Galit a eu une enfance qui ferait rêver beaucoup de monde. « Nous habitions à Kfar Ganim, à Pétah Tikva, et nous vivions dans une abondance matérielle exceptionnelle. Nos moindres désirs étaient immédiatement satisfaits. Il était tout à fait normal de faire un petit saut pour faire du shopping en Belgique en période de soldes, on pensait qu’il était naturel de vivre comme ça : vols réguliers vers l’étranger, activités l’après-midi, les hôtels… une seule chose nous était interdite : faire des efforts ! Malheur à nous si nous préparions une omelette ou pliions du linge ! On faisait même les devoirs pour moi. »

Galit est envoyée dans une école traditionnelle, mais son foyer n’était pas religieux. « Je me souviens de moi, enfant, me plaignant en pleurant : "Nous n’avons pas de vraie table du Chabbath comme mes copines" », raconte-t-elle.

En classe de cinquième, Galit décide, au lieu de se lamenter sur son sort, d’étudier seule le judaïsme. « Les soirs de Chabbath, je commençais à ouvrir des livres et à chercher des réponses. J’ai commencé à poser des questions, à me renseigner, à parler avec Hachem. Je me souviens qu’une fois, je me suis retrouvée coincée dans l’ascenseur d’un grand magasin, j’ai alors levé les yeux au Ciel en implorant : "Hachem, je T’en prie, ouvre-moi l’ascenseur et je Te promets de faire Téchouva". L’ascenseur s’ouvrit, je sortis… mais j’oubliai ma promesse. » A posteriori, elle nous confie : « Je comprends qu’en toute occasion, le Saint béni soit-Il me tendait des perches, Il ne renonçait pas à moi, et moi, je n’écoutais pas. »

Galit décide d’effectuer son service civil dans une localité religieuse, où elle poursuit son processus de rapprochement au judaïsme. « C’était la première fois que je vis une caravane. Ce fut un choc pour moi qui avais été tellement gâtée, mais bien vite, je me mis à apprécier l’ambiance, les gens, l’accueil des invités, ce style de vie étranger. »

Vers la fin de son service civil, elle reçut une nouvelle difficile. « Mon frère me téléphona et m’annonça que je n’avais plus de maison où rentrer. Mon père et ma mère avaient perdu tous leurs biens et entamé une procédure de divorce. "L’argent que tu as dans la poche - c’est tout ce qu’il y a", m’informa-t-il. Ce fut un choc terrible. J’avais toujours été tellement gâtée, et subitement… plus rien, même pas de maison ! Mes frères s’installèrent chez leur copine et me lancèrent : "Trouve-toi un copain et va habiter chez lui…". »

Galit voulait étudier le graphisme à la fin de son service civil. « J’avais deux options à ma disposition : Tel-Aviv ou Jérusalem. A Tel-Aviv, les études avaient meilleure réputation, et j’avais aussi une proposition tentante de travail comme graphiste au journal Maariv, ce qui m’aurait assuré un salaire tout à fait correct. » Mais même dans la crise qu’elle traversait, Galit décida que Tel-Aviv n’était pas son premier choix.

« J’ai parlé à Hachem : "Si je vais à Tel-Aviv, au bout de quelques années, l’environnement exercera une influence sur moi, je cesserai de respecter les commandements, et qui sait si j’épouserais un homme religieux." Ne suivant pas mon intellect, j’ai fait mes études à Jérusalem, dans un institut religieux qui alliait les études de graphisme aux études de Kodech. »

Cette période des études a été difficile : « Chaque soir, je finissais les cours vers 18-19h et je courais au travail pour payer mes études et m’assurer une subsistance minimale. » Lorsque Galit parle d’une subsistance « minimale », c’est vraiment au sens littéral. « Chaque jour, j’achetais une baguette que je divisais en trois : une partie pour le petit-déjeuner, la deuxième partie pour le midi, et la troisième pour le repas du soir. »

Pendant toute sa vie, Galit a toujours été entourée d’amies, et aucune d’entre elles ne soupçonnait sa vraie situation. « Je réussissais dans mes études et mon frère s’arrangeait pour me faire passer tous les habits qui se trouvaient au domicile de mes parents ; ainsi, je pouvais m’habiller correctement. Chaque jeudi, toutes les filles se réjouissaient de rentrer à la maison et moi, je pleurais en cachette, dans une pièce isolée de l’internat, pour qu’on ne me voie pas…Chaque Chabbath, je me faisais inviter chez une autre copine. J’avais une liste de copines classée par villes : Tel-Aviv, Nétanya, Raanana… Je faisais attention de ne pas me faire inviter deux Chabbatot de suite dans la même ville, pour ne pas qu’elles soupçonnent que deux ans s’étaient écoulés depuis le dernier Chabbath passé chez moi… »

