Il y a quelques jours, mon jeune fils était allongé sur le canapé en pleine journée. Ma femme lui demanda ce qui n'allait pas, et il répondit qu'il ne se sentait pas bien. Elle lui demanda : « Qu'y a-t-il ? » Et il répondit : « Je pense que j'ai le Kavanavirus. »
Baroukh Hachem, il va très bien, mais il a peut-être visé juste. Parmi les nombreux efforts, initiatives et précautions que nous prenons actuellement, si nous voulons vaincre le coronavirus, nous devons propager le Kavanavirus, afin qu'il devienne « viral ».
Les experts nous guident sur la clé du succès : le ralentissement de la propagation de ce virus passe par la distanciation sociale, un terme et une pratique qui devraient constituer un anathème pour nous. Nous tirons généralement nos forces de la camaraderie et de l'unité, et pourtant, en cette période exceptionnelle, le meilleur moyen de montrer que nous sommes ensemble est de rester à l'écart.
Pendant que nous prenons nos distances, D.ieu rompt la mise en quarantaine partout. Dans de tels moments et crises comme ceux-ci, un choix s'offre à nous. Nous pouvons nous focaliser sur cet horrible virus, sur ceux qu'il a frappé, et nous demander : « Où est D.ieu ? » ou nous pouvons observer comment nous réagissons collectivement, garder un œil sur les choses extraordinaires qui se produisent, et Le trouver partout.
Hachem se retrouve chez Ses anges héroïques, les médecins, infirmières et personnel soignant qui soignent les malades dans les hôpitaux et les maisons de retraite. On Le trouve par le biais des réseaux de bénévoles, Ses anges qui désirent veiller sur les personnes confinées à domicile et livrer des courses aux vulnérables. Vous pouvez Le voir par la générosité de ces anges qui puisent dans leurs propres économies pour s'assurer que ceux qui sont le plus touchés peuvent continuer à être sains et saufs et bien traités.
Ces actes de bonté, cette attitude de coopération et de collaboration, ces gestes d'altruisme sont en effet des expressions du Divin, provenant de l'esprit d'Hachem que l'on trouve en chacun d'entre nous.
D.ieu se trouve dans les bénédictions qu'Il continue à nous octroyer, même dans cette période difficile. On peut Le trouver par le biais de la technologie qui nous permet de rester en contact, de communiquer par vidéoconférence dans le monde entier. On peut le trouver par les applications, les sites Internet et les e-mails qui nous donnent la force de continuer à étudier la Torah et à prier ensemble, chanter ensemble, préparer Chabbath ensemble et apprendre à préparer Pessa'h ensemble.
Ne faites pas d'erreur, même au cours de cette épidémie, Hachem peut se trouver dans le lever et le coucher du soleil, dans les beaux arbres et les belles plantes, dans les fonctions ordinaires et complexes du corps humain.
En effet, Hachem peut se retrouver littéralement dans chaque respiration que nous prenons. Le Livre des Téhilim s'achève sur le verset : Kol Hanéchama Téhalel Ka, chaque âme doit louer Hachem. Nos maîtres (dans le Midrach Rabba) affirment : ne lisez pas Kol Hanéchama, chaque âme, mais Kol Hanéchima, à chaque respiration, nous devons louer D.ieu.
Rabbi 'Haïm Kanievsky, dans son Ta'ama Dékra, explique que tant qu'un homme a de l'air dans les poumons, tant que nous pouvons parler, nous ne devons cesser de reconnaître Hachem partout, et Le louer continuellement.
À ce sujet, le 'Hatam Sofer a une belle explication, particulièrement appropriée. Il dit que Kol Hanéchima signifie que l'on doit non seulement louer Hachem à chaque respiration, mais en raison de chaque inspiration que nous prenons. Un individu en bonne santé respire entre 12 et 20 fois par minute et n'y pense pas même une fois. Respirer est une action naturelle et automatique. Nous la prenons pour acquise, et n'attendons pas la prochaine inspiration, nous n'y pensons même pas. Or, il y a d'innombrables facteurs, des mécanismes complexes nécessaires à chaque inspiration.
Le coronavirus attaque le système respiratoire, il alourdit la respiration de ceux qui en souffrent, contraignant certains à être placés sous respirateur.
Ce virus doit nous rappeler qu'il n'y a rien d'ordinaire ou de prévisible en ce qui concerne la respiration. Nous n'avons pas droit à ce beau cadeau et cette bénédiction, et donc, Kol Hanéchima, à chaque inspiration, nous devons reconnaître, remercier et louer Hachem. D.ieu n'est pas en quarantaine ; Il ne s'est pas mis à l'écart de nous. En réalité, on peut Le trouver tout autour de nous, au travers de Ses anges, par le biais des bénédictions que nous recevons et par chacune des respirations que nous prenons.
Prendre nos distances sur le plan physique est certes une nécessité pour nous protéger, mais nous rapprocher de Hachem à cette période est ce dont nous avons besoin non seulement pour survivre, mais également pour nous épanouir sur le plan spirituel. Hachem ne se met pas en quarantaine, Il n'a jamais besoin de combinaison de protection et se trouver dans Sa proximité ne constitue ni une menace, ni un danger. Vous pouvez non seulement serrer Sa main, mais également vous appuyer pour ressentir Sa présence, accueillir Son étreinte.
Alors que nous œuvrons pour éradiquer le coronavirus, travaillons dur pour propager le Kavanavirus, par des efforts concertés pour faire attention à Hachem tout autour de nous, en nous et au travers de nous. Devenons Ses anges pour aider les autres, marquons une pause pour Le remercier pour les bénédictions que nous avons toujours et prions avec toute notre concentration afin qu'Il accorde une bonne santé à chacun d'entre nous.
Rabbi Efrem Goldberg