La Torah est-elle le moyen d’arriver au bonheur ?
Pour y répondre, il faudrait déjà savoir ce qu’est le bonheur : la santé, l’argent, la gloire, l’harmonie dans le couple, des enfants bien éduqués… ?
Pourtant, il est évident que si une personne possède toutes ces choses, mais que pour une raison ou pour une autre, elle n’en profite pas, elle serait malheureuse ; et à l’inverse, si une personne n’avait rien de tout cela, mais que pour une raison ou pour une autre, elle se sente en harmonie avec elle-même, il serait possible de la définir comme étant heureuse.
La raison est que tous ces avantages favorisent l’obtention du bonheur, mais ils ne sont pas le bonheur eux-mêmes, car le bonheur se trouve en l’Homme. Tous ces plaisirs que le monde offre ne sont pas réellement la raison du bonheur d’une personne, mais ils créent en elle des sensations de bonheur. Une virée en plein océan à bord d’un somptueux yacht n’a aucune valeur si lors du voyage, la personne est préoccupée par son contrôle fiscal, bien que les conditions matérielles du bonheur soient effectivement présentes. Et à l’inverse, une petite balade le long du pâté de maison, en toute simplicité avec sa famille, peut s’avérer aussi revitalisante qu’une virée en yacht…
D’après ces exemples, la personne la plus durablement heureuse est celle qui sait créer en elle ces sensations de bonheur sans avoir besoin de « causes extérieures ». Cet individu sera maître de son bonheur.
Quelle est la formule du bonheur ?
Si nous arrivons à saisir de quelle manière les sentiments de bonheur se créent en nous suite aux stimuli extérieurs, nous pourrions peut-être reproduire le mécanisme, sans être soumis à ces circonstances. Y a-t-il un point commun à « tous les bonheurs » ? Celui qui vient de l’argent, celui qui vient de la réussite, celui qui vient de la naissance d’un enfant ?
Si l’on observe bien, on trouvera que tout les gens sont en réalité heureux (comblés) pour la même raison : ils ont obtenu quelque chose qui leur manquait.
Un homme bienheureux de la naissance de son fils est en réalité heureux d’avoir obtenu « quelque chose » qu’il espérait tant, une chose pour laquelle il a patienté de long mois, parfois même de longues années. Pour preuve, quelques six mois après la naissance de son fils, ce n’est plus la même joie qui l’enchante, bien qu’il s’agisse toujours du même enfant. Si la joie était due à l’enfant, il n’y aurait pas de raison pour qu’elle s'atténue de la sensation du premier jour… Mais étant donné que la joie lui provenait de la satisfaction du manque d’avoir l’enfant (et non de l’enfant lui-même), une fois que son enfant est bien là, il n’y a plus de « satisfaction du manque » ressentie.
C’est en réalité l’explication que nous donnent les Sages, lorsqu’ils nous disent que la passion de l’argent ne se rassasie jamais. « Il a cent, il voudra deux cents » car une fois les premiers “cent” acquis, l’Homme nourrit ce besoin de satisfaire à nouveau son manque, pour de nouveau ressentir cette jouissance du manque comblé.
Il va de soi que plus la sensation de manque est profonde en l’Homme, plus sa satisfaction est source de bonheur. Si nous arrivions à trouver en nous la plus grande source de manque, en la comblant, nous accéderions au bonheur suprême.
Qu’est-ce qu’un manque ?
Un manque est la sensation qu’une chose doit être d’une certaine manière et qu’elle ne l’est pas. Une chaise sans son quatrième pied est manquante, un homme sans bras est manquant… en revanche, personne ne se sent manquant d’être né sans ailes, or ce serait grandement utile. Ce ne sont pas des choses qui sont intrinsèques à l’Homme, des choses qui lui sont normalement dues. Il en va de même pour l’argent, la gloire : ils ne représentent pas des vrais manques, l’Homme ne naît pas avec et pourrait vivre sans.
Par contre, lorsqu’un Homme vient dans ce monde matériel, il s’éloigne inévitablement de D.ieu, sa source de vie. Il lui manque ce lien naturel qui est à l’origine même de son être. Son état conforme est d’être proche de son Créateur, c’est son élément naturel. Son manque est fondamental à sa personne.
C’est ce qui explique que l’Homme ressent instinctivement de la satisfaction à devenir meilleur, se surpasser dans le bien, aider les autres et au contraire s’attriste et culpabilise lorsqu’il commet des fautes, le rendant à ses yeux médiocre. Car en devenant meilleur, il comble le pénible manque qui le sépare de son Créateur Bon et Parfait. Il s’approche de Lui, en Lui ressemblant et satisfait le manque qui le tourmente. C’est ce qui est inscrit instinctivement en l’Homme, servir son Créateur pour atteindre son propre bonheur.
En réalisant les commandements de D.ieu, qui ont pour but de nous rapprocher de Lui, nous satisferons le manque essentiel qui nous sépare du vrai bonheur. Nous rétablirons en nous ce lien dissous qui est la cause de tous nos maux, la trame de toutes nos recherches. C’est pourquoi la Torah représente la manière la plus directe d’atteindre le bonheur suprême.