Puis, un tournant heureux se produit dans la vie de Galit : son cousin lui propose de rencontrer un ami proche, nommé Gadi Ezra. « Lors du premier rendez-vous, je n’étais pas sûre de vouloir poursuivre, mais dès le deuxième rendez-vous, j’ai été très impressionnée par lui. » Gadi Ezra est soldat dans une unité combattante, c’est un garçon érudit, animé de la crainte du Ciel qui projette d’être Avrekh à la fin de son service militaire. Galit, qui a continué à se renforcer pendant ses années d’études, est en harmonie avec ses projets spirituels. Bientôt, les deux jeunes gens décident de se fiancer, et fixent une date pour le mariage.
 

« Un événement négatif va se produire »

« L’opération Bouclier protecteur eut lieu quelques semaines avant la date prévue du mariage, relate Galit. Gadi était sur le front, mais bizarrement, je n’étais pas inquiète. Je savais que nous allions bientôt nous marier et que tout irait bien. »

Je reçois ensuite un appel sortant de l’ordinaire. Gadi est en ligne, il me raconte que chaque jour, il est sauvé miraculeusement. Chaque jour, il voit un sniper arabe qui le prend pour cible avec son arme, et à chaque fois, il se baisse et échappe à la mort. Bon nombre de ses amis ont été tués. Il m’avoue avoir un très fort pressentiment sur un événement négatif qui risque de se produire, et il veut m’en parler. »

Galit refuse avec véhémence de l’écouter. « Je lui dis que je ne suis pas prête à l’écouter, mais enfin, on va bientôt se marier, c’est tout ! Il y a un silence, puis Gadi me dit qu’il ne sait pas quoi faire. Il ressent vraiment le besoin de me faire partager ses sentiments, mais je ne suis pas prête à l’écouter. Il me demande si je suis au moins d’accord qu’il m’écrive ce qu’il ressent. »

Galit accepte le principe de la lettre. « Je lui réponds : Gadi, c’est une super idée. Ecris ce que tu veux, et quand tu auras fini, tu as le choix : soit tu déchires la lettre et tu la jettes à la poubelle. Soit tu la mets au grenier de tes parents, et lorsqu’on sera vieux, on s’assiéra avec nos petits-enfants sur l’herbe, on la sortira, on la lira ensemble et on poussera des fou-rires. »

Galit continue les préparatifs du mariage avec beaucoup d’énergie et de joie, et oublie presque la conversation téléphonique. « Un jour, ma mère me téléphone et me demande de venir à Péta’h Tikva pour acheter des vêtements pour les Chéva’ Bérakhot. En chemin pour les courses, Gadi m’appelle, demande de mes nouvelles, me rassure et me souhaite bonne chance pour les courses. »

Après les courses, Galit se rend à Bné Brak pour annoncer son futur mariage à ses grands-parents. A son retour à Pétah Tikva, elle est étonnée de voir sa mère à l’entrée de la maison. « Je savais qu’elle devait être au travail. Nous sommes montées à la maison, et soudain, j’ai vu mon frère. Mais je n’ai fait aucun rapprochement. Je savais que j’avais parlé à Gadi deux heures plus tôt. L’heure du coucher du soleil approchait, et je voulais réciter les Psaumes que je m’étais engagée à réciter chaque jour pour que Gadi revienne sain et sauf. Je m’assis et commençai à prier. »

Pendant sa lecture des Téhilim apparaît soudain le grand frère de Galit, l’air très préoccupé.

« J’ai vu qu’il marchait de long en large et qu’il avait l’air très agité. Après mes Téhilim, j’allais vers lui et lui annonçai que j’avais trouvé un habit pour le henné, il se mit alors à m’étreindre très fort et à pleurer. Je n’ai pas compris pourquoi il s’émouvait tant de cette nouvelle anodine ! Je ne l’avais jamais vu pleurer. »

Le frère de Galit continue à l’étreindre et à pleurer. En arrière-fond, elle voit son autre frère enlacer sa mère, et ne comprend toujours pas. « Au bout d’un long moment, mon frère commence à me dire : "Galit, je suis désolé." Et je ne comprends toujours pas. Soudain, je me mets à poser des questions : "Il est arrivé quelque chose à Gadi ?" Mon frère continue à pleurer. Je panique. Quoi, Gadi est blessé ? Mais il est tellement grand et fort, qu’est-ce qui peut lui arriver… »

Ce n’est que lorsque Galit veut se défaire de l’étreinte de son frère en expliquant qu’elle doit courir à l’hôpital pour voir Gadi, qu’il l’attrape et ne la laisse pas partir, alors seulement, elle comprend enfin la vérité : Gadi a été tué.
 

