Perchée sur ses talons, chancelante, titubante du haut de son mètre cinquante-sept, elle tourne le dos à son public et n’entend même pas les sifflements des fans mécontents, venus entendre les tubes de la reine de la soul music. Cette dernière représentation à Belgrade en 2011, fut son chant du cygne : l’étoile filante du rhythm and blues s’éteindra 2 mois plus tard, à seulement 27 ans.
En 2 albums, elle sera devenue une star planétaire : aussi fragile que talentueuse, elle laissera dans son sillage d’astéroïde éphémère, bien après sa mort, une traînée lumineuse éclairant encore le ciel de la pop. Fantasque, irrévérencieuse, généreuse, elle compose, écrit, interprète des titres qui la propulseront en quelques mois au sommet de la notoriété mondiale et recevra la plus prestigieuse distinction musicale anglaise, les Grammy Award. Elle en raflera 5 d’un coup, pour son album Back to Black. Jeu de mots, ce « Retour au Noir », c'est-à-dire au néant, est aussi celui à Black, le prénom du bad boy qui lui fera goûter de l’héroïne pour la première fois.
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Enfant juive du quartier nord de Londres, née de parents traditionalistes, elle fréquente le Talmud Torah du dimanche, aime son papa, sa maman, son frère, les fêtes, être ensemble : tout est presque normal à Gordon Hill street.
Mais Mitch, son père adoré qui l’a initiée à la musique, aux jazzmen et à Frank Sinatra, qui lui a appris à finir les chansons qu’il fredonne, quitte la maison quand elle a 9 ans. Il ouvre alors en elle une blessure qui jamais ne cicatrisera : cet abandon sera la fêlure par laquelle s’engouffreront plus tard ses addictions. Elle ne cessera d'être la petite fille rebelle qui appelle son père à revenir au foyer.
Son refuge, c’est alors la musique et à 20 ans, elle sort son premier album. Sa voix possède les tonalités gutturales des plus grandes chanteuses de jazz, avec la rondeur, la couleur et la résonance d’une âme juive.
Mais Amy est perdue. Attirée par un gouffre, qui parallèlement lui inspirera ses plus beaux titres, elle attend l’occasion d’y plonger, et finalement trouvera celui qui l’y entraînera. Quand un être trop profond cherche à rencontrer l'abîme, la descente aux enfers va commencer.
Si, comme disent nos Sages, le Machia’h est assis aux portes de Rome, c’est-à-dire à l’entrée d’une civilisation éclatée, épuisée, vidée de sens, il a dû la voir passer avec sa coiffure abracadabrante, son piercing, ses tatouages, et sa gouaille anglo-saxone. Car elle était là-bas, petite Amy, au portique des nuits de Londres.
Eloul, mikvé d'Israël
Lorsque nos Sages, de mémoire bénie, viennent illustrer ce qu’est un « retour » sincère, une Téchouva parfaite, c’est Elazar ben Dordaya qu’ils évoquent. Cet homme, dont l’histoire est rapportée dans le Talmud, addict impénitent à ses penchants, incapable d’y résister, disait sans doute comme Amy « oh no, no » quand on lui proposait une cure de désintoxication. Devenu en un instant de clairvoyance l’immense Rabbi Elazar ben Dordaya, acclamé par les Cieux comme méritant au monde futur, il sera l’exemple de toutes les Téchouvot à venir.
Ce n’est certainement pas un hasard si c’est lui le héros de la Téchouva. Car c’est bien pour les Elazars, les Amys et tous ceux qui sont embourbés dans leur Yétser qu’Eloul existe.“Mois-mikvé" symbolisé par la virginité, on entre dans lui comme dans un bain et tout Israël, sans exception, est invité à s'y tremper comme le rapporte Rabbi 'Akiva dans la fameuse Michna du traité Yoma :
“Heureux êtes-vous Israël, devant Qui vous vous purifiez et Qui vous purifie : votre Père dans les Cieux. De même qu’un mikvé purifie les impurs, de même Le Saint Béni soit-Il purifie Israël.”
Les commentateurs s’interrogent cependant devant la formulation : il est évident que le mikvé purifie les impurs, - et non pas les purs - alors pourquoi le préciser ? Et d’expliquer de façon étonnante : le mikvé purifie même celui resté impur après s'être trempé dans ses eaux. “Ça marche” aurait-on dit. Tout est agréé par un père. Le mikvé aidera toujours à laver une faute, même si de façon générale, la personne reste dans son impureté. C’est pour cela qu'Israël est appelé “Heureux”, car quelle que soit notre position spirituelle actuelle, le moindre effort est accepté.
Il n’y a pas de trop éloigné, de trop souillé, de trop coupable.
Ce qui est terrible, “Nora”, en ces jours redoutables, c’est de laisser échapper le Roi, qui en personne, sans protocole, en toute simplicité Se trouve à nos côtés, écoute nos doléances, nos peines, nos demandes, comme un Père bienveillant. Le Très-Haut est dans les champs, concrètement, réellement, comment raterait-on le rendez-vous ?
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Amy Winehouse, la trashy diva dont les canards anglais se délectaient, née en Tichri, fidèle à son peuple, mais submergée par ses démons, continua à porter à son cou une étoile de David jusqu'à sa dernière apparition. Ça restait sa référence, son appartenance, son petit mikvé à elle.
Profitons de ce temps béni de proximité avec notre Père, pour Lui demander de nous envoyer très vite celui assis aux portes de Rome, de Londres, de Paris ou de New York : qu’il recueille et délivre nos âmes en peine et celles de tous les Juifs dans l’obscurité, et qu’il permette définitivement l’établissement du Royaume de D.ieu ici-bas.
Eloul, c’est surtout fait pour ça.