Les épreuves de la vie transforment l’être qui est touché. Celui qui les surmonte grandit, mais certains sombrent et ne s’en sortent pas. La “Ligne D’écoute” de Torah-Box ainsi que le secrétariat sont témoins du besoin que ressentent ces personnes éprouvées à parler. Souvent, elles réclament de l’aide, car elles sombrent dans le désespoir. Les séparations, déceptions, solitude, problèmes de santé physique ou psychique, inaction, dépressions, etc. sont les sujets qui reviennent fréquemment et la cause de la détresse de ceux qui appellent.
Nous voudrions rapporter à ce propos l’histoire d’une dame pieuse, qui va toute sa vie apporter à son entourage des paroles de Émouna (foi) en un D.ieu Grand et Miséricordieux, et qui renforcera toute personne abattue à ne pas douter de la Bonté Divine. Il s’agit de Mme Ahouva Liba Lerner, rescapée des camps d’Auschwitz, décédée récemment, à l’âge de 92 ans. Toute sa famille a été décimée, mais elle survécut et trouva en elle les forces pour reprendre une vie normale, se marier et avoir une descendance.
En fait, elle n’a jamais parlé et détaillé son expérience dramatique pendant la Shoah, mais trois ans avant sa mort, elle appela son fils et lui dit : « Comme tu le sais, j’ai vécu l’enfer et j’ai beaucoup souffert pendant ces années à Auschwitz ; tout mon passé a brûlé dans les fournaises des camps, ma famille a été complètement anéantie et je me suis retrouvée seule au monde. Si tu te demandes comment j’ai fait pour tenir et garder ma Émouna intacte, je t’en révèle le secret : je parlais tout le temps avec Hakadoch Baroukh Hou (Le Saint béni soit-Il). Je n’avais pas de livre de prière, mais je m’adressais à Lui tout le temps, et cette phrase revenait sur mes lèvres : “Békhol Zot Chimkha Lo Chakha’hti, Na Al Tichka’héni” (“Malgré tout, Ton Nom je ne l’ai pas oublié, je Te supplie de ne pas m’oublier Toi non plus”). Je pleurais et répétais cette phrase sans cesse. Maintenant, j’ai une requête à te faire : je m’approche de mes derniers jours sur cette terre, et je voudrais que lorsqu’on m’enterrera, on me mette dans la main un papier sur lequel sera écrite cette même prière, et j’espère ainsi être acceptée au Gan Eden. Demande au Rav ‘Haïm Kanievsky si cela peut se faire. »
La question a été posée au Rav qui a été touché jusqu’aux larmes et a autorisé cette demande - sous une certaine forme. Il a ajouté qu’en vérité, cette femme n’avait pas besoin de cet écrit, puisque l’Éternel sait tout, mais, malgré tout, pour respecter son vœu, qu’il en soit ainsi.
En d’autres termes, cette grande dame a eu la conscience aiguë que s’il y a une chose qui s’élève comme un mérite absolu devant le Siège Divin, c’est bien ces prières qu’elle adressait à D.ieu dans le cauchemar de son quotidien. Cette phrase lui a permis non seulement de résister devant les épreuves et la douleur, mais aussi de donner un sens à toute son existence : son foyer sera construit sur des valeurs de Torah et de Émouna, et sa descendance, elle aussi, continuera à perpétuer le Judaïsme. Le Rav Kanievsky, imprégné de sa Torah, apposa en quelque sorte sa "signature" à la requête de cette femme, en validant qu'il s'agissait bien d'un laissez-passer pour le Gan Eden.
Cette histoire ne peut que nous interpeller, car, dans la vie, nous avons tous des épreuves, mais que nous allons nommer « gentilles », c’est-à-dire qu’en général, elles passent et s’effacent d’elles-mêmes. Mais il arrive de nous trouver confrontés à une « méchante » qui dure, qui est terrible, dont nous ne voyons pas la fin. Facilement, nous pourrions baisser les bras et tomber dans les dépressions, le mal de vivre, la self-compassion, toutes ces expressions de notre détresse. Alors inspirons-nous de Mme Lerner qui a gagné deux mondes : en se renforçant, elle a réussi à survivre et à reprendre une vie normale, mais elle a également gagné son entrée au Gan Eden, en ne faiblissant pas et en clamant que, même dans l’épreuve, Il est là et Il ne nous oublie jamais.