La lettre restée dans le tiroir

« Je me mets à pleurer hystériquement. Je crie à Hachem : qu’est-ce qui a été décidé dans le Ciel ? Gadi est toute ma vie. Ou Tu nous prends tous les deux, ou Tu nous laisses tous les deux. » Mais même en ces moments de souffrance terrible, Galit se souvient d’avoir entendu une petite voix dans son cerveau. « Soudain, je pensais : Gadi dans sa situation n’a plus de libre arbitre, il est dans le monde du bien absolu. Et moi ? Moi, j’ai le libre arbitre. Vivre ou mourir. Pour moi, mourir, c’est m’enfermer maintenant dans une petite chambre chez ma mère, ne jamais en sortir, et m’asseoir, languir et pleurer Gadi. Ou bien vivre : vivre une vie bien plus belle et plus grande que celle que j’ai vécue jusqu’à présent, progresser dans mes aspirations et donner le meilleur de moi-même.

Luttant à l’intérieur de moi pendant quelques secondes… je décidai de vivre. »

Sa famille entre dans la voiture et se rend dans la maison des parents de Gadi. « J’ai pleuré pendant tout le trajet et je chantais Mizmor Létoda. J’expliquai à ma mère, entre les larmes, que j’étais encore saine d’esprit, mais j’avais appris qu’on est obligé de bénir aussi bien pour le mal que pour le bien, et je ne savais pas exactement comment bénir pour le mal, alors je récitais Mizmor Létoda ».

Dans la maison des parents de Gadi, Galit tombe dans les bras de la mère de Gadi. Tout en lui donnant une accolade, elle se souvient subitement : Gadi m’a dit qu’il m’avait écrit une lettre !

« Je commençais à prier : Hachem, pourvu qu’il n’ait pas déchiré la lettre comme je lui ai dit ! Je cours vers sa chambre, j’ouvre le tiroir du dessus. J’y trouve la lettre de Gadi.

"Si cette lettre arrive entre tes mains, c’est un signe que quelque chose m’est arrivé", m’écrit Gadi. "Mon seul regret, c’est que tu t’attristes et que je n’aurai pas la chance de te rendre heureuse. Mais tu mérites vraiment le bonheur.

C’est pourquoi je te demande, chère Galit, d’être heureuse ! Sois joyeuse, aime, épanouis-toi, tu le mérites. Je te protégerai toujours d’où je me trouve, et je veillerai à ce que tu rencontres un homme qui te rendra heureuse plus que moi…".

C’était la plus grande étreinte que je pouvais recevoir dans cette grande tristesse, dit Galit. Soudain, Gadi me permet de vivre, il me dit que rien ne peut le réjouir plus que cela… ».

La lettre se répand au départ sans l’accord de Galit.

« Quelques amis proches ont vu la lettre et, semble-t-il, l’un d’eux s’est permis de faire beaucoup de photocopies. Le premier jour de la semaine de deuil, je remarquai que chaque personne, après la prière, prenait une feuille d’une pile et partait. Lorsque moi-même je pris une feuille et découvris le texte, j’étais en colère. C’était une lettre personnelle qui m’était adressée ! Avant que je ne parvienne à intégrer le fait que des dizaines de copies ont été faites de la lettre, je reçois deux coups de téléphone émouvants. Une veuve de Tsahal depuis dix ans me raconte qu’elle vient seulement de comprendre l’inutilité de son deuil prolongé, elle s’est rendue compte qu’elle fautait par rapport à son mari en restant sans rien faire, en se négligeant, elle et ses enfants, et grâce à cette lettre elle veut recommencer à vivre, à travailler et à se réjouir. Le deuxième appel provenait d’orphelins qui avaient ressenti un grand ‘Hizouk à la lecture de la lettre. Après ces appels téléphoniques, j’ai pensé : qu’est-ce que ça change si tu es à mal l’aise ou non ? S’il y a une chance que la diffusion de la lettre aide une femme juive, qui te demande ton avis ? »

Le deuil personnel de Galit se transforme en source d’inspiration pour le public. « Le lendemain de la semaine de deuil, j’ai commencé à faire des conférences sur Gadi, et à évoquer sa lettre. »
 

