Avi Kats, le fondateur de la société Cofix, relate une histoire à donner les larmes aux yeux sur la Rabbanite Tamar Steinman, épouse du Rav Aharon Leib Steinman, l’un des grands dirigeants du monde de la Torah.
Dans un article publié dans le journal Yédiyot, Kats relate : « Opération Chalom Hagalil. Pendant les huit premiers mois de la guerre, j’ai servi dans les blindés, sur la première ligne de défense. La plupart de mes amis ont été atteints d’une manière ou d’une autre : autour de moi, on trouvait des blessés et des morts.
J’étais un enfant orthodoxe, orphelin de père, qui s’était enrôlé dans l’armée. Après huit mois, je suis rentré chez moi à Bné Brak pour un congé, pour rendre visite à un ami gravement blessé et hospitalisé à l’époque, et pour assister à l’enterrement d’un ami qui était tombé sur le champ de bataille. A l’arrêt d’autobus à côté de chez moi, au coin de la rue ‘Hazon Ich et Rabbi Akiva, j’attendais l’autobus pour aller à l’enterrement, après avoir rendu visite à ma mère, veuve », poursuit Kats en décrivant ces jours difficiles.
« Cet arrêt d’autobus, qui existe jusqu’à aujourd’hui, se trouvait à côté de la maison de ma mère ainsi qu’à côté de la maison du Rav Aharon Leib Steinman, dirigeant du monde orthodoxe lituanien, qui était déjà Roch Yéchiva de Poniowitz. J’attendais à l’arrêt du bus. C’était un sentiment difficile, mon cœur était lourd, entre une visite chez un blessé, en route vers un enterrement, et un départ vers le front, sans compter qu’il m’était difficile de quitter ma mère. J’imagine que l’expression de mon visage trahissait mes sentiments.
Soudain, la Rabbanite Tamar Steinman, épouse du Rav Steinman, sortit de chez elle. Nous nous connaissions bien. Elle était une amie de ma mère, qu’elle ne quittait pas dans les moments difficiles du veuvage, même lorsque son mari commença à devenir célèbre. C’était une femme de petite taille, au visage bienveillant. Elle s’approcha de moi, le regard brillant : "Avilé, comment ça va ?". Je ne cachai pas la grande tristesse dans laquelle je me trouvai. Je lui racontai d’où je venais et où j’étais sur le point d’aller.
Le visage de la Rabbanite s’éclaira lorsqu’elle me dit : "Tout va bien se passer, Avilé, tu verras, tout ira bien. Avec l’aide de D.ieu, tu reviendras en paix". Rien ne comptait pour elle. Ni mon apparence bizarre en uniforme, ni son statut en tant que Rabbanite déjà célèbre dans la ville et dans le public orthodoxe. Elle avait vu un Juif en détresse.
Après m’avoir quitté, je partis pour l’enterrement, et à partir de là, je retournai au Liban pour six mois de plus sur le front. La chaleur attentionnée de la Rabbanite Steinman et sa promesse que tout irait bien m’accompagnèrent pendant six mois, jusqu’à mon retour à la maison depuis le Liban.
Par la suite, lorsque la Rabbanite quitta ce monde, je me rendis chez le Rav Steinman pour une visite de condoléances. Avant de partir, la personne qui m’avait accompagné relata cette histoire au Rav Steinman. Le Rav, déjà âgé, éclata en pleurs pendant de longues minutes », conclut Avi Kats le récit de ses souvenirs de la remarquable Rabbanite au cœur compatissant et sensible.