Nos Sages enseignent dans le Talmud, au début du traité de Méguila 3b : « Publier les miracles est préférable aux autres vertus ». Le dévoilement et la publication d’un miracle ont en effet la vertu de raviver l’amour et l’affection enfouis dans chaque être envers D.ieu, car il est une sorte d’étincelle envoyée par l’au-delà dans notre monde obscur pour éclairer nos cœurs d’une lumière capable de nous renforcer dans notre service Divin.
Dans cette logique, chaque histoire ayant comme contenu des étincelles d’un dévoilement d’Hachem peut raffermir notre service spirituel quotidien. J’ai ainsi décidé de consigner l’anecdote qui m’est arrivée il y a plusieurs années.
Voici l’histoire :
La législation israélienne prévoit que chaque « olé ‘hadach » détenant un permis de conduite étranger doit passer un examen pratique afin de convertir ce dernier en permis israélien. Je fus donc invité, après avoir été naturalisé, à passer le test de conduite au début du mois de Nissan, quelques jours avant la fête de Pessa’h.
À cette même période naquit chez nos voisins – la famille Shapira – un garçon. Le père de famille, Rav David, représentait pour moi bien plus qu’un simple voisin ! Nous étudiâmes en effet en ‘Havrouta pendant de nombreuses années et l’harmonie qui nous unissait était hors pair.
La date de la Brit-Mila tombait le jour même de mon examen de conduite. Ce dernier était prévu à 8 heures du matin tandis que la circoncision devait avoir lieu vers 10 heures. J’assurai au père de l’enfant que je ferai mon maximum pour assister à la Sim’ha.
La veille de la Brit-Mila, je vis en rêve le père de l’enfant. Il me confiait qu’il ne nommerait point son fils « Ména’hem » sur le nom de son grand-père paternel, décédé quelques semaines auparavant, mais plutôt « Moché », au nom du grand-père de son épouse !
À mon réveil, le souvenir de mon rêve me troubla, mais je me convainquis de ne pas y prêter attention, m’appuyant sur les enseignements du Talmud selon lesquels les rêves sont très souvent porteurs de messages futiles…
Ce jour-là, je me levai à une heure inhabituelle pour prier au lever du soleil afin d’arriver à temps à l’examen de conduite. Pas loin de chez moi se trouvait un Beth Haknesset de rite séfarade dans lequel la prière de Cha’harit se déroulait à l’heure du Netz Ha’hama. En y rentrant, je fus surpris d’y trouver mon voisin. J’avais en effet une raison valable de prier si tôt, mais quelle était la sienne ?
Cette situation m’interpella… Je me questionnai en mon for intérieur – comment est-il possible que nous nous soyons rencontrés ce matin-là, au même endroit et à la même heure ? Était-ce un signe du Ciel que mon rêve devait lui être dévoilé ?
La gêne d’aborder ce sujet délicat et de lui demander quel prénom il comptait donner au nouveau-né l’emporta. Je préférai attendre sagement le déroulement de la cérémonie et de découvrir naturellement si le rêve avait un sens ou s’il était le fruit de mon imagination. En sortant, le croisant au seuil de la porte, je ne résistai toutefois pas et lui racontai que je l’avais vu en rêve… Je lui proposai d’attendre jusqu’après la circoncision pour lui en raconter les détails, mais lui émit le souhait de l’entendre tout de suite.
Je lui en fis donc part et ajoutai : « Tu me disais que ton fils ne serait point appelé sur le prénom de ton grand-père paternel ‘Ména’hem’, mais plutôt sur le prénom du grand-père de ton épouse ‘Moché’ ».
Fortement surpris, mais affichant vite son sourire habituel, il me répondit : « Effectivement, il en est ainsi, nous avons prévu de nommer notre fils Moché au nom du grand-père de ma femme… »
Il me serait difficile de décrire le sentiment qui m’envahit à cet instant et qui m’accompagna par la suite, une sensation méconnue, mais qui renforce considérablement. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de diffuser cette anecdote et de la publier. Elle sera certainement en mesure de renforcer nos frères et sœurs et de les encourager dans le service Divin, de voir et de sentir comment la Providence veille constamment sur les créatures et les guide dans leur destin.
Elle ne se dévoile à nous que très peu et nous laisse à peine l’entrevoir, de temps à autre, par de toutes petites fenêtres… si seulement nous prenons le temps de la rechercher.