Un Chidoukh miraculeux

Celui qui se trouve à côté de Gadi au moment de sa mort s’appelle Eliraz Pérets, qui devient plus tard commandant et est tué au cours d’une opération en l’an 2010. « Eliraz est venu me raconter ce qui était arrivé à Gadi. Il n’aurait pas dû se trouver avec lui, il avait été blessé quelques jours plus tôt et hospitalisé. Déterminé à revenir sur le champ de bataille, il achète à un autre blessé ses chaussures et retourne à Djénine officieusement. Il a à peine le temps de faire connaissance de Gadi lorsqu’un incident se produit, au cours duquel il faut sauver un officier blessé. Gadi se hâte sur les lieux, accompagné par Eliraz. Pendant qu’ils tentent de le sauver, Eliraz voit un tireur d’élite arabe et dit à Gadi : "Nous allons mourir tous les trois", mais Gadi - qui entendit ou non ses propos - continue à tenter de sauver son ami.

Puis Gadi est blessé par la balle du sniper. Il comprend immédiatement qu’il s’agit d’un coup mortel. Il regarde Eliraz et lui dit : "Tu vas m’aider", puis il récite Chéma’ Israël et rend l’âme. »

Les derniers mots de Gadi : « Tu vas m’aider » troublent la sérénité d’Eliraz. Gadi savait qu’il allait mourir, il avait lu le Chéma’ Israël. Comment pouvait-il l’aider ?

Le sens de ces propos s’éclaircit les mois suivants : trois mois après le décès de Gadi, Eliraz présente à Galit son futur mari, Eliézer, le frère de la femme d’Eliraz.

« Tout ce Chidoukh a été un miracle. Eliraz ne connaissait pas du tout Eliézer, il était tout le temps à l’armée et avait à peine rencontré son nouveau beau-frère. Mais lors des fiançailles d’Eliraz avec Chlomit, il décide de me présenter Eliézer. Par la suite, il m’a confié qu’il n’avait jamais fait de Chidoukh, mais ici, il avait le sentiment que c’était son devoir d’agir. »

Au cours des trois mois depuis la mort de Gadi et jusqu’à la proposition d’Eliraz, Galit multiplie les prières. « Chaque soir, j’allais au Kotel, je priais du fond du cœur et demandais à Hachem de fonder un foyer juif, je me sentais troublée : si je veux me marier, comme me l’a recommandé Gadi, quel doit être l’objet de ma prière ? Qu’il y ait une résurrection des morts ? Que D.ieu m’envoie un nouveau ‘Hatan ? »

Galit était déterminée à ne pas faire de compromis. Mais elle entendait une petite voix : un homme aussi extraordinaire que Gadi, il n’y en a qu’un ! Alors quoi, je vais rester célibataire toute ma vie…Tout en priant et en pleurant, Galit finit par comprendre quelque chose de libérateur : de même qu’Hachem, un beau jour, a pris Gadi, Il peut également, un jour, m’envoyer un époux du même niveau. Elle continue à prier tous les jours au Kotel, rentre ensuite à l’internat, lit la lettre de Gadi, et pleure.

Trois mois après la mort de Gadi, un changement a lieu dans la routine de Galit. Elle rentre à l’internat après la prière au Kotel, lit la lettre - et rien ne l’émeut à ce moment-là. « Soudain, j’ai eu l’impression de lire une lettre de quelqu’un que je ne connaissais pas. J’ai sorti les photos de Gadi, et j’ai ressenti que je n’éprouvais pas de sentiments à son égard. Au début, j’ai beaucoup stressé. Je me souvenais des moindres détails de nos rencontres, de nos conversations - mais uniquement au niveau de l’intellect, et non des sentiments. »

En perspective, relate Galit, le Saint béni soit-Il m’a fait un miracle et a accéléré le processus décrit par nos sages : "Il a été décrété sur le défunt qu’il sera oublié rapidement". »

Malgré cela, Galit décide de répondre par la négative à la proposition de rencontrer Eliézer. « J’ai pensé que la blessure était trop fraîche. J’ai appelé Chlomit trois fois et il n’y avait pas de tonalité. Lorsque je composai à nouveau le numéro, j’entendis soudain en ligne une voix délicate me répondre : "C’est Eliézer…" »

Galit décide de mettre immédiatement un terme au malentendu. « Ecoute, Eliraz s’est moqué de toi, dit-elle au jeune homme choqué. On n’est pas fait l’un pour l’autre. J’ai entendu que tu étais un étudiant en Yéchiva, moi je viens d’un foyer laïc. On n’a rien en commun. On peut dire à Eliraz qu’on s’est rencontré et qu’on n’est pas fait l’un pour l’autre, c’est tout. »

« Mais… C’est un mensonge ! », proteste la voix délicate à l’autre bout de la ligne.

