La crainte divine et l’amour d’Hachem sont les deux Mitsvot qui constituent la base du Service divin. Toutes les Mitsvot positives sont incluses dans l’amour d’Hachem et toutes les Mitsvot négatives sont incluses dans la crainte divine.
Le Ram’hal écrit dans son livre Messilat Yécharim : « La crainte et l’amour sont les piliers du véritable Service divin sans lesquels il ne peut avoir de fondation. » Il est écrit dans le Zohar : « Les Mitsvot accomplies sans crainte et sans amour ne pourront monter et se tenir devant la Face de D.ieu. » Ce qui implique que plus les niveaux d’amour et de crainte de l’homme sont élevés, plus ses Mitsvot atteindront des mondes supérieurs.
Pourquoi n’est-il pas suffisant de servir D.ieu uniquement avec amour ?
1. L’homme qui ne sert D.ieu que dans l’amour pourra se rebeller lorsque des épreuves ou des punitions lui seront envoyées par Hachem. Il se peut même qu’en résultante de la punition, son amour cesse. Il lui manquera alors une partie dans son Service divin et au lieu d’essayer de comprendre chaque punition et réparer ses voies, il se rebellera. Le Service divin nécessite donc un aspect supplémentaire de crainte de D.ieu qui entraînera l’homme à avoir peur d’Hachem et par là, ne pas se rebeller même lorsqu’il sera puni.
2. Le Talmud nous dit : « Celui qui est contraint et qui exécute est plus grand que celui qui exécute sans être contraint ». En effet, la peur de celui qui est contraint le rendra assidu (il pensera : « Il se peut que je ne parvienne pas à accomplir la Mitsva comme il se doit ! »), alors que celui qui n’est pas contraint neressent aucune inquiétude (il songera en lui-même : « Il n’arrivera rien si je n’accomplis pas la Mitsva comme il se doit, l’essentiel est mon amour pour D.ieu. »). Celui qui ne sert D.ieu que par amour est semblable à celui qui exécute sans être contraint, il ne se montrera pas strict et ne recherchera pas la perfection dans ses actes.
Exemples :
– Après avoir triomphé lors d’une très longue guerre, un roi voulut se reposer. Le peuple enthousiaste s’était toutefois réuni devant le palais et criait : « Vive le roi ! ». Un officier du roi sortit et demanda le silence, car le monarque avait mené beaucoup de combats qui l’avaient épuisé. Le peuple continua malgré tout ses cris et un deuxième officier essaya de calmer la foule en disant : « Le roi aime sonpeuple, mais il faut maintenant rentrer et le laisser se reposer. » Personne ne prit en compte cette demande jusqu’à ce qu’un troisième officier sorte dupalais et crie : « Celui qui ose crier encore une fois sera tué sur-le-champ ! » Seule cette menace parvint à disperser le rassemblement.
Rav Eliahou Lopian tire l’enseignement suivant de cette histoire : parfois, malgré toutes ses bonnes intentions et l’amour qu’il éprouve, l’homme ne sera retenu que par sa crainte.
3. A propos des élèves de Rabbi Akiva, il est écrit : « ils sont tous morts au même moment, car ils ne s’honoraient pas entre eux. »
Le comportement répréhensible des élèves est a priori surprenant puisqu’ils avaient appris de leur maître le précepte : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même, c’est un grand principe de la Torah ». En fait, la faute reprochée ici n’est pas la haine gratuite ou le manque d’amour,mais le manque d’honneur des uns envers les autres. Nous pouvons en déduire que l’amour et le respect sont deux notions différentes et même contraires.
Lorsqu’un sentiment d’amour lie deux personnes, il engendrera une certaine proximité qui peut dans certains cas générer du mépris. C’est le processus qu’ont vécu les élèves de Rabbi Akiva, l’amour mutuel qu’ils éprouvaient avait amoindri le respect qu’ils se portaient, une certaine dose de crainte les aurait préservés de la faute.
Pourquoi n’est-il pas suffisant de servir D.ieu uniquement avec crainte ?
La crainte restreint et contraint l’homme, alors que l’amour le rassérène et le réjouit dans son Service divin, elle est la source de toute bonne action. Si l’homme ne sert D.ieu qu’avec la crainte, il ne cherchera pas à se dépasser et ne fera que le strict nécessaire afin de ne pas être puni.
Comment allier crainte et amour ?
L’amour est la source de notre unité avec Hachem, la crainte est la source de notre déférence envers D.ieu. Ces sentiments ambivalents sont exprimés dans le livre de Ye’hezkel , concernant les êtres mystérieux appelés ‘Hayot : il est dit à leur propos qu’elles « couraient et revenaient », elles couraient avec amour vers Hachem, mais à la vue de Sa grandeur, elles avaient peur et revenaient en arrière et ce mouvement se répétait sans cesse. Notre lien vis-à-vis de D.ieu doit être similaire, d’une part, une conscience claire de Sa grandeur face à notre petitesse et d’autre part, un sentiment d’amour et de reconnaissance qui nous pousse à nous rapprocher de Lui. L’amour et la crainte sont donc les deux éléments fondateurs du Service divin.
À ce sujet, il est écrit dans le livre Yéssod Véchorech Haavoda : « Lorsque ton mauvais penchant provoquera en toi un désir, pense : « Il est évident que c’est mon Créateur qui guide mes actes et mes pensées qui ne sont pas louables à Ses yeux, et comment pourrais-je engendrer cette détérioration supplémentaire devant Ses yeux alors que « Le monde est emplide sa gloire. » Comment pourrais-je repousser la Présence divine loin de moi ? »
La méthode :
Avant d’accomplir une Mitsva, ayez cette réflexion : « Pour quelle raison je m’apprête à faire cette Mitsva ? Parce qu’Hachem me l’a ordonné et que je Le crains. Il est puissant, c’est un Roi qui soumet celui qui ose se rebeller. De plus, j’aime D.ieu, Il est Le plus grand et Le plus sage, Il me prodigue des bontés de façon infinie et me fait vivre, c’est pourquoi je L’aime et je veux faire Sa volonté. »