Parmi les nombreuses Mitsvot de la Torah, se trouve la catégorie des ‘Houkim : ce sont des commandements dont on ne peut saisir le sens. La fameuse vache rousse, Para Adouma, en fait partie. En effet, sa procédure défie toute logique : ses cendres purifient les personnes souillées, mais rendent impurs ceux qui s’occupent de préparer ce rituel. Chlomo Hamelekh, le plus sage des hommes, déclarait que le sens de cette loi lui échappait alors qu’il parvenait à saisir les autres secrets de la Torah.
Rapportons d’autres exemples de ‘Houkim : l’interdiction de consommer de la viande cuite dans du lait, bien que les deux aliments pris séparément sont permis en eux-mêmes ; un vêtement tissé de fils de laine et de lin n’est pas autorisé à être porté alors qu’il est tout à fait permis d’en revêtir un constitué soit d’une matière soit d’une autre, sans mélange.
Rachi, dans son commentaire, rapporte au nom de nos Sages que les Nations se moquent des Juifs justement à cause de ces ‘Houkim, car selon leur conception, tout acte religieux doit s’inscrire dans une logique. Et pourtant, ce sont bien ces lois qui ne peuvent s’expliquer par l’entendement qui sont la pierre angulaire de la religion juive. Expliquons-nous.
Le fait que l’on puisse comprendre le sens de tous les commandements peut laisser un doute quant à leur origine divine. En effet, un faux-prophète ne va dicter à ses adeptes que des actes qui “s’entendent” afin de ne pas éveiller de méfiance. La présence de ‘Houkim dans le Judaïsme indique que Celui qui est à l'origine de ces Mitsvot n’a jamais cherché à convaincre ou à obtenir des adhérents. Si les Nations se moquent des Bné Israël au sujet des ‘Houkim, c’est parce que leur propre culte étant d’origine humaine, ils ne peuvent concevoir le judaïsme que selon leur optique imparfaite.
Plus profondément, si le judaïsme était uniquement constitué d’ordonnances intelligibles par le cerveau humain, D.ieu Se positionnerait ainsi au même niveau que Ses créatures, en l’occurrence les hommes. Ce serait la porte ouverte aux critiques, modifications et remises en question de tout genre. En imposant des ‘Houkim dont on ne peut remettre en cause le bien-fondé, l’Eternel apprend à l’homme à Lui faire confiance et à se laisser guider par Lui.
De manière générale, nul ne peut prétendre dans ce monde comprendre le sens et la destinée humaine. Nous ne représentons qu’un faible élément parmi des millions d’autres, placé dans un lieu et une époque très restreints, pour pouvoir aspirer à saisir les desseins de D.ieu. Afin de L’accepter comme notre Maître absolu, Hachem nous a ordonné deux catégories de Mitsvot : celles que l’on comprend, afin de percevoir Sa science, Sa bonté et Sa droiture ; et les ‘Houkim, grâce auxquels Il S’affirme au-dessus de l’esprit humain afin d’obtenir notre obéissance, indispensable dans notre relationnel avec Lui.
Cette réflexion nous amène directement à notre propre rapport avec notre progéniture. Un père qui s’applique à toujours expliquer sa conduite à ses enfants en fera des rebelles et des personnes perturbées psychologiquement, car un jeune a besoin de se sentir rassuré par une autorité parentale qui le guide dans les dédales de ce monde. C’est pourquoi il est nécessaire de temps à autre de savoir dire un “non” ferme sans justificatif : “Pourquoi ? Parce que papa en a décidé ainsi, point !”. Cette réponse est apaisante pour un enfant et lui permet de grandir avec assurance et confiance en lui.
En fait, les défis à relever à travers notre rôle de parents nous permettent très souvent de mieux comprendre comment notre Créateur agit envers nous. En voici là une belle illustration.