« Ils sont comme ça, dans la famille, s’exclame Galit. Grâce à D.ieu, ce sont des gens extraordinaires et droits, ils ne sont pas capables de mentir. Et pourtant, Eliézer était stupéfait par mon comportement. Eliraz avait exercé une forte pression pour qu’il m’appelle - il n’était jamais sorti avec une jeune fille ! Et d’après la manière dont je lui avais parlé au téléphone, il était sûr qu’on ne s’accordait pas. Mais mentir ? »

« Tu sais quoi ?, propose Eliézer. Rencontrons-nous pendant quelques minutes, et nous pourrons lui dire que nous nous sommes rencontrés. »

Galit accepte. Elle arrive au rendez-vous et découvre très vite qu’elle veut connaitre Eliézer plus que quelques minutes. « Il est vraiment la perfection sur terre, dit-elle avec une expérience de 13 ans de mariage. Quel test ne lui ai-je pas fait subir ? J’arrivais exprès avec un retard de 45 minutes pour voir s’il s’en irritait. Pas du tout, il ne mentionnait même pas mon retard. »
 

J’ai choisi de poursuivre dans la voie de Gadi

Les traits de caractère qu’elle voit chez Eliézer et l’attachement qu’elle ressent pour lui surpassent les divers autres aspects auxquels Galit doit s’habituer. « J’avais toujours prié pour un ‘Hatan animé de crainte divine, qui ne regarderait pas des choses interdites, mais j’étais stupéfaite de voir qu’Eliézer ne me regardait pas droit dans les yeux ! Une autre fois, je me suis plainte qu’il ne me déclarait pas son amour. Il me dit alors qu’il devait vérifier ce point avec son Rav. Et sa réponse ? "Le Rav m’a dit de te répondre, que si j’avais le droit de te dire que je t’aimais, je t’aurais dit à quel point je t’aime…" »

Pour la famille aussi, ça a été un choc assez difficile. « Ils s’étaient habitués au fait que j’épouse un Ba’hour Yéchiva - c’était également le projet de Gadi -, mais le style de nos rencontres leur était étranger. "Qu’est-ce qu’il a comme voiture ?" "Il n’a pas de voiture, on marche à pied." "Dans quel restaurant allez-vous manger ?" "Quoi, quel restaurant, on se rencontre sur un banc à côté du Kotel"… », relate-t-elle en rigolant.

« J’ai remarqué qu’il était extraordinaire et j’étais contente qu’il veuille poursuivre les rencontres. J’ai beaucoup apprécié sa modestie, sa délicatesse et sa douceur, qui n’ont pas leur pareille. »

Galit et Eliraz se marient au bout de cinq mois, et sont aujourd’hui les parents de sept enfants - six garçons et une fille. « J’ai averti Eliézer pendant les fiançailles, que nous n’aurions peut-être pas du tout de fille, raconte-t-elle. Pendant les années où j’étudiais à l’institut, j’avais décidé de me renforcer un peu dans la Tsniout, et de renoncer à tous mes amis proches. Ce fut une décision difficile, car j’étais liée à eux et ils avaient toujours été là pour moi. J’ai adressé une prière à Hachem où j’ai dit que je comprenais qu’il ne fallait pas rester en contact avec tous ces amis, et je demandai en échange de les quitter, qu’Il me remplisse la maison de garçons ! » Les cinq premiers enfants du couple sont en effet des garçons. Ensuite, Galit commença à prier pour avoir une fille, et voici que naquit la princesse, Chira.

Galit donne aujourd’hui des conférences dans tout Israël sur son histoire, et renforce de nombreuses femmes et jeunes filles. Elle dispense également des cours sur l’éducation qui sont très recherchés. « J’ai quitté le graphisme il y a six ans, ma rabbanite m’a expliqué qu’il y avait beaucoup de graphistes, mais pas tellement de gens qui pouvaient se consacrer à l’éducation. » Elle s’adresse à des audiences de toutes sortes et de tout âge et répond avec courage à toutes les questions, même les plus ardues.

« Il n’y a pas longtemps, une femme dans le public m’a demandé si je n’avais pas l’impression d’avoir trahi le souvenir de Gadi en me mariant. Je lui ai répondu le plus sincèrement du monde que si j’avais choisi de pleurer et de me languir, et en d’autres termes, de cesser de vivre, c’aurait été une vraie traîtrise. Au lieu de cela, j’ai choisi de poursuivre dans la voie de Gadi, de poursuivre l’action, le don et la joie présents chez lui, et de fonder un foyer comme il l’aurait souhaité. »