L’histoire s’est déroulée il y a 35 ans, lorsque des jumeaux, Yaïr et Ariel, sont arrivés à l’école « Chéérit Israël » à Péta’h Tikva, après avoir quitté une école d’Etat laïque située à Kiriat Ono.

Derrière ce changement d’établissement scolaire, se dessinait une tragédie familiale survenue quelques mois plus tôt, alors que la famille était en vacances aux États-Unis.

C’était une famille heureuse assise dans un mini-van, un couple de parents, des jumeaux âgés de huit ans et demi, et une petite fille de deux ans et demi assise dans un siège auto spécial dans le coffre de la voiture. L’excursion avait été soigneusement planifiée. Ce qui n’avait pas été prévu, c’est une grande quantité de neige et des conditions de visibilité réduites.

A l’un des virages, la catastrophe se produisit, le père roulait à une vitesse raisonnable, mais la visibilité ne lui permit pas de voir qu’il se trouvait à un virage. L’auto plongea dans un gouffre d’une profondeur de 200 mètres, roula plusieurs fois sur elle-même, et finit par s’arrêter en heurtant un tronc d’arbre.

Pour vous donner une idée des proportions, il y a quatre ans, la voiture de la famille Attias, originaire de la localité de Bar Yo’haï, tomba dans un ravin au pied de Tibériade à une profondeur de 50 mètres. 8 membres de la famille furent tués. Une seule fille de toute la famille survécut.

Or, dans notre cas, le véhicule a fait une chute de 200 mètres, et le résultat, grâce à Dieu, a été totalement différent. Les membres de la famille perdirent connaissance un court moment.

La mère fut la première à se réveiller. Elle était sérieusement blessée, mais pensa immédiatement aux autres membres de la famille.

Elle lança un regard en direction de son mari. Il n’était pas à sa place. Elle appela ses enfants par leur nom à plusieurs reprises.

Yaïr fut le premier à répondre. « Oui, maman. » « Tu vas bien ? » « Oui, pourquoi ? », répondit-il comme s’il sortait d’un sommeil profond.

« Ariel », s’écria la mère. Ariel ne répondit pas. « Il dort », fit remarquer Yaïr. « Regarde comment il va. » Yaïr réveilla Ariel qui répondit aussi d’une voix endormie.

« Tu vas bien ? » Yaïr comprit alors ce qui s’était passé. « Maman, je crois que nous avons eu un accident. Regarde, tu as plein de sang sur le visage. »

« Où est papa ? », demandèrent les enfants. « Il est certainement parti prévenir les secours », répondit la maman, bien que son cœur lui indiquât le contraire.

« Où est Mérav ? », s’inquiéta la mère. Ils regardèrent à l’arrière et virent le coffre complètement détaché de la voiture. Mérav avait sans doute été écrasée.

La mère, gravement blessée, sortit du véhicule en faisant appel à des forces inouïes pour se rendre à l’arrière du véhicule. Ce n’était pas une idée réfléchie, mais le cœur d’une mère ne fait pas de calculs. Elle rampa dans la neige et comprit alors qu’une partie de son corps ne répondait pas. Elle souffrait de multiples fractures dans tout le corps, elle saignait abondamment, mais elle s’était fixée un but : une fois arrivée à l’arrière de la voiture, constatant comme elle avait été écrasée, elle comprit que Mérav n’avait eu aucune chance de s’en sortir.

Elle s’allongea sur la neige et se mit à pleurer amèrement, et lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle aperçut Mérav debout devant elle, qui déclara : « Papa dort. »

Elle regarda l’endroit montré du doigt par sa fille, et vit son mari gisant inerte, sans vie.

D’un côté, un grand malheur, et d’un autre côté, un grand miracle, inexplicable

Malgré la vision défectueuse, par la grâce de D.ieu, d’autres véhicules avaient vu la voiture tomber, et les forces de secours affluèrent vers le lieu de l’accident. Ils sauvèrent la mère, grièvement blessée, prirent le corps du père et s’occupèrent des trois enfants, sains et saufs, sans aucune égratignure.

La mère lutta pour guérir pendant plusieurs mois, et pendant ce temps, son père et son frère vinrent s’occuper des enfants.

Pendant sa longue hospitalisation, une transformation eut lieu chez la mère. D’un côté, elle avait vécu un grand malheur, la perte de son mari dans la fleur de l’âge, mais, d’un autre côté, elle avait vécu un grand miracle, inexplicable, et elle comprit qu’elle devait opérer un changement.

Grâce à D.ieu, elle guérit, monta avec sa famille en Erets Israël, et commença à se rapprocher du judaïsme. Elle fit passer ses enfants à l’école Chéérit Israël de Péta’h Tikva.

L’histoire pourrait en réalité s’arrêter là. Le sauvetage miraculeux et insaisissable, et le rapprochement au judaïsme sont suffisants pour en faire une histoire. Mais en réalité, ici commence une incroyable histoire.

Yaïr et Ariel se rendaient tous les jours de Kiriat Ono à Péta’h Tikva. Ce n’était pas un changement facile, mais il se déroula bien pour ces enfants, qui furent totalement entraînés dans un mode de vie orthodoxe.

Ils avaient neuf ans. Jusque-là, la transition s’était effectuée facilement, ils étudiaient le ‘Houmach et la Michna. Ils excellaient dans leurs études et n’obtenaient pas moins de 10/10 à leurs contrôles.

