Le décès d’un jeune Baal Téchouva qui étudiait dans une Yéchiva de Bné Brak depuis un an bouleversa toute l’équipe de la Yéchiva. Il s’agissait d’un jeune qui avait courageusement tracé sa voie aux antipodes du mode de vie de sa famille et s’était remarquablement élevé dans les degrés de la Torah, progression qu’une maladie foudroyante interrompit brutalement.
Le personnel de la Yéchiva appréhendait la réaction de ses proches auxquels ils s’apprêtaient à rendre visite. Il s’agissait vraisemblablement de gens qui seraient loin d’avoir une vision juste des choses et d’accepter le décret divin avec amour sinon résignation. Ne risquaient-ils pas, sous l’effet de la douleur, de leur assener des questions difficiles du genre : « Pourquoi est-il mort après avoir fait Téchouva ? Hachem n’aime-t-Il pas ceux qui pratiquent Ses Mitsvot ? »
Aussi, avant d’aller réconforter les endeuillés, il fut décidé de prendre conseil auprès de Rabbi ’Haïm Kanievsky. Celui-ci suggéra aux responsables de la Yéchiva de dire aux proches du jeune homme u’il avait sans doute été décrété qu’il meure un an plus tôt, mais que, dans le Ciel, on avait voulu lui accorder le mérite de faire Téchouva avant sa mort.
Non sans appréhension, les membres de l’équipe allèrent accomplir leur devoir auprès des endeuillés. Qui sait si les proches du disparu allaient parvenir à comprendre et accepter la profondeur de cette réponse…
Leurs craintes étaient bien justifiées, puisqu’à peine le seuil franchi, ils furent assaillis parles accusations pleines de douleur des membres de la famille endeuillée. Les Rabbanim de la Yéchiva prirent leur courage à deux mains et relayèrent avec tact le message du Rav Kanievsky.
C’est alors que la mère du jeune homme, qui avait jusque-là pleuré en silence, se leva pour prendre la parole : « C’est vrai ! s’écria-t-elle, visiblement très émue. Il aurait vraiment dû mourir il y a un an ! » Elle s’expliqua ensuite : « Peu de temps avant sa Téchouva, il était en route pour une dangereuse mission militaire lorsque le tank dans lequel il se trouvait explosa sur une mine. Il fut le seul de tous les passagers qui ne perdit pas la vie. Il était alors évident qu’il aurait dû mourir, mais que, du Ciel, on l’avait miraculeusement protégé ! Je comprends à présent que cela est arrivé afin de lui donner le temps de faire Téchouva et de se purifier avant sa mort… »
Les paroles pleines d’émotion de la femme affligée produisirent un puissant effet sur tous ceux qui étaient là. L’ambiance qui régnait dans la pièce changea alors du tout au tout ; l’hostilité fit place à la Emouna, au respect des grands en Torah et à une soumission inconditionnelle au jugement divin.