Rester fresh à 76 ans !

Nous voudrions offrir en modeste cadeau à l’État hébreu, qui soufflera ce soir ses 76 bougies, atteignant ainsi l’âge honorable de la sagesse et de la pondération, un discours, celui d’une jeune femme, non juive, qui a osé ce 6 mai s’exprimer avec un cran et un sang-froid remarquables, devant le Tout-Paris, sur le sujet tabou du jour en Europe : Israël !

Pourtant à priori, elle aurait pu facilement être dans le camp de nos détracteurs, mais elle nous prouve que la bonne foi et la lucidité, ça existe encore. Et ça fait du bien. 

 Écoutons-la :

“...Nous devrions faire attention à nos silences. Car voyez-vous, dans le brouhaha de nos indignations faciles, le silence, même relatif, après ce 7 octobre dans lequel 1200 Israéliens ont été massacrés, est assourdissant. Et s’il est évident que nous partageons tous ici les appels au cessez-le-feu, comment être solidaires des milliers de civils morts à Gaza, sans être aussi solidaires des victimes israéliennes ? Comment exiger d'Israël de cesser le feu, sans exiger la libération des otages israéliens ? Comment réclamer le départ de Netanyahou sans réclamer celui du 'Hamas ?

Ce silence qui accompagne les victimes du 7 octobre et des otages, continue de nous diviser et de blesser tous ceux, Juifs ou non, qui sont attachés aux droits humains. Il ne tient qu’à nous, à nous tous, de le briser…”

Sophia, qui prononce ces mots devant le who’s who parisien de la Culture et des Arts, est française d’origine musulmane, née de parents marocains, comédienne, chroniqueuse radio et animatrice TV sur la 2. 

Le parterre des Folies Bergères applaudit 

Foncièrement laïque et penchant à gauche, elle voit pourtant on ne peut plus clair dans la jungle du complotisme et du wokisme (vous savez, ceux qui ont pris le monopole de l’humanisme sur terre, tellement tolérants qu’ils ont toujours raison), et se sent nostalgique de la vieille garde, celle du “Touche pas à mon pote” des années 80, “alors sincère”, dit-elle, lorsque la lutte contre le racisme incluait tous les individus de la planète, et pas seulement ceux dont on allait avoir besoin pour les prochaines municipales... 

Est-ce que les organisateurs de la cérémonie des Molières 2024, lorsqu’ils ont choisi Sophia l’humoriste pour prononcer le discours d’ouverture, savaient qu’ils allaient recevoir Sophia la polémiste… ? 

En tous les cas, le parterre des Folies Bergères, où toute la profession du théâtre français se trouvait réunie ce soir-là, ministres inclus, lui a fait une ovation ; les vérités qui sortent du cœur, nous disent nos Sages, rentrent dans les cœurs. 

Nous n’achèterons pas de billet pour son nouveau spectacle, mais on soulignera avec un marqueur brillant, son courage, car par les temps qui courent, prendre la parole et risquer sa sécurité, ne serait-ce que pour demander un rééquilibrage des points de vue, est un formidable tour de force !

Le propre d'une maison saine

Ce soir, c’est Yom Ha'atsmaout, l’Independence Day d'Israël. 

Mazal Tov !

Comme dans une famille (que nous sommes), les jours anniversaire sont là aussi pour faire un bilan, et réajuster tel ou tel comportement concernant le bien être de notre maisonnée, se pencher sur les doléances d’un vieil oncle, placer un tuteur à l’une des branches mal irriguées du couple, tenter de comprendre pourquoi cette cousine délurée s’emporte et veut claquer la porte, et ainsi faire positivement avancer la charrette.

Mais cela en famille exclusivement. 

Ceux qui exportent nos différends à l’étranger, les jettent en pâture à nos pires ennemis, calomnient et mettent en danger notre fragile petite demeure, qui avec tous ses défauts, est notre seul nid, sont à exclure, parce qu’ils trahissent la définition même de ce qu’est un “foyer”.

Professeurs universitaires “ès” quelque chose, militaires hauts gradés ou journalistes, ils n’ont pas compris que le propre d’une famille, c’est d’abord la solidarité !

La seule chose made in Israël...

Depuis la Destruction du 2ème Temple, il y a deux-mille ans, jusqu'à la Déclaration d'Indépendance, il y en a 76, ne nous leurrons pas, nous tous, richissimes Juifs de la Ringstrasse à Vienne, cordonniers du Shtetl russe ou banquiers au Caire, nous étions des Juifs errants. 

Rien à quoi se rattacher, ballottés aux gré des caprices du Roi, Chancelier, Seniõr, gouverneur, duc, comte, Burgermeister et j’en passe, qui allaient selon leurs humeurs, nous chasser de leurs terres, ou quelques années après, en mal d’essor économique, nous y faire revenir.

Aujourd’hui, cadeau de la Providence, et d’Elle uniquement, ce pays est redevenu le cœur palpitant du Peuple Juif, de la Tradition authentique, de la plus haute concentration d'Érudits du Talmud sur terre et d’un foisonnement de courants de pensée juive, du Maroc à la Lituanie.

La seule chose vraiment made in Israël que l’on peut trouver ici, ce n’est pas le falafel – qui d’ailleurs est d’origine libanaise –, ni les exploits de la High Tech, mais bien le monde de la Torah, qui s’épanouit et se déploie en une infinie palette de coutumes, venues du monde entier et se retrouvant en Israël, en 2024, plus fresh que jamais, déclinées dans les centaines d’établissements talmudiques du pays et les milliers de synagogues.

Y a-t-il une meilleure façon de fêter ce 76ème anniversaire qu’en reconnaissant notre particularité ?

La vocation de l’État juif, dès sa création, devait être de permettre le retour et le rassemblement de l’antique peuple hébreu sur sa Terre, en sécurité, mais certainement pas de mimer ces mêmes Nations, qui à travers les âges et hier encore, cherchaient, soit à nous décimer soit à nous assimiler, réglant ainsi à leur façon, l'insoluble – et agaçante – énigme de notre éternité. 

Aujourd’hui, en mai 2024, le nombre de Juifs recensés dans le monde, n’a pas encore rattrapé celui d’avant la Shoah, et notre priorité doit être d'agrandir la famille et de reconstruire, fidèle au souvenir de nos aïeux, ce que fut l'Israël de notre tradition.

Faire fleurir son patrimoine est au moins aussi important que d’encourager la recherche cinématographique sur le néo-réalisme italien ou d’ouvrir une section de dialectes chinois de la contrée du Guangdong à l'Université du Mont Scopus.

Non ?