Comment mener une vie heureuse ?, nous demandons-nous. Mais personne ne nous répond !

Seul un écho provenant des êtres humains vous répondra : il n’y a pas de vie heureuse !

Nous pouvons nous interroger : si c’est bien le cas, pourquoi Hachem a-t-Il créé un monde dans lequel tout le monde souffre ? Or, cela n’a pas lieu d’être. En effet, il est écrit "Olam ‘Hessed Yibané" "Le monde se construit par la bonté" (Psaumes 89,3).

Notre question revient : si c’est bien le cas, où est le lieu du bonheur, que le D.ieu bon, qui fait le bien, source de toute bonté, a préparé pour les hommes ? Il est clair que, d’un côté, le monde est rempli de souffrances, mais d’un autre côté, il est évident qu’il existe des moyens d’éviter les malheurs terribles qui se sont abattus sur le monde et ses créatures, et accéder au bonheur convoité.

Cependant, pour répondre à cette question existentielle, nous devons procéder à une introspection dans les tréfonds de l’âme, et non de manière superficielle, mus généralement par nos sens et nos désirs.

Ramenons un exemple :

Un chat se trouve devant un verre de lait et souhaite le boire. Or, à côté du verre de lait se tient un homme tenant un bâton en main. Que peut faire le chat ? Pour le moment, il reste en place, immobile. Il ne va ni en avant, en direction du verre de lait, ni en arrière, craignant l’homme et son bâton. Dirons-nous que le chat est philosophe ? En effet, il a devant ses yeux et son esprit de chat deux choix : premier choix, profiter du lait tout en souffrant du coup du bâton, ou deuxième choix : renoncer au lait, car il ne veut pas souffrir au profit de la jouissance d’un instant. Dilemme difficile pour ce chat, mais voici la réponse : non ! Le chat n’est pas un philosophe. Ce n’est qu’un chat.

Deux forces naturelles, créées par le Maître du monde, s’affrontent en lui : la puissance du désir qui le pousse vers le lait, et la puissance de la peur qui le pousse à quitter cet endroit de danger. D’où son immobilité ! Si l’une des forces l’emporte sur l’autre, le chat se déplacera en fonction de la force la plus puissante, qui le poussera à l’action. En bref, le chat n’agit qu’en fonction de ses instincts naturels.

Nous, les êtres humains, disposons du libre arbitre, nous exerçons notre jugement pour savoir comment agir, après avoir activé notre cerveau.

Comme introduction à ce merveilleux système, qui apportera du bonheur à chacun d’entre nous, se trouve la réponse à notre question initiale : la raison de l’absence d’une vie de bonheur dans ce monde-ci est expliquée dans les propos de nos Sages.

La Michna nous raconte dans le traité Avot : "La jalousie, la luxure et l’honneur précipitent la mort de l’homme" (Avot 4, 21). En fait, le Saint béni soit-Il a créé un monde de bonheur. Mais, nous, de nos propres mains, nous nous sommes chassés de ce monde de bonheur, et sommes entrés "par notre libre arbitre" au sein d’un monde de souffrance et d’épreuves, nous avons introduit dans notre cœur ces trois forces nuisibles, que nos Sages et les sages du Moussar ont qualifié de "mauvaises Midot" ou de "Midot destructrices" : la jalousie, la luxure et la poursuite des honneurs.

Le bonheur dans le monde du Saint béni soit-Il n’est possible que lorsque l’homme chasse de son cœur ces trois Midot destructrices - la jalousie, la luxure et la recherche des honneurs, qui sont les plus grands obstacles au bonheur désiré.
 

3 forces destructrices

Ces trois forces qui résident dans le cœur de l’homme sont celles qui incitent à l’action, poussées par l’instinct, sans possibilité de domination de l’esprit. Ce sont elles qui créent les tempêtes de l’esprit, les tensions, les disputes et les querelles, la concurrence harassante, la tristesse et la nervosité, les difficultés dans la gestion du quotidien, la confusion dans les pensées, les décisions et les actions hâtives. En outre, elles touchent le corps, l’esprit, et l’immunité de l’homme. Comme l’affirme la Michna : "Elles précipitent la mort de l’homme".

Les tensions nerveuses générées par ces troubles éliminent, en fin de compte, la sérénité, la jouissance et le bonheur que l’homme pensait atteindre. A quoi cela ressemble-t-il ?

Un homme observe un fleuve et remarque la tranquillité qui s’en dégage. Le fleuve s’écoule facilement, l’eau est claire, il a la force de porter de grands bateaux, et il apporte de grandes bénédictions à tout ce qui l’entoure.

Or, à partir du moment où l’on place des obstacles à sa course, alors le fleuve déborde, brise toutes les barrières, engloutit des villes entières et tout ce qu’il rencontre sur son chemin, renverse des bateaux, et toute sa nature positive se transforme en malédiction - il devient un "désastre naturel" ! C’est la parabole. Venons-en à présent à la morale.

Tant que l’homme exerce une domination de son esprit sur le cœur, il pourra chasser la puissance des Midot destructrices - la jalousie, la luxure et la poursuite des honneurs logés dans son cœur. Sa vie est paisible, les battements de son cœur sont normaux, cet homme est calme et serein, possède des forces positives et prêtes à faire le bien.


Le bonheur est si proche !

Mais lorsqu’il place des "barrages" : la jalousie, la luxure et la poursuite des honneurs dans son cœur, l’homme brise toutes les barrières. Nous ne nous étendrons pas, car malheureusement, chacun d’entre nous peut en rapporter de nombreux exemples.

Un monde plein de souffrances ! Si c’est le cas, revenons à notre question initiale : où se trouve le monde du bonheur ? Où est le Gan Eden ? Nous sont-ils accessibles ?

Sachez-le, mes amis, le bonheur est tout proche de nous, et la clé du Gan Eden nous est tendue : "D.ieu a pris l’homme et l’a placé dans le jardin d’Eden pour le cultiver et le soigner" (Beréchit 2, 16).

Prenons cette clé pour ouvrir les portes du jardin d’Eden et accéder à une vie de bonheur. Il nous suffit d’entrer dans le jardin - "pour le cultiver et le soigner", accompagné d’une prière au Maître du monde pour notre réussite !
 

Rav Guidéon Cha’har