Le roi Salomon, l’homme le plus intelligent de l’Histoire, a pu déclarer au sujet de la Mitsva de la vache rousse qu’elle est au-dessus de son entendement. Nous apprenons de la Torah que c’est grâce aux cendres de cette vache particulière que l’on parvenait à purifier un Juif de l’impureté contractée avec un mort, et pourtant la personne pure chargée d’accomplir cette procédure de purification en ressortait impure. “Comment simultanément le geste qui purifie le souillé, peut-il causer l’impureté à celui qui était pur ?!” s’étonnait le roi Salomon.
Nous allons transférer cette constatation surprenante à un tout autre domaine que la Para Hadouma, mais qui vérifie ce même effet opposé, à savoir de souiller le pur et de purifier l’impur : Internet.
Son apparition a radicalement changé le monde, au même titre que l’imprimerie, l’électricité, la voiture ou le téléphone. Nous devenons aujourd’hui de plus en plus dépendants de son usage, et dans certains domaines il devient incontournable. Mais comme tout le monde le sait, son accès pose de gros problèmes de décence et il est pratiquement inévitable de ne pas tomber sur des visions qui souillent notre âme. A ce titre, il est Métamé èt Hatéhorim, c’est-à-dire qu’il provoque l’impureté chez les purs. (Entre parenthèses, ont été mis en place des filtres avec différents niveaux de protection, qui sans prétendre assurer un écran total , évitent une partie des embûches).
L’autre aspect de ces réseaux est de “purifier les impurs”. De quoi s’agit-il ?
Beaucoup de personnes un peu partout dans le monde ont réalisé, lorsque Internet a commencé à prendre de l’ampleur, qu’il portait le potentiel extraordinaire de pouvoir atteindre des Juifs éloignés et de les ramener à leurs racines. Pour cela se sont ouverts des sites proposant des cours de Torah adaptés à leur niveau, des conférences sur la véracité du judaïsme, des écrits riches en pensée juive, des possibilités de contact, etc. Le besoin était primordial à la fois pour tous ceux qui vivaient géographiquement loin des centres de judaïsme, mais également pour ceux qui habitaient à deux pas d’une synagogue sans la fréquenter et pour qui la décision d’y pénétrer demandait des efforts insurmontables.
Les résultats sont incroyables, et Torah-Box le premier - en avant-garde pour le public francophone - peut témoigner du réveil que le site suscite. Les retours innombrables et enthousiastes démontrent à quel point cette diffusion répondait à un besoin. Internet s’avère être un excellent purificateur, et il est certain que sans l’existence de ce genre de sites, nombreux auraient été ceux perdus pour le judaïsme authentique à tout jamais.
Indirectement, Internet va aussi avoir des répercussions sur le statut des “égarés” au point de vue de la Loi juive. La plupart des décisionnaires considéraient jusqu'à maintenant les juifs éloignés de la Torah comme ayant le statut de Tinok Chéniba’, ces enfants capturés dans leur enfance par des non-juifs et qui ne connaissent rien de leur patrimoine. En effet, ces personnes déconnectées du judaïsme depuis plusieurs générations, n’ont pas véritablement conscience de leurs devoirs religieux. Aujourd’hui, dans la mesure où il existe cette possibilité technique et facile de connaitre son patrimoine par le biais d’Internet, tout juif pourrait dès lors être considéré comme “averti”.
Sommes-nous à l’aube de la Délivrance finale, époque définie par nos Sages comme celle des Koulo Zakay O Koulo ‘Hayav, à savoir celle où chaque Juif fait son choix d’être “méritant” ou au contraire ”coupable” (Sanhédrin 98a) ? En tous les cas, avec Internet on ne peut rester statique : nous sommes propulsés soit vers le haut soit vers le bas - à l’image de la vache rousse qui transformait spirituellement ses utilisateurs - en provoquant des chutes brutales et des réveils inouïs.