L’un des moyens les plus puissants qu’ont utilisés les adeptes de la Réforme (la Haskala) afin d’influencer et d’éloigner les Juifs de la Torah, a été de dénigrer les Rabbanim. Tant qu’une communauté reste attachée à son Rav et fidèle à ses enseignements, il est très difficile de proposer une “alternative” à la Tradition. C’est pourquoi les dirigeants de ces mouvements déviationnistes se sont efforcés de neutraliser les Rabbanim en les présentant comme des êtres arriérés et non civilisés, ou encore comme des fourbes manipulateurs. C’est ainsi que certains Rabbanim, afin de conserver leur influence, se sont mis à étudier des sciences à l’université, et cela a donné des rabbins-docteurs ! Sachons que même aujourd’hui, des médias laïques israéliens recherchent des scandales financiers ou de mœurs chez des personnalités rabbiniques, la plupart du temps sans le moindre fondement, afin d’écarter leur influence auprès des citoyens juifs. (Entre parenthèses, des esprits malicieux attendent aussi Torah-Box au tournant pour le calomnier, conscients de la révolution de rapprochement au Judaïsme que l’on y opère).
C’est pourquoi lorsque Kora’h et sa compagnie mettent en doute la sincérité de Moché Rabbénou en le présentant comme quelqu’un d’intéressé, ils parviennent à ébranler la confiance des Bné Israël en leur dirigeant, faisant croire que ce n’est pas D.ieu qui l’a chargé d’une mission et que la Torah dont il est porteur n’est pas d’essence divine. Moché Rabbénou réalise alors qu’il faut sévir sans compromis et n’hésitera pas à demander à D.ieu d’appliquer une punition exemplaire contre ses détracteurs : la terre s’ouvrira, les avalant vivants eux et toute leur famille. Encore un peu, Kora’h aurait réalisé son dessein de déstabiliser l’autorité spirituelle, et toute l’histoire juive aurait été remise en question.
Comme on le sait, la présence des Rabbanim auprès des communautés a permis d’entretenir l’identité juive durant plus de 3000 ans, malgré l’exil et la dispersion. Mais voilà qu’aujourd’hui, avec l’apport de la technologie moderne, on pourrait penser que l’on peut vivre son Judaïsme sans avoir besoin de contact avec un Rav : tout le savoir du Talmud, de la Loi et de la compréhension de nos écrits saints ont été programmés et on peut trouver ainsi réponse à toutes nos questions toraniques ! Il sera possible à l'avenir d’aller encore plus loin et “remplacer” le Rav en prévoyant par exemple des réponses appropriées au Minhag (coutume) du questionneur ou à son niveau de praticité, de nuancer la réponse selon qu’il recherche une permission ou l’application de la loi stricte, ou bien s’il y aurait des conséquences sur son Chalom Bayit ou sur le respect de ses parents, etc. En fait, il ne manquerait à ce programme que les nouveaux cas dus à des découvertes, que l’on pourrait éventuellement soumettre à une élite de Rabbanim puis rentrer leurs réponses dans les cases prévues à cet effet.
Si les avantages de la technologie sont indéniables à la diffusion de la Torah, il y a tout un pan fondamental du Judaïsme qui reste irremplaçable : le Chimouch Talmidé ‘Hakhamim (la fréquentation des Sages), considéré comme encore plus important que leur enseignement. La Torah qu’a reçue Moché Rabbénou au mont Sinaï n’est pas uniquement un savoir à transmettre, mais aussi et surtout son intériorité, élevant et transformant le disciple au contact de son maître. Rabbi Yéhouda Hanassi, rédacteur de la Michna, déclara : ”Je n’ai accédé à la Torah qu’en observant la nuque de Rabbi Méir”. La Torah est une Torah de vie qui s’exprime dans les traits de visage de l’érudit et dans sa conduite quotidienne. Son être irradie de vérité et de sagesse, au point qu’il est donné à l’élève de capter cette dimension et de l’intégrer dans son être.
C’est pourquoi même de nos jours, et peut-être encore plus dans notre génération asséchée et en quête, nous devons chercher à nous “réchauffer” auprès des Sages, qui restent la preuve vivante de l’authenticité de la Torah.