Baba Salé avait l’habitude d’organiser des repas dont personne ne comprenait la signification. L’un de ces repas eut lieu lorsqu’il eut dépassé l’âge de son père. Pour ce repas, il fit appeler Rav Mordékhaï Eliahou.

Lorsqu’on l’appela, ce dernier refusa de venir du fait qu’à cette époque il était endeuillé et qu’il ne voulait pas participer à un repas. « Je suis désolé, dit le Rav aux envoyés, je ne peux pas, je suis dans l’année de deuil de ma mère. Il m’est interdit de participer à une réjouissance. » Les envoyés lui dirent : « Si tu ne viens pas de ton plein gré, nous te prendrons de force. » Voyant qu’il n’avait pas le choix, le Rav partit avec eux.

Lorsque le Rav arriva chez Baba Salé, il entra, regarda autour de lui, et vit que tout le monde était joyeux, buvait de l’Arak, alors que lui était triste. « Viens t’asseoir à côté de moi », lui fit signe Baba Salé. Le Rav s’installa à sa droite. Baba Salé prit un concombre, l’éplucha avec son couteau et le donna dans la main du Rav. Il lui dit : « Je sais que tu ne manges pas dans les ustensiles des autres, voilà je te l’ai épluché pour toi, avec mon couteau. »

 

Soudain, trois policiers entrèrent dans la pièce. « Le Rav Mordékhaï Eliahou est là ? », demandèrent-ils, « qui est-ce ? » Baba Salé leur répondit : « Venez, le voici. Racontez-lui pourquoi vous êtes là ! »

C’est ce qu’ils firent. Il s’avéra que ce jour-là, un jugement s’était tenu pour un homme refusant de donner le Guèt, et le tribunal avait tranché de le mettre en prison. Cet homme n’accepta pas le jugement, alla dans les maisons de tous les juges et les frappa très durement l’un après l’autre. Lorsqu’il arriva à la maison du Rav Mordekhaï Eliahou, il ne le trouva pas car Baba Salé l’avait fait appeler pour le repas.

Baba Salé regarda le Rav et lui dit : « Alors, tu croyais vraiment que je t’appelais sans raison pendant l’année de deuil ? Ne penses-tu pas que ta mère au ciel n’est pas heureuse que tu sois là ?! »...