacun sa manière de châtier l’autre pour ne pas avoir été à son image…
Puis la rancœur s’installe dans le cœur et déloge la bienveillance d’autrefois. Et avec le temps un nouveau sentiment s’incarne vis-à-vis de l’autre, une sensation amère pleine de frustrations qui remplace l’émoi des premiers jours. Ce sentiment une fois installé devient une idée puis une opinion sur l’autre. On n’est plus capable de le voir comme au premier jour et on plaint même ceux qui ne voient pas encore le « vrai visage » de notre compagnon…
Notre personnalité pour sa part écorchée fait dorénavant écran avec le caractère de l’autre, ses qualités d’autrefois, on ne le voit plus tel qu’il était – tel qu’il est vraiment. Ce n’est désormais qu’au travers du prisme de notre mal-être que l’on considère l’autre.
Apprécier l’autre devient de plus en plus pénible, on attend qu’il répare ce qu’il a cassé en nous ou qu’il change son comportement. On ne veut pas non plus être celui qui fera l’effort de changer ce que l’autre nous reproche par peur d’être berné, qu’il ou elle profite de notre bonne volonté et bien sûr par orgueil. On conditionne l’avancée d’un pas chez nous par deux pas chez lui/elle.
Changer ses lunettes de vie
C’est en partant du problème qu’on arrive parfois à entrevoir un début de solution…
Ici, nous en voulons à l’autre de ne pas nous donner ce dont nous pensons avoir besoin, que nous pensons mériter, et cela nous braque au point de ne plus être capable de considérer notre mari ou notre femme à sa juste valeur.
C’est comme si nous avions corrompu la vision objective que nous avions de l’autre, à cause de celle que nous portons sur nous-même. Nous souffrons à cause de lui/elle, ce qui a pour conséquence que nous sommes concentrés sur notre mal être, biaisant du même coup les qualités et vertus du conjoint. Pas étonnant qu’on arrive plus à recoller les morceaux après…
Il s’agit parfois juste de ne plus penser à « notre état » généré par l’autre mais à l’autre tout simplement, pour ce qu’il est, ce qu’il a fait de bon, se donner le droit de s’émerveiller, d’être séduit/e, comme à l’époque où il/elle n’était pas censé donner, servir, se soumettre... Redécouvrir ses qualités, son charme, son intelligence, son courage etc. un regard qui ne peut s’apposer que à la condition qu’on réussisse à se mettre un tantinet de côté.
En résumé : Aimer l’autre pour ce qu’il est, non plus pour ce qu’il donne… ou pas.