En décembre 2018, Yéhochou’a Zvi Hershkowitz est décédé à l'âge de 92 ans. Vous n'avez probablement jamais entendu son nom et c'est exactement ce qu'il voulait. M. Hershkowitz est né en 1925 en Hongrie. Après l'occupation du pays par les Allemands en 1944, il fut déporté à Dachau et y passa l'année suivante, survivant avec de maigres rations de pain et de soupe. Après la libération, il s'est rendu aux États-Unis, a déménagé à Borough Park et s'est marié.
En 1975, il a pris conscience qu'un de ses voisins n’avait presque rien à manger, et il réalisa qu'il devait y avoir bien plus de gens en difficulté, comme son voisin. Ainsi, M. Hershkowitz a fondé Tom’hé Chabbath dans la cuisine de sa maison à Borough Park. Lui et ses amis ont commencé à rassembler les ingrédients des repas traditionnels de Chabbath et à déposer des colis de nourriture en break au domicile de ceux dont ils avaient entendu parler. À partir de ce modeste début, M. Hershkowitz a bâti une organisation qui distribue chaque semaine des repas à 600 familles de la région de Borough Park.
Son concept et son nom ont été rapidement imités. Aujourd'hui, il y a des organisations Tom’hé Chabbath à New York, Boca Raton, Los Angeles, Toronto, Washington, Phoenix, Miami, Anvers, Londres et d'autres villes du monde, ainsi que des dizaines en Israël. Des milliers de familles n'ont à manger que grâce à la vision et au travail acharné d'un survivant qui gagnait sa vie en travaillant au bureau de poste de Brooklyn, mais qui a gagné l'immortalité en étant suffisamment soucieux pour penser aux gens en difficulté autour de lui.
Sa succursale de Tom’hé Chabbath s'est développée à un point tel qu'elle a déployé une flotte de 16 camions pour livrer des colis alimentaires chaque semaine. Il a personnellement recueilli des millions de dollars pour la financer. Il n’était jamais sous les feux de la rampe, ne recevait aucun salaire pour son travail et n'a jamais accepté la reconnaissance publique. En fait, l’annonce nécrologique du New York Times à son sujet a souligné qu'il avait même refusé la prestigieuse sixième montée à la Torah dans sa synagogue. Lorsque le Gabay a essayé de le convaincre de l'accepter, il a répondu : « Je suis désolé, je suis un simple juif ».
De nos jours, trop de gens associent le fait de devenir « viral » à une valeur ajoutée. Ils pensent que plus le nom est reconnu, plus la personne est grande, plus il y a d'amis et de gens qui le suivent sur les réseaux sociaux, plus une personne fait la différence.
Bien que la Paracha Tetsavé commence par Hachem parlant à Moché, plutôt que d'utiliser son nom, elle dit simplement le pronom « et toi ». En effet, c'est la seule Paracha de la Torah depuis l’apparition de Moché dans laquelle son nom n'apparaît pas. Les commentateurs expliquent pourquoi cette omission et pourquoi spécifiquement dans cette Paracha.
Le Ba'al Hatourim explique que lorsque Moché supplie Hachem de pardonner le peuple après leur terrible faute en construisant un veau d'or, il dit : "Efface-moi maintenant de Ton livre que Tu as écrit". Hachem prend Moché au mot et accepte son offre, et, en effet, son nom est effacé de cette Paracha.
Le Rabbi de Loubavitch (Likouté Si’hot v. 21) a une perspective entièrement différente, qui fait totalement tomber notre hypothèse. Il explique que Moché n’est pas du tout manquant de la Paracha ; en fait, il est encore plus présent que d'habitude. Mais où ?
Le Rabbi dit qu’il se trouve dans le tout premier mot « Véata » « Et toi ». Le nom est la façon dont nous sommes connus et la manière dont nous sommes désignés et répertoriés par les autres. Cependant, nous existons avant même d'avoir un nom, avant même que les autres nous étiquettent. Le mot « toi » fait référence à l'essence, au cœur de qui est la personne, bien au-delà du nom par lequel elle est appelée. « Toi » reflète l'âme avec son caractère unique, sa personnalité et la mission pour laquelle elle a été créée. « Toi » est la personne sans intervention des autres et sans besoin d'être identifiée ou reconnue par les autres.
D.ieu Lui-même témoigne que Moché est le plus grand « Anav », la personne la plus humble qui n’ait jamais vécu. Sa vie n'a pas été consacrée à son honneur ou à sa gloire. Elle était consacrée à la mission de réparer le monde d’Hachem, d'aider les gens et de réaliser le potentiel pour lequel il a été créé. Moché a passé sa vie à chercher à accomplir son « toi », et non à promouvoir ou à valoriser son « Moché », son nom ou sa position.
Mark Twain a déclaré : « Les deux jours les plus importants de votre vie sont le jour de votre naissance et le jour où vous découvrez pourquoi. » Nous avons chacun une mission ; nous sommes nés dans un but. Nous avons chacun des talents, des compétences et des atouts qui peuvent faire la différence. Nous ne sommes pas nés avec eux simplement pour avoir une maison ou une voiture plus agréable, pour boire une bouteille de vin plus chère ou pour profiter du plus grand nombre de chaînes de télévision. Nous sommes ici pour faire une différence, pour compter, non pas pour que notre nom soit illuminé, mais pour que notre essence fasse la différence qu'elle était censée faire.
George Eliot a dit un jour : « Il n'est jamais trop tard pour être ce que vous auriez pu être. »
Ne sois pas seulement un nom pour les autres ; sois un « toi » pour réaliser ton vrai « moi ». Détermine quelle différence tu peux faire, et fonce. Ne sois pas simplement ce que tu aurais pu être. Sois ce que tu es toujours censé être.
Rabbi Efrem Goldberg