D.ieu a créé plusieurs mondes. Ne vous emballez pas. On ne parle pas de mondes matériels peuplés de petits hommes verts. On parle de mondes spirituels. Si on voulait rester dans le champs lexical de la science fiction, on pourrait parler de différentes dimensions, de différentes manières d'appréhender la réalité.
Expliquons nous. Comme on le sait, D.ieu pour créer les mondes opéra ce qu’on appelle un Tsimtsoum, une rétractation de Sa lumière afin de laisser la place à autre chose que Lui. En d’autres termes, ce Tsimtsoum permet aux créatures d’avoir conscience d’elles mêmes. Cette conscience de soi des créatures, appelée Ichout, à plusieurs niveaux d'intensité. C’est ce qu’on appelle les mondes. Il sont aux nombre de quatre : Atsilout, Bria, Yétsira et Assiya.
Dans chacunes de ces dimensions, plan de la création, les créatures seront plus ou moins annulées au divin. Tout ceci vous semble probablement un peu abscons. Je comprends. Prenons des exemples concrets, liés aux différents niveaux du service de D.ieu, notre rapport au divin tel qu’ils sont définis dans le Tania, oeuvre de référence de la ‘Hasidout.
Le Tsadik, est celui qui par son travail a pu annihiler ses pulsions animales et les transformer. Il a annulé son ego pour n’être plus qu’un vecteur de la volonté divine. Sa manière d’appréhender le monde est celle d’Atsilout, le premier monde, le monde de l’émanation, de pur dévoilement du divin. Si l’on peut dire, il voit le monde des yeux de D.ieu Ce que nous, nous croyons, ce en quoi nous avons foi, que tout est Dieu, que tout est pour le bien, lui le voit. C’est pour cela par exemple qu’il est écrit que pour certaines âmes comme Rabbi Chimon, le Temple n’a jamais été détruit. Son rapport à D.ieu n’est pas gêné par l’obscurité de l’exil.
C’est aussi pour cela aussi que l’Admour Hazakène, sur son lit de mort, dit à son petit fils qu’il ne voyait plus la poutre au plafond mais bien le verbe divin qui la créait. Bref, vivre dans le monde d’Atsilout, c’est être totalement annulé au divin, avoir complètement annulé son égo pour ne laisser passer en soi que la Lumière de D.ieu.
A contrario, le monde de Assiya, le dernier des quatre mondes sera celui de la conscience de soi la plus intense. Il est la source de notre monde matériel. Un monde où le divin est tellement occulté qu’on peut même nier Son existence !
Dans ce monde, cette perception de la réalité, le mal est partout présent, on y succombe parfois et l’on doit se battre constamment pour y percevoir la lumière divine. C’est à ce niveau de conscience que vivent la plupart d'entre nous.
Les mondes intermédiaires s’appellent Bria et Yétsira.
Le monde de Bria, c’est celui de ce que Tania appelle le Tsadik Vé Ra Lo (littéralement un juste qui a du mal en lui). Il s’agit d’un Tsadik qui n’a pas encore transformé totalement tout le mal de son âme vitale et sa conscience de soi. Pourtant, ce mal est annulé face à l’intensité du Bien de son âme, tout comme la goutte de lait est annulée dans 60 fois son volume de viande. C’est pour cela que l’on dit que dans le monde de Bria c’est le bien et la sainteté qui y brillent en majorité.
Enfin, dans le monde de Yétsira, on dira que le bien et le mal s’équivalent. C’est la dimension de ce que le Tania appelle le Bénoni. Un Juif qui, même si il n’a pas comme le Tsadik, annulé, transformé son âme animale, ne faute jamais et gagne constamment le combat contre le mauvais penchant. Le mal est puissant mais le Bénoni ne lui laisse jamais prendre le pas. C’est la dimension de Yétsira, le bien et le mal s’affrontent à armes égales.
En résumé, les mondes sont des niveaux spirituels de perception du divin. Plus l’on descend, plus l’occultation est forte. Ce n’est que lorsque Machia’h se dévoilera que le monde d’Atsilout sera la seule et unique réalité !