Après le Transsibérien, ses compartiments chauffés, ses banquettes capitonnées de velours écarlate et l’Oural glacé s’étendant à perte de vue (alors que le samovar fume au wagon-restaurant…), le Trans-Orient-Express nous a bercés au gré des collines verdoyantes de l’Angleterre, assis au côté d’Agatha Christie. Enfin, à bord du Transatlantique, on a fait escale à Athènes, Bombay et au Caire avec Tintin, pour partir à la recherche des mystérieux cigares du Pharaon.
Mais ces voyages Trans d’autrefois, traversant les continents et éveillant l’imagination d’auteurs comme Jules Verne ou Hergé, ont pris depuis quelques années un autre tour : les nouveaux paysages à découvrir ne sont plus géographiques mais génériques.
La nouvelle aventure, semble-t-il, c’est l’expérience trans-genre, c'est-à-dire transcender son identité pour venir habiter celle d’en face.
Abattre les frontières
L’Homme, à la recherche de nouvelles sensations, après avoir exploré tous les interdits qui au fil du temps se sont transformés en normes (ceci grandement véhiculé et vulgarisé par les films et la littérature sublimant la faute, de Mme Bovary à Anna Karénine, en passant par Don Juan), aspire à découvrir des terres nouvelles.
Après la banalisation de l’infidélité, on a pris d'assaut un nouvel interdit, une nouvelle limite à outrepasser, celle du mariage avec « le même que moi », officialisé comme une union légitime. Les mouvements progressistes ont bien sûr applaudi, greffant avec malice les mots « autodétermination », « liberté des individus à s’assumer et à aimer qui on désire », et utilisant tout ce vocabulaire chatoyant, populiste, démagogue, qui ne souffre au nom de la tolérance (!!) aucun bémol pour définir un phénomène qui reste une anomalie.
Et aujourd’hui, le combat arc-en-ciel est largement gagné, puisque la société occidentale en mal de définitions claires a accepté l’aberration, et il faut chercher un nouveau territoire à conquérir.
Le nouvel itinéraire, emprunté il y a une petite décennie encore par un infime pourcentage de la population, devient une option envisageable : c’est le changement d’identité sexuelle.
Mineurs dans le collimateur
Si à l’âge adulte, personne ne peut venir nous conter fleurette et vanter les bienfaits du transitionnement ou d’autres expérimentations identitaires, car le propre d’un esprit mature est de peser les conséquences de ses choix (et ceux qui ont décidé de transitionner n’engagent qu’eux), les enfants, et principalement à l'âge de l’adolescence, et même avant, à la pré-puberté, sont les proies faciles de ces thématiques dangereuses.
En quelques années, le nombre de consultations dans les hôpitaux pour problèmes de dysphorie de genre a quadruplé.
En Suède, pionnière dans le domaine, où l'hôpital Karolinska possède un département entier consacré à ce genre de cas, la demande a explosé. On a d’ailleurs dû récemment freiner la rapidité avec laquelle des ordonnances prescrivant des traitements hormonaux étaient délivrées, en quantité effarante et pour une durée indéterminée.
Les années charnières de l’enfance où à tâtons, le jeune cherche à faire émerger sa propre identité à partir de celle de ses parents, en s’en démarquant, tout en y étant attaché, où sa personnalité commence à peine à prendre forme, où les émois affectifs s’éveillent, où la fascination de l’autre s’opère si facilement et fait palpiter un jeune cœur, où la recherche du Soi semble un voyage bien complexe, l’exposent à un questionnement identitaire intense. Le jeune peut facilement être happé (les réseaux sociaux et internet sont là pour ça...) vers des groupes, qui à première vue lui offrent de l’aide dans sa « courageuse démarche » de coming out mais qui s’avèrent bientôt être une engeance dangereuse, manipulatrice, qui prend en main les manivelles de pilotage de l’enfant, et vont remplacer ses parents dans des prises de décisions gravissimes.
Des pédopsychologues et psychiatres dénoncent courageusement les abus, appuient sur la sonnette d’alarme et demandent aux parents d'être sur le qui-vive. On est en train d’usurper leur autorité en brandissant des théories pseudo-scientifiques. Dans une lettre ouverte, 80 signataires, professionnels de santé, intellectuels, universitaires, parmi lesquels Élisabeth Badinter, Jean-François Braunstein, demandent à François Braun, ministre de la santé, de faire cesser cette désinformation et ce scandale sanitaire, pour reprendre le titre du livre de Caroline Eliacheff sur le sujet. Si des êtres sont en souffrance, cela exige en effet de l’aide et des soins au cas par cas, mais ne peut justifier de mettre en danger toute une jeunesse, en lui proposant des alternatives de vie caduques, alors que leurs malaises sont parfois passagers et ne demandent pas d’aller jusqu’au bouleversement et même à l'inversement de leur genre.
À qui profite la transition ?
Dans un des reportages de « Temps Présent », consacré à ce phénomène, on apprend avec stupéfaction, que l’enfant mineur, déjà à 11 ou 12 ans, peut aujourd’hui demander, à partir de son seul jugement, sa transition sociale dans un premier temps : à savoir être appelé par un autre pronom (« il » à la place d’« elle » et vice-versa), changer de prénom, et s’habiller selon sa volonté avec des habits de l’autre sexe. Les établissements scolaires devront suivre et aider l’élève dans sa démarche, même si un parent s’y oppose. C’est le cas de David, papa d’une jeune fille en processus de transition, qui essaye de dialoguer avec elle, de lui faire peser les conséquences de ses décisions, mais qui se retrouve seul devant un système très puissant de pressions où c’est le père qu’on va taxer de bourreau d’enfants…
Un jeune peut, toujours avant ses 18 ans, incroyable mais vrai, entamer un processus de prise d’hormones. Ceci en fait un patient à vie, et il sera donc un consommateur de traitements médicamenteux lourds pour le reste de ses jours. Quant aux opérations de mastectomies (ablation des seins), pas besoin d’attendre la majorité si les parents donnent leur accord !!! C’est du délire !
Les professionnels, médecins et psychiatres interrogés sur la facilité déconcertante avec laquelle ils prescrivent à un enfant de 12 ou 13 ans ce genre de traitements, mettent en avant la grande souffrance mentale et morale de ces jeunes patients, qui vivent excessivement mal la collision entre leur moi ressenti et leur identité physiologique de naissance. Si en plus, ces jeunes qui viennent consulter invoquent des pensées suicidaires (arguments que des amis bien intentionnés leur ont conseillé d'utiliser…) alors la profession va très vite lâcher les ordonnances. Mais, il apparaît de plus en plus que la volonté de transitionner vient très souvent germer sur un terrain de troubles psychologiques antérieurs, comme dépression ou même agression subie dans le passé. Avant de se jeter à corps perdu dans un traitement, il faudrait peut-être d’abord, explorer longuement et profondément ce qui pousse ces jeunes à vouloir faire le pas, car les réveils de l'après-transition peuvent être très douloureux, comme des témoignages le révèlent.
À Barcelone, une jeune femme aux longs cheveux, agréable, la trentaine, au nom de Sandra Mercado, se bat pour empêcher des ados de tomber dans le panneau, et accomplir comme elle le fit, l’irréversible.
Elle-même, sur son corps mutilé aujourd’hui, a payé le prix.
Sa détransition va lui coûter cher, puisque les groupes trans-activistes font tout pour faire taire cette « traîtresse », et l’exclure des réseaux où elle met en garde la jeunesse.
La force du désordre
La tolérance à outrance mène à une impasse, et devient elle-même sectaire et dogmatique.
Les groupes trans-activistes ne sont à aucun moment prêts à ouvrir le débat, à entamer le dialogue et à admettre qu’il peut y avoir des abus et des excès dans leur mouvement.
Mais, pourquoi ce fanatisme, pourrait-on se demander ?
Nos Textes Saints, avant-gardistes et visionnaires, donnent des directions de réflexion, via les commentaires de nos Sages.
Rachi, dans le verset (Béréchit 1/27) : « …Homme et Femme, Il les créa » explique : le premier être, Adam, était homme et femme simultanément, comme deux entités collées l’une à l’autre par le dos, “Androgyne”. D.ieu les sépara en deux êtres distincts, les décollant l’un de l’autre pour les mettre face à face. » L’ordre des choses, ici, dans le Texte de la Création, va dans le sens d'une simplification : on passe d’une créature bisexuée, complexe, composée, à deux créatures autonomes, distinctes et sexuellement différenciées.
La position trans fait exactement le chemin inverse : elle brouille l’identité d’un être unique, appartenant obligatoirement à l'un des deux seuls genres existant sur terre, en essayant d’y instaurer le trouble et le doute. L'acquis le plus spectaculaire du « transgenrisme » est la formation de couples inversés : le mari est une femme qui a transitionné, et vice-versa pour l’épouse. Ce qu’on a gagné ? Des êtres à l'envers et inféconds.
C’est là, la force du désordre.
Le Serpent, maître de la pagaille, 5783 années après ses premières tribulations, continue à cultiver le chaos. Il essaye de faire une généralité de cas isolés et rarissimes, pour lesquels en effet, la binarité est une impasse.
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Entre Pessa’h et Chavou'ot, entre la nuit du Séder (“ordre” en hébreu…) et le don de la Torah, on gravit jour après jour, en crescendo, les marches vers les notions de clarté, de limpidité, de simplicité et d’évidence. On sort de la confusion égyptienne, on se libère de la multiplicité idolâtre, pour arriver à l’Unicité Divine et à la réception de Son Message Éternel.
Comme c’est bon ! Pour nos corps et nos âmes fatiguées.
Aujourd'hui, plus que jamais !