Pourquoi certaines personnes vivent-elles un "judaïsme bipolaire" ? Comment arriver à vivre une vraie vie de Torah, dans laquelle on n'a jamais l'impression d'être privé, ou le sentiment d'être frustré ? Réponse à travers des propos du Maharil Diskin et de Rav Chemouel de Salant sur un passage de Méguilat Ruth, et plusieurs histoires. 

 

Un jour, le Tséma'h Tsédek (troisième Rabbi de Loubavitch) a vu un homme habillé en veste courte (de costume), alors que d'habitude, cet homme s'habillait toujours en 'hassid (avec, entre autres, une veste longue). Il ne portait la veste courte que lorsqu'il travaillait avec des non-juifs. L'homme a dit au Rav  "J'en avait marre d'être hypocrite". Le Rav a répondu : "Jusqu'à maintenant, je pensais que tu étais hypocrite envers les goyim. Maintenant, je vois que tu l'étais envers moi".
 
Un homme n'est pas obligé de s'habiller en veste longue (comme celle des 'hassidim). Mais s'il la mettait et qu'il l'a enlevée, ça montre un problème. De même pour la barbe : il est moins grave de ne l'avoir jamais laissé pousser que de la raser alors qu'on l'avait depuis des années.
 
Dans l'histoire, l'homme qui a enlevé son habit de hassid pour mettre un habit plus proche de celui des non-juifs a montré qu'il s'identifiait plus à eux qu'aux Juifs.
 
Lorsqu'on rapproche une personne de la Torah, on ne commence pas par lui enseigner directement les mitsvot les plus difficiles. On lui apprend des lois faciles à appliquer, et qui lui donneront peut-être envie de continuer à progresser.
 
Pourtant, dans un commentaire sur Méguilat Routh, nous voyons que lorsque Routh a voulu devenir juive, Naomi lui a dit : "Les Juifs ne vont pas au cirque et au théâtre. Ils ne se divertissent pas comme les non-juifs". Autrement dit, elle lui a parlé de lois qui ne sont pas les plus faciles à appliquer. Pourquoi ?
 
Dans la vie, certaines personnes sont capables de ne pas respecter telle ou telle mitsva pendant des années, sous prétexte de : "Je suis un Baal téchouva. C'est trop difficile pour moi ! Je ne suis pas encore au niveau !". D'autres Baalé téchouva, au contraire, ont tellement sincèrement progressé depuis qu'ils ont connu la Torah qu'en très peu de temps, on ne voit plus du tout qu'ils sont Baalé téchouva. Ils sont tellement dans la Torah qu'on dirait qu'ils y ont toujours été.
 
Une personne est pleinement dans la Torah lorsqu'elle trouve son bonheur dedans. Si elle a 'hass véchalom besoin d'aller le chercher ailleurs (dans le monde goy), c'est qu'elle est encore au stade de Baal téchouva.
 
Un homme peut avoir fait téchouva depuis des années, avoir étudié la Torah pendant des années, et ne pas savoir que la Torah n'est pas une source de privation, mais au contraire de bonheur. Et c'est vraiment dommage, car la Torah n'est pas là pour étouffer ou priver. On peut (et on doit) trouver notre bonheur en elle.
 
Ceux qui pratiquent la Torah par obligation mais cherchent leur bonheur ailleurs sont vraiment à plaindre car ils vivent un "judaïsme bipolaire", une double vie dans laquelle ils souffrent et ne sont pas heureux. Et ceux qui, au contraire, trouvent leur bonheur dans la Torah savent qu'ils ne sont pas du tout obligés de la transgresser pour profiter. Au contraire : ils profitent réellement et durablement (sans passer par les avérot dont le profit est illusoire et très éphémère).
 
Retranscription : Léa Marciano 

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