Lorsqu’ils commencèrent l’étude de la Guémara, Ariel eut des difficultés.

C’était un excellent élève, il s’était habitué à avoir facilement de bonnes notes, et soudain, cette étude lui était difficile et pénible, comme toute étude de la Guémara.

Ariel faisait l’effort d’écouter pour comprendre la matière, mais rien n’y fit, et la veille du premier examen de Guémara, il annonça à sa mère qu’il ne voulait pas aller à l’école.

Sa mère décida de ne pas le forcer, elle lui proposa de rester à la maison, elle se renseignerait de son côté pour trouver une solution à ce problème.

Ariel alla se coucher en sachant que le lendemain, il resterait à la maison, mais il se réveilla le lendemain dans un tout autre état d’esprit. Sa mère le vit habillé, son sac sur le dos, et elle lui demanda : « Que s’est-il passé, Ariel ? Tu voulais rester à la maison ! »

Et Ariel de répondre : « C’est vrai, maman, je voulais rester, mais il s’est passé quelque chose cette nuit. »

« Grâce à toi et à ton frère Yaïr, j’ai le mérite de me trouver au Gan Eden, et tout ce que vous étudiez, je l’étudie aussi »

Ariel se mit à raconter un récit incroyable, à donner la chair de poule : « Papa m’est apparu en rêve. Il portait une barbe et des Péot, et il m’a dit : "Viens, je vais étudier la Guémara avec toi."

Je lui ai répondu : "Mais papa, tu ne connais pas la Guémara, et tu n’es pas religieux. Comment pourrais-tu étudier avec moi ?"

Et papa m’a répondu en rêve : "C’est vrai, mais grâce à toi et à ton frère Yaïr, j’ai le privilège de me trouver au paradis, et tout ce que vous étudiez, je l’étudie aussi. J’ai écouté attentivement et je sais tout. C’est pourquoi je pourrai te l’enseigner."

Et c’est ce qui s’est passé, raconta Ariel à sa mère, sous le choc. Pendant toute la nuit, papa a étudié avec moi, et je pense connaître toute la matière, je peux passer mon contrôle. »

La mère le regarda, sans savoir quoi répondre.

« Papa m’a transmis aussi quelque chose pour toi, ajouta Ariel. "Dis à maman que la voie qu’elle a choisie est excellente, et qu’elle continue à éduquer les enfants dans cette voie." »

La mère éclata en pleurs. Elle ne sut quoi lui répondre. D’un côté, « les rêves ne veulent rien dire ». Elle redoutait beaucoup qu’Ariel aille à l’examen et bute finalement sur des difficultés. Mais Ariel était tellement déterminé qu’elle lui permit de partir, tout comme elle lui avait permis de rester. Ariel alla à l’école avec son frère, et sa mère resta à la maison, émue et préoccupée. Ariel passa son contrôle, il connaissait parfaitement bien le sujet. Il donna des réponses qui stupéfièrent son enseignant, qui n’avait jamais vu un enfant aussi jeune rédiger avec autant de clarté et une telle compréhension profonde du sujet.

Les actes des enfants dans ce monde-ci aident leurs parents dans le monde à venir

L’enseignant téléphona à la mère d’Ariel, pour lui donner les résultats et la réjouir. Il l’interrogea, en partie par pur intérêt, et en partie pour exprimer son étonnement : « Dites-moi, quelqu’un a étudié avec lui ? J’ai revu hier le sujet avec lui et il ne le maîtrisait pas bien. »

A sa grande surprise, il entendit des pleurs à l’autre bout du fil.

« Vous ne croirez pas si je vous dis qui a étudié avec lui. Son père lui est apparu en rêve et a étudié toute la matière avec lui. »

L’enseignant ne sut pas comment réagir : devait-il rire ou pleurer ?

« Vous ne me croyez pas, n’est-ce pas ? Je vous conseille de lui parler. Je ne peux vous dire qu’une chose : je n’ai pas révisé avec lui, car je ne connais pas l’étude de la Guémara. »

L’enseignant appela Ariel et lui demanda des explications. Ariel relata précisément de quoi son père avait l’air, et comment il lui avait enseigné le sujet. Lorsqu’Ariel arriva au passage où son père lui avait dit : « Sache que ce que tu étudies ici, je l’étudie là-bas », tous les enseignants eurent la chair de poule.

Un grand nombre d’entre nous avons des parents qui ont quitté ce monde, et nous comprenons le sens de ces propos. Bien qu’on nous ait éduqués à l’idée que nos actes ont un sens ici, nous n’avons jamais eu sous nos yeux la preuve vivante de cette idée.

La fin de l’histoire : la mère se remaria, et la famille déménagea de Kiriat Ono à Ramat El’hanan à Bné Brak. Ariel et Yaïr grandirent, se marièrent, et ils sont aujourd’hui de remarquables Avrékhim.

C’est une histoire essentielle, qui illustre le lien entre ce monde-ci et le monde à venir, et encourage chacun d’entre nous à tenter de procurer une satisfaction à notre Père céleste ainsi qu’à nos parents décédés et montés au Ciel. Nous savions que « Ma’assé Avot Simane Labanim, les actions des pères sont un signe pour leur descendance», mais aujourd’hui, nous savons désormais que les actes des fils sont un signe pour leurs parents.