Il y a quelque temps, un jeune marié est arrivé au Beth-Din (tribunal rabbinique) de ‘Holon, en Israël. Il était accompagné du photographe de son mariage qui venait porter plainte contre le marié, du fait que ce dernier ne voulait pas payer le montant fixé au départ entre les deux parties, bien que le photographe ait filmé et photographié la soirée.

De son côté, le jeune marié déclarait qu’il ne voulait pas payer la totalité de la somme fixée avec le photographe du fait que ce dernier n’avait, selon lui, pas fait son travail comme il fallait. Pourquoi ? De nombreux Rabbanim importants sont venus au mariage et n’ont pas été filmés, et le ‘Hatan n’a donc pas de souvenir de leur présence, ce qui le peine énormément, et il n’est donc pas prêt à payer au photographe toute la somme, car il n’a pas fait son travail de manière loyale.

De son côté, le photographe dit s’être efforcé d’avoir fait ce qu’on lui a demandé, et que, s’il n’a pas réussi à filmer tous les Rabbanim importants venus au mariage, c’est parce que ces derniers sont restés juste quelques minutes et étaient mélangés aux nombreux invités présents au mariage ; il n’est donc pas parvenu à tous les atteindre et à les filmer avant qu’ils ne partent.

Le Beth-Din écouta les arguments des deux parties et commença à discuter afin de trouver la solution à leur problème, selon les lois de la Torah. Après avoir tout analysé, le Beth-Din resta dans le doute : d’un côté, le ‘Hatan n’a pas reçu le travail qu’il a demandé et qu’il attendait, mais de l’autre côté, le photographe a fait tout ce qui était en sa possibilité. Ainsi, par manque de preuves, le Beth-Din resta sans décision.

Le Av Beth-Din (chef du tribunal rabbinique) se tourna alors vers le ‘Hatan et lui dit : « Regarde, cher ‘Hatan, ton mariage a déjà eu lieu, et maintenant, tu commences une nouvelle vie avec ton épouse. Ma proposition est que tu renonces à ta demande, et que tu payes au photographe la totalité de la somme que vous aviez convenue, et ainsi, vous mériterez toi et ta femme une bonne vie. Si tu gardes une rancœur contre le photographe, cela ne t’apportera rien. »

Mais le Av Beth-Din ne s’arrêta pas là : « Si tu renonces à ta demande et payes au photographe la totalité du montant, je te bénirais, en présence des Dayanim (juges rabbiniques), afin que tu mérites cette année d’avoir un enfant. »

Un silence s’installa dans le Beth-Din et tout le monde attendait la réaction du jeune marié. Mais à leur grand étonnement, le ‘Hatan se mit debout devant tout le monde et déclara : « Je ne suis pas prêt à renoncer ! Je ne paierai pas un shékel de plus pour l’injustice qui m’a été causée ! ».

Toutes les personnes présentes dans le Beth-Din étaient consternées. Ce n’est pas tous les jours que l’on entend une telle proposition émouvante du Av Beth-Din, à laquelle s’ajoute une bénédiction de mériter un enfant dans l’année, et si cela ne suffit pas, l’intéressé refuse la proposition !

Au même moment, se trouvait dans la salle du Beth-Din un Avrekh venu pour apprendre comment se passe un Din Torah (jugement), et, en entendant la demande du Av Beth-Din au ‘Hatan, il s’en émut énormément et dit : « Kvod Harav, je suis prêt à payer au photographe l’argent manquant qui doit lui revenir du ‘Hatan, et, en échange, je demande que la bénédiction du Rav pour avoir un enfant aille pour ma sœur, mariée depuis déjà 10 ans, et qui n’a pas encore mérité d’avoir d’enfant. »

Le ‘Hatan, entendant la demande de l’Avrekh, comprit que la bénédiction d’un Av Beth-Din n’est pas une simple bénédiction, mais vaut beaucoup. Il se rétracta immédiatement et déclara : « Je retire ce que j’ai dit ! J’accepte la proposition du Av Beth-Din de payer au photographe ce qui lui revient à cet instant-même, si seulement le Av Beth-Din nous bénit, ma femme et moi, d’avoir un enfant cette année ! »

« C’est trop tard, répondit le Av Beth-Din au ‘Hatan, vu que tu n’as pas accepté ma proposition, tu as montré par là que tu n’étais pas réellement intéressé par elle, et je ne peux donc pas faire un tel deal avec toi. »

Le ‘Hatan ne voulut pas renoncer à la Brakha et commença à le supplier : « Non, non, je renonce véritablement », et pour montrer qu’il était sincère, il sortit immédiatement un chèque de sa poche pour payer le photographe, « à la condition que le Rav me donne sa bénédiction ».

Le Av Beth-Din se tut quelques instants et se mit à réfléchir.

« Toi, le ‘Hatan, payes-lui le montant, et je te bénirai d’avoir un enfant. Mais l’Avrekh également, qui s’est sacrifié et était prêt à payer au photographe l’argent nécessaire simplement pour que sa sœur ait un enfant, je le bénis pour que cette dernière ait un enfant cette année, en pleine santé. »

Tout le monde était satisfait, le ‘Hatan remplit immédiatement le chèque au photographe et se sépara de lui amicalement, et le Av Beth-Din, en présence des Dayanim, bénit le ‘Hatan et la sœur de l’Avrekh, afin qu’ils puissent, cette année, annoncer de bonnes nouvelles.

Cette même année, la jeune mariée, femme du ‘Hatan, eut une petite fille, et, tout comme elle, la sœur de l’Avrekh eut une petite fille en parfaite santé, après dix longues années d’attente.

Pniné Ein ‘Hémèd Vayé’